OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La veille comme art de vivre du futur http://owni.fr/2011/07/26/la-veille-comme-art-de-vivre-du-futur/ http://owni.fr/2011/07/26/la-veille-comme-art-de-vivre-du-futur/#comments Tue, 26 Jul 2011 06:29:36 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=74635 LEGO chasseVoici un article qui a été publié dans l’excellent ebook : Regards croisés sur la veille (sur le blog du modérateur), qui fait intervenir plein de spécialistes pros du digital (et moi-même). Un article prospectif qui m’a donné l’occasion de poser toutes les idées concernant l’évolution de la veille digitale. Vous excuserez la longueur, cet article est fait pour être lu sur papier ou tablette.
« Touff de la tribu des Görzg grimpa sur une colline. Trois jours que sa tribu et lui n’avaient rien mangé. Tous les matins, les chasseurs partaient explorer la région avec de grands cris mais revenaient bredouilles chaque soir sous les lamentations des femmes et les pleurs des enfants. Mais Touff avait décidé de changer de stratégie. Assis en haut de son promontoire, il observait l’horizon. Soudain il vit les cercles aériens décrits par les vautours fauves. En courant, il  se dirigea vers l’origine de cette agitation aérienne : un cadavre de jeune gazelle encore frais. Il effraya les vautours à grands cris et mouvements de lance, puis récupéra l’animal mort. Ce soir la tribu ne mourra pas de faim. »
– Histoire naturelle des peuples Zhürg, tome 4 –
L’humain possède une curiosité extraordinaire ainsi qu’une faculté d’adaptation formidable. Plus que les autres animaux, ce sont ces deux qualités (et ses pouces opposables) qui lui ont permis de survivre et de se développer sur la planète. La curiosité lui a permis de se mettre debout pour voir plus loin. En voyant plus loin, il a a pu repérer les prédateurs et ses proies. Cette leçon s’est gravée dans ses gènes :

Information = survie

Et cette leçon primordiale a accompagné l’être humain pendant des millénaires. Les grandes civilisations faisant circuler l’information et le savoir, pendant que les dictatures et autocraties essaient de les contenir. L’information est devenue encore plus porteuse de notions de richesse. Information = pouvoir. Information = liberté.

Et puis, la civilisation s’est confrontée à des territoires d’un genre nouveau : les territoires digitaux. L’être humain a dû muter pour s’adapter à Internet. Il est encore en pleine transformation. Et ce n’est pas terminé.

L’homme veille sans le savoir, une question d’adaptation

L’homme s’est transformé en même temps qu’internet envahissait sa vie. Il s’est en effet retrouvé petit à petit noyé dans de l’information brute ou transformée. Car sur Internet, tout y est information ou données, que ce soient les textes, les images, les vidéos, ou les agrégats protéiformes que ces différents éléments peuvent composer.

L’homme a donc petit à petit créé des stratégies opérationnelles pour « survivre » dans l’environnement informationnel digital. Ses stratégies pouvant aller de la sélection fine de sa page de démarrage de navigateur jusqu’à l’ajout d’un filtre anti-spam pour ses e-mails en passant par une gestion plus ou moins fine de ses bookmarks. Une adaptation progressive qui s’est accompagnée par la construction de stratégies mentales souvent inconscientes.

Cette nécessité de veiller (c’est-à-dire l’action de recherche active ou passive d’informations sur Internet) fait ainsi partie de ces nouveaux comportements produits par l’immersion dans les territoires digitaux.

Et aujourd’hui tout le monde veille sur Internet. Que vous utilisiez LinkedIn, Facebook ou Foursquare, que vous regardiez les statuts ou la localisation de vos amis, vous faites de la veille. Googler est devenu un acte naturel et l’on n’y associe même plus la notion d’égocentrisme que ce comportement sous-tend car c’est de la veille, et donc une adaptation normale à l’environnement digital.

La veille s’est donc immiscée dans notre quotidien mais jusqu’où ?

L’entreprise initiatrice de ce comportement

Les entreprises ont été les premières à comprendre (au début des années 2000 pour les plus prévoyantes) qu’il était indispensable de faire de la veille permanente sur Internet. Ce terme « veille » (e-veille, veille digitale, data-monitoring, etc.) a en effet commencé à être utilisé au début des années 2000 pour surveiller les sociétés et les marques implantées sur Internet. Au début, elles ne faisaient que de la veille sectorielle, technologique et éventuellement concurrentielle (intelligence économique), mais petit à petit, elles ont associé cette veille à leur gestion de crise, et depuis peu à leur communication et marketing.

Dix ans après, la veille est devenue une obligation pour les entreprises et les marques qui veulent se développer, quelle que soit leur taille, du boulanger à la multinationale. Ces entreprises comprennent d’ailleurs aujourd’hui  que la veille n’est plus forcément un poste à externaliser mais qu’il peut être plus qu’économique de l’internaliser et de créer un nouveau poste dédié au sein de l’entreprise. La veille étant reconnue comme l’un des axes de développement de l’entreprise (amélioration des produits et services, SAV, e-reputation, ressort d’innovation).

Pour les entreprises et les individus la veille est donc aujourd’hui un comportement acquis qui ne va pas s’arrêter de sitôt.

Un futur de données partout, tout le temps et une adaptation physique inéluctable

Que ce soit pour les entreprises ou les individus, cette e-veille permanente n’est donc que notre adaptation à cette nouvelle ère : l’ère de l’information. Car même si l’on n’en parle pas à la TV, nous sommes définitivement entrés dans ce que certains appellent « la 3ème révolution industrielle » (ou encore « révolution informationnelle ») qui décrit le passage actuel d’une société à dominante commerciale et industrielle à une société de vente, d’échange et de partage d’informations.

L’information devient donc la valeur dominante sur Internet. Mais en dehors de notre adaptation comportementale, nous allons également nous adapter physiquement à cette ère de l’information.

Ainsi, nous utilisons dès aujourd’hui couramment des extensions cybernétiques pour accéder ou échanger des informations. Non, n’imaginez pas forcément des implants cybernétiques branchés à votre cortex cérébrale mais plutôt un smartphone, ou encore un GPS de voiture (lisez donc « Nous sommes tous des cyborgs »). Voilà des outils, des extensions physiques existantes qui nous permettent de transformer des informations virtuelles en données physiques. De véritables senseurs de données indispensables pour traiter le flot de données qui va bientôt nous envahir.

Veiller quoi ? La nouvelle typologie des datas

Dans quelques années, il y aura des informations partout et tout le temps.

Une prévision facile à anticiper, quand les initiatives open data et link data auront montré leur utilité (grâce à des gens comme Tim Berners Lee [en]), quand Internet sera devenu sémantique (via XML, la norme RDF (Ressources Description Framework) qui qualifie les métadonnées ou le langage OWL (Web Ontology Language).

Ces données seront omniprésentes (pour les aspects dangereux, lisez « Data marketing contre l’humanité »). Mais on peut dès à présent les organiser en fonction de leur proximité avec soi-même :

  • Les données concernant notre intimité : qui rentre dans notre sphère privée ? Qui parle de nous ? Qui nous recherche ? Quelles sont nos informations visibles sur les territoires digitaux ? Notre image renvoyée sur Internet est-elle satisfaisante ? Certains services nous permettront de récupérer tous les avis sur soi (les paranoïaques vont se régaler avec www.whatiswrongwith.me [en] un service permettant de récupérer les avis anonymes sur vous).
  • Les données concernant notre cercle de relations intimes ou passionnelles : famille et amis proches. Mais aussi les gens que l’on peut détester – oui vous irez bientôt le plus naturellement du monde stalker vos haters (si vous ne le faites pas déjà). Ces données pouvant aller de la localisation géographique, à leurs statuts, leurs anniversaires, les évènements auxquels ils participent, ou encore leurs situations personnelles et professionnelles.
  • Les données concernant nos centres d’intérêts, nos passions (sport, jeux, musique, média, etc.) ou croyances (politiques, sociales, religieuses, etc.). Qui a gagné le championnat de France de football ? Qu’a dit quel politicien aujourd’hui ? Quelles sont les dates de concert de mon chanteur préféré ?
  • Notre environnement physique proche : la météo, les horaires d’un spectacle, les lieux géographiques intéressants, des aides à la consommation immédiate qui nous sont proposées (BR, offres spéciales), etc.
  • Mais aussi les lieux fréquentés par soi ou sa famille (lycée, collège, ville, région,… ) ou encore les gens que l’on connaît (amis de classe, dirigeants, …), les informations sur les cercles que l’on croise ou auxquels on appartient (associations, clubs, syndicats,… ).
  • Et enfin l’environnement plus lointain : se passe-t-il quelque chose d’important dans le monde ? Dans tel domaine de la science ?

Conclusion : 2012, prélude à l’homo-digitalus

Pour gérer toute cette information, réactualisée en permanence, il va être nécessaire d’inventer de nouvelles interfaces, des extensions cybernétiques indispensables pour manipuler, traiter, échanger ces données en temps réel.

La veille va devenir vitale pour l’être humain, car sans ces données, point de salut. Vous ne pourrez pas vous intégrer dans une société ultra-connectée. L’homo-digitalus, the wired man sera connecté ou désocialisé. Il ne s’agira plus de se demander pourquoi veiller, mais comment veiller le plus efficacement possible, comment s’y retrouver dans ce déferlement d’informations en tout genre, comment avoir l’information la plus juste, la plus fraîche.

Autour de ces nouveaux enjeux, la société va changer. Elle a déjà entamé sa transformation. Le fameux FOMO (Fear of Missing Out), aujourd’hui réservé aux ultra-connectés ou ultra-sociaux,  va devenir une crainte « grand public ». Certains ultra-connectés (jeunes ou pas) ne peuvent déjà plus quitter leur téléphone mobile sans se retrouver perdus, sans vie sociale (lire à ce propos l’étude Express InfoLab : Without information are we nothing ? [en]). Quant aux entreprises, ce sont celles qui recherchent, gèrent et font transiter les informations qui sont déjà les plus puissantes de la planète (Google, Microsoft, Apple et Facebook).

Donc l’être humain va changer et muter, qu’il le veuille ou non. Il deviendra détecteur, filtre ou créateur d’information permanente.

Autant s’y mettre tout de suite non ?

(en attendant, vous pouvez récupérer gratuitement l’ebook Regards croisés sur la veille ici).

Billet initialement publié sur le blog de Cyroul sous le titre « Demain tous veilleurs : la veille comme art de vivre du futur »

Image CC Flickr PaternitéPartage selon les Conditions Initiales sntgmdmPaternité floodllama, PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales M i x y, Cyroul et ConversationAgent

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Web: on n’a pas tous les jours 20 ans http://owni.fr/2011/01/21/web-on-na-pas-tous-les-jours-20-ans/ http://owni.fr/2011/01/21/web-on-na-pas-tous-les-jours-20-ans/#comments Fri, 21 Jan 2011 07:33:53 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=43198 Certains vous diront qu’Internet a 15 ans, mais dommage pour nos calvities naissantes c’est faux. Le web a 20 ans et Internet est nettement plus vieux. Alors fêtons ça dignement avec ce petit dessin (fait dans le métro – vous m’en excuserez d’avance) censé nous raconter l’histoire simplifiée du web.

Car il faut s’en rappeler, les transformations sociales et culturelles occasionnées par le World Wide Web sont vertigineuses. Imaginez-vous qu’il y a 20 ans, personne n’avait d’adresse e-mail. Il y a 20 ans, les jeux vidéo se jouaient sur des disquettes. Il y a 20 ans, monter une start-up était impensable (il fallait racheter un fond de commerce, reprendre la boutique de papa pour avoir sa boîte). Il y a 20 ans, il suffisait de faire des études pour avoir un métier sérieux (alors qu’aujourd’hui, il vous suffit d’être community manager). Et il y a 20 ans, j’avais des cheveux longs. Il y a 20 ans, la vie était complètement différente… Le web a tout changé. Va-t-il continuer ?

1991: la naissance du World Wide Web

Ce serait Tim Berners-Lee (le boss du W3C) qui aurait inventé le web en 1989, mais le premier véritable site web (Info.cern.ch) a été mis en ligne en 1991. Et c’est en 1993 que le code source du World Wide Web est devenu open (gratuit) et tomba dans le domaine public. Enfin, en 1994/95, Netscape Navigator arriva sur nos bécanes. L’aventure du web commençait et il est intéressant de voir qu’elle est indissociable de l’histoire du partage libre des connaissances.

1992-1995 : un nouveau monde à explorer

Les premiers colons de ce territoire furent les universitaires qui se sont amusés à inventer, créer et tester des concepts analogiques éprouvés, des vieilles théories remises au goût du jour et des idées farfelues. Le résultat fut une foule d’idées et de savoirs qui s’éparpillèrent dans tous les sens, créant des formes nouvelles et inimaginables. On a vu ainsi débarquer (ou renaître) les concepts d’hypermédia, de démocratie virtuelle, de mondes virtuels, etc.

Et puis, les modems se mirent à être accessibles, les fournisseurs d’accès se multiplièrent, et les étudiants, que nous étions à l’époque, purent enfin faire des trucs non-universitaires sur ce support étrange. En peu de temps, les webzines, dignes successeurs des fanzines (car moins coûteux), se multiplièrent (la Rafale, les Ours, la Baguette Virtuelle,etc.). Des sites la plupart du temps sans images, mais où l’on trouvait de l’humour, de la passion, de l’expertise et surtout la liberté d’écrire ce que l’on voulait. La génération cyber naissait…

1996-2000: l’avènement des autoroutes de l’information

Ça y est, la première bannière de publicité a été affichée. Les marques s’intéressèrent alors à Internet, assimilant rapidement ça à un nouveau support média qu’il suffisait de remplir avec de la bannière ou de l’affiliation. D’ailleurs en publicité, on appellera ça du “hors média” jusqu’en 2009. Les marques les plus malignes, elles, développèrent déjà des sites web ou des applications de gestion de comptes (pour les banques). Ce fut une époque de fête pour les agences de développement de sites web, les créateurs de contenus et de contenants.

Marc Andreessen fit la couverture de Time et, d’un seul coup, le monde des affaires s’aperçut qu’on peut faire de l’argent en vendant des trucs immatériels, des “logicielsou “des sites web”,  comme disent les ingénieurs informatiques. Certains businessmen comprirent mal et pensèrent que vendre de l’immatériel, c’est vendre du rien. Alors ils décidèrent de se lancer sur Internet et de vendre du vent.

Cela marcha… un temps. Et on appellera ça ensuite “la bulle Internet” pour bien circonscrire cette crise au territoire virtuel. Seulement, ceux qui ont déclenché cette crise n’avaient rien de virtuels. Qu’ils soient startupers ou investisseurs, c’étaient des chercheurs d’or venus se faire de l’argent sur un Klondike virtuel. Et leurs pelles étaient les dotcoms. De vrais kasskooyes quoi.

2001-2005 : glandeurs et décadences du web

Et puis il y eu comme un couac. Les investisseurs, business angels et autres “Ventres” Capitalists (sic) décidèrent de récupérer leur argent (de vérifier si leurs investissements étaient viables). Aïe ! “Comprenez moi, cher investisseur, mais vacherchertamamieamarseilledotcom, le service de co-voiturage à domicile pour octogénaires marseillaises, ne pourra trouver son point d’équilibre qu’en 2025, moment où la France ne sera composée que de vieux de 80 ans vivant dans le Sud. En attendant, vous allez devoir continuer à nous soutenir.

Bizarrement, la plupart des investisseurs coupèrent les crédits. Et la plupart des boites coulèrent. Que les dotcoms coulent, ce n’était finalement pas très grave (trop de truands en costard pour être sérieux), par contre, c’est tout l’écosystème Internet qui s’écroula d’un seul coup. Beaucoup de projets très intéressants, de concepts révolutionnaires, de talents réunis, ruinés, perdus, éparpillés. La réalité marketing et publicitaire rattrapa Internet : il fallait que ça crache, il fallait du ROI. Ne subsistèrent alors que les campagnes bannières ou les sites e-commerce. Le monde digital devint triste.

Mais encore une fois, c’est le libre qui sauvera le web. Depuis plusieurs années, des passionnés créaient des CMS gratuits et évolutifs permettant à des non-spécialistes de mettre plus facilement à jour leur site web. Ainsi Spip, Joomla, WordPress et les autres provoquèrent l’émergence d’un phénomène inattendu : le blogging.

On savait que les internautes aimaient écrire (ils étaient déjà consommateurs d’IRC via ICQ, et le petit nouveau MSN), mais à ce point ?! Alors le blogging redonna des couleurs au web. Oui il y avait du tout et du n’importe quoi, mais cela signifiait de la diversité, de la création gratuite et surtout de nouvelles idées. Le web revivait.

2006-2010 : entre liberté totale et dictature absolue

2006, le grand public convergea vers le web. Pourquoi pas ? On y trouvait de meilleurs affaires que dans les magasins à côté de chez soi, et on pouvait y discuter, s’engueuler, donner son avis gratuitement, et de façon illimitée. Mieux que la TV ! En plus, Internet c’est gratuit: musique, vidéo, films, livres. Toutes les publicités disaient bien qu’Internet ne coûtait que le prix de son abonnement et qu’après c’était cadeau, alors pourquoi s’en priver ? Donc le grand public ne s’en est pas privé. A lui les mp3, les divx et les vidéos en streaming de Koh-Lanta.

Seulement tout ça n’était pas sans conséquence. D’un seul coup, médias et producteurs de contenus s’aperçurent que les chiffres de vente n’étaient plus aussi bons. Forcément, ce n’était pas de leur faute, mais de celle d’Internet. Il fallait agir ! Après quelques coups de téléphone bien placés, les gouvernements (directement impactés par la crise de l’audiovisuel et des médias qui se prépare) ont agi !

Première étape, désinformation: faire peur en montrant les horribles dangers d’internet. Deuxième étape, répression : punir ceux qui se croient libres. Résultat, filtrage des connexions: les médias vont enfin pouvoir consulter vos données personnelles (et ceux qui vous disent le contraire n’ont pas beaucoup d’imagination).

Mais pendant que les gouvernements tentaient de maîtriser les tuyaux où passe Internet, des sociétés innovantes avaient déjà réussi à créer les tuyaux qu’elles contrôlent. Apple, Google et Facebook (j’aurais pu rajouter Microsoft, Yahoo et quelques autres) savaient déjà ce que les internautes faisaient sur leurs sites. Certes, ces données ne sont pas consultées. Pas encore. Mais ça ne durera pas. Et c’est entièrement légal ! Bon courage pour faire un procès à Facebook le jour où ses investisseurs voudront gagner de l’argent en vendant ou exploitant vos données personnelles. L’internaute sous prétexte d’être sauvé des pédophiles et des pirates va se faire voler sa vie privée. Mais comment faire autrement ? Ce pauvre internaute, bourré de désinformation gouvernementale est la proie idéale pour des marques sans scrupules.

Mais tout n’est pas perdu

Car heureusement le libre n’est pas mort. Et l’on a pu constater l’émergence de nouveaux usages via les principes du libre. Les drôles de mèmes Internet, l’incroyable pouvoir de l’anonymat digital, la peur panique des politiques de la transparence de l’information (via l’affaire WikiLeaks), l’incroyable force du téléchargement en peer-to-peer, et bien d’autres choses encore. L’internaute averti s’est retrouvé capable de réaliser des choses qu’il aurait crues incroyables. Le web est bien le lieu de tous les possibles.

Alors on se retrouve à l’aube de 2011, face à un dilemme. D’un côté laisser les gouvernements et des boîtes comme Facebook gagner la guerre pour un Internet policé et stupide, mais qui rapporte de l’argent, ou de l’autre essayer de suivre la route, moins simple mais plus intéressante de l’Internet libre. C’est ce que j’ai tenté d’illustrer dans ce dessin du métro. Quelle route allons-nous choisir ?

Personnellement j’ai choisi. Car comme l’histoire du web nous l’a appris: suivre uniquement la voix de l’argent ne peut que tuer les potentialités du web. Vous n’êtes pas d’accord ?


Article initialement publié sur Cyroul, sous le titre “Bientôt 20 ans de web”

Illustrations: Bailey Weaver, Cyroul (CC), Archives nationales américaines, Tom Margie (CC FlickR)

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La guerre de l’identité a commencé http://owni.fr/2011/01/04/la-guerre-de-lidentite-a-commence/ http://owni.fr/2011/01/04/la-guerre-de-lidentite-a-commence/#comments Tue, 04 Jan 2011 15:01:24 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=41095 Mon nouveau nom est Nostradarabanne. Il y a 3 ans, je prédisais la guerre Google / Yahoo / Microsoft. Il y a 2 ans, la guerre Myspace / Google / Facebook. Et bien je me trompais à peine. En fait, ils vont tous faire la guerre pour votre identifiant unique. Et les hostilités ont été lancées ce mois-ci par Philippe-Auguste Google et Jean-Marc Facebook. Gageons que cette guerre va s’étendre à tous les acteurs de l’identité numérique. Et ils sont nombreux. L’internet lui-même résistera-t-il à cette folie ?

Alors pourquoi cette guerre ? Comment ? Quelles sont les conséquences pour les internautes ? Vous le saurez dans cet article rédigé par notre correspondant digital : Bernard Henry Cyroul.

Prends ça, Google ! Et toc, facebook !

Tout  a commencé en Aout, par la montée de la pression de Google / Verizon concernant la neutralité du net. Car on parle beaucoup de net-neutralité pour dénoncer la surveillance de l’état, mais on oublie que les grands géants américains peuvent regarder vos données privées sans forcément risquer quoique ce soit (de toutes façons, vous ne le saurez pas). Google, voulant imposer l’idée de net-neutralité au Congrès, s’est vu confronté à un Facebook sans philosophie, à part celle du profit.

Ensuite se sont multiplié les escarmouches de plus en plus violentes. Réponse de Facebook : nous ne voulons pas ouvrir notre API pour permettre aux acteurs d’Internet d’utiliser “nos” bases contacts (et oui, pauvre internaute, les infos que tu as mis sur FB ne sont plus à toi). Réponse de Google : et bien dans ce cas, vous n’avez plus le droit d’utiliser notre API permettant de récupérer votre carnet d’adresse Gmail sur Facebook. Réponse de Facebook : et bien on va tricher alors.

Ces passes d’arme annonçaient la suite : le lancement en grande pompe de Facebook mail, outil de consultation d’e-mail sur FB. On se pose alors la question : Facebook Messages attaque-t’il le Gmail de Google ou celui de Microsoft : hotmail ?

La guerre des carnets d’adresse est déclarée

Est-ce une guerre idéologique ? D’un côté, un Google voulant protéger les données personnelles de l’ingérence et de l’autre un Facebook voulant les garder pour lui ? Non, la réalité est plus triste que ça. Il s’agit d’une guerre des carnets d’adresse. Car ce qui est encore plus intéressant que vos photos de vacances où vous êtes saouls, ce sont vos contacts et leurs adresses e-mail. Un profil simple n’intéresse par ces entreprise. Mais un profil de 150 “amis” devient beaucoup plus profitable. Facebook a construit sa valorisation sur cette notion de “réseau personnel profitable”.

Google ne l’avait pas compris (ou ça ne l’intéressait pas). Il y avait bien Google Profile, mais il ne servait pas à grand chose (une sorte d’agrégateur mélangé à un wall insipide). Et pourtant Google avait tout pour créer le plus grand réseau social du monde mais s’est égaré sur des projets à la Google Buzz (sorte de wall privé-public qui a bad-buzzé).


Et puis le 26 juin de cette année, il y a eu le tweet de Kevin Rose (le fondateur de Digg) qui annonçait un projet “Google Me“. Basé sur les profiles, ce Google Me serait la réponse de Google à Facebook. Un Facebook ergonomique, à l’API ouverte, avec la possibilité de profiter des outils Google ? Tentant (et donc buzzant). D’après Eric Schmidt (le CEO de Google), Google Me devrait même arriver cet automne (ils doivent bosser en ce moment chez big G)…

C’est la conjonction entre le lancement de “Google Me” et la pression de Google pour les formats ouverts qui a déclenché officiellement la  guerre des carnets d’adresse. Mais il serait faux de penser que cette guerre n’aura lieue qu’entre les 2 grands. Non, d’autres belligérants vont se joindre à la bataille.

La grande guerre mondo-digitale

Car il y a beaucoup d’acteurs qui s’intéressent à l’identification numérique.

Tout d’abord les grands puissances :

Google et Facebook évidement, mais aussi Yahoo et son Yahoo ID comme j’en parlais en 2007 (Yahoo qui utilise une stratégie d’adossement à d’autres acteurs comme Twitter ou Zinga).

Et puis il y a les challengers en place:

Windows Live (qui continue d’essayer de se vendre), Twitter (qui s’installe tranquillement en essayant d’être le plus discret possible), Linkedin (qui commence à ouvrir de plus en plus son API).

Mais vont aussi se joindre à la bataille ceux qui développent des identifiants numériques depuis longtemps sous le nom d’identifiant client. On y trouve les réseaux verticaux (thématiques) comme Ping par exemple (qui fait se  rapprocher Apple et Twitter), mais aussi tous les programmes de Social CRM (Nike avec son Nike ID, Nokia, Amazon), ou les projets d’identifiant uniques certifiés basés (j’ai découvert hier soir au Lab de SFR, un projet en fonction d’identifiant unique basé sur la carte SIM de votre téléphone).

Et il y a les futurs perdants :

AOL, Myspace, et même Skyrock, qui ont trop traîné avant de se mettre à exploiter leurs connectés. Mais il y a aussi tous les réseaux sociaux localisés ou spécialisés : les Tuenti (en Espagne), Bebo (en Angleterre), Trombi et copainsdavant, etc. qui, par manque d’ambition (ou de courage de leur financements), n’ont pas privilégié des protocoles ouverts et se sont contentés de capitaliser leur base client, sans investir et développer leur activité. Un modèle économique statique, qui, même si il a généré pas mal de profit (on l’espère pour eux), s’avère au final être un beau gâchis quelques années après. Sur Internet, tu évolues ou tu meurs.

Et il y a ceux qu’oublie toujours:

Car on parle beaucoup de Facebook, “le plus grand réseau social du monde”, mais l’occident n’est pas le monde. Et beaucoup de grands réseaux sociaux étrangers ne voient pas du tout leur suprématie menacée par Zuckerman. Je pense notamment à  Vkontakte et Odnoklassniki en Russie, à Mixi au Japon, Qzone en Chine ou encore Orkut au Brésil (d’ailleurs Orkut a été acheté par Google).

Il y a également toutes les volontés de standardisation (et d’ouverture véritable) de ces identifiants de connexion. OpenID, OpenSocial et DataPortability, etc. Mais je laisse Fred Cavazza vous en parler, il le fera mieux que moi. On attend aussi la sortie de Diaspora, le réseau gratuit-open-source-libre, censé être un concurrent de Facebook, et qui sortira… peut-être un jour.

Digital War is good for… Absolutely everything !

Dans la  vraie vie, les guerres sont déclenchées par ceux qui y trouvent un intérêt économique au détriment des populations qui les subissent. Sur Internet, c’est le contraire. Les guerres seront au profit des internautes, pour la plus grande consternation des actionnaires.

Car, il faut savoir qu’Internet est le paradis des monopoles. Il faut donc que des ajustements se produisent, que des contrepoids se créent. Et les guerres digitales servent à ça : mélanger les cartes pour le plus grand bonheur des participants (mais pas du monopoliste).

Rappelez-vous l’hégémonie de Microsoft dans les années 90. Elle semblait immuable et inéluctable pour notre plus grande consternation (essayez de débugger une page html sous IE5 Mac pour voir). Et puis, les affrontements contre la suprématie Microsoft ont commencées.

Et aujourd’hui, nous avons plus d’OS et de navigateurs que jamais, pour notre plus grand confort. Microsoft a même été obligé de sortir un Windows 7 pas trop mal. Quelle évolution en 10 ans. Et tout ça grâce à ces guerres digitales (Google en fait les frais aujourd’hui).

Vive la guerre des carnets d’adresse !

La guerre des carnets d’adresse est bénéfique.

  • Elle accélèrera l’innovation qui devient vitale. Google a trainé des pieds sur ce sujet pendant des années, il était temps qu’il s’y mette.
  • Elle donnera le choix aux internautes et donc la liberté. Car vous préférez mettre tous vos œufs dans le même panier ? Confier vos photos et adresses à Facebook pour qu’un jour on vous fasse payer leur consultation ? Rappelez-vous Last Time for LastFM.
  • Elle permettra à de nouveaux acteurs d’émerger. Car si Google propose un carnet d’adresse ouvert, nul doute que nombre de nouveaux services vont voir le jour pour exploiter (à des fins commerciales ou non) ces données.

La compétition est donc indispensable sur Internet. Certes, elle agacera les faux-professionnels du marketing digital qui vous ont conseillé votre appli FB à 350 k€, les directeurs des achats ou les responsables informatiques des grosses boites qui ont investi dans telle ou telle technologie à la mode ce mois-ci. Ces métiers seront obligés de réfléchir sérieusement à leurs investissements et choix stratégiques, en bref, de faire leur travail sans se planter.

Cette compétition fera le bonheur des internautes, et de ceux capables d’anticiper les évolutions. Alors vive la compétition digitale, vive la guerre (je n’aurais jamais cru écrire ça un jour) !

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Article initialement publié sur le blog de Cyroul

>> Photos flickr Constantine Belias ; Paul Walsh

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Publicité: des bulles de plus en plus sexy http://owni.fr/2010/08/27/publicite-des-bulles-de-plus-en-plus-sexy/ http://owni.fr/2010/08/27/publicite-des-bulles-de-plus-en-plus-sexy/#comments Fri, 27 Aug 2010 16:05:13 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=26418 4288105296 47608865f2 202x250 Des bulles de plus en plus sexyCommuniquer sur des boissons gazeuses n’est pas si évident. Mettez vous à la place des créatifs : boisson gazeuse = des bulles + de l’eau et/ou du jus + du sucre. La valeur ajoutée du produit : heu, ça permet de digérer un peu mieux ? J’ai donc une idée de slogan: “des bulles pour éviter les gaz !“.

Hélas (ou heureusement), l’industrie de la publicité n’a pas mon talent pour les slogans qui tuent et depuis 2 ans, la tendance va être de donner une place de plus en plus grande à la sexynessitude (l’érotisme si vous préférez) dans la communication des boissons gazeuses.

Alors je ne parlerai pas de digital dans cet article, mais beaucoup de publicité, de boissons gazeuses et d’érotisme. Bref, un article estival, léger et un peu piquant. J’espère que vous apprécierez.

Coca relance la pinup des année 50

En 2007, une agence New-Zélandaise (Publicis Mojo), décide de relancer les Pin-up qui ont fait l’image de Coca-Cola dans les années 50 (non, il n’y avait pas que le Papa Noël de Haddon Sundblom). Résultat : c’est très beau et ça plait au public.

CocacolaNZ3 500x169 Des bulles de plus en plus sexy

CocacolaNZ2.preview Des bulles de plus en plus sexy

CocacolaNZ1.preview Des bulles de plus en plus sexy

Loin de la mode pornographique que l’on va trouver dans la publicité des années 2008/2009, ces affiches évoquent une époque plus douce où la femme déifiée -quasi intouchable- était objet de fantasme.

On remarque tout de même que seules des femmes figurent sur ces affiches. Et si l’érotisme était bien sympathique dans les années 50, l’égalité sexuelle moins. Les filles n’achètent pas de Coca en Nouvelle Zélande ?

Orangina fait dans la zoophilie grand public

Tout s’accélère avec la campagne 2008 organisée par l’agence FFL : Orangina – Naturellement Pulpeuse. L’idée : des animaux à poils (et à fourrure) qui revendiquent des attitudes très humaines ou plutôt très “professionnels du cul”. Poses suggestives, lingerie fine, danses lascives, et jets de liquides dorés pour la plus grande  (grosse) joie d’un ours à poil.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Or, sachez-le, Orangina est une boisson gazeuse pour enfants. Le résultat de cette provocation (certainement pas gratuite, car la 3D coute cher) ne s’est pas fait attendre. Une polémique s’ensuivit une chaine britannique ayant refusé la diffusion. Et la vidéo, déjà bien viralisée de par son contenu zoophile, s’est vue envahir le web.

Depuis, les vidéos d’Orangina se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Un bel exemple avec Orangina rouge où l’on frôle le SM (ah non, on ne le frôle pas, c’en est). C’est vos gamins qui vont être contents.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Petit changement de ligne créative en 2010, où nos sexy-animaux se retrouvent dans des situations de la vie de tous les jours. Le résultat : des campagnes beaucoup moins drôles et intéressantes (malgré la tentative de gay-itisation de  la campagne). Gageons qu’Orangina retournera au cul en 2011.

En attendant, face à l’explosion de notoriété (et de discussions) autour d’Orangina, les concurrents ont analysé sa stratégie et ont – après moults analyses certainement fort couteuses – déterminé une recette inédite : le cul fait vendre ! Fort de ce constat, ils lancèrent leurs propres campagnes de publicité…

Badoit fait du soft-bullo-porn

Cette année Badoit (Danone) a donc décidé de frapper un grand coup avec un spot qui se veut très érotique.

On y voit des bulles avec de grands bouches écarlates au langage corporel évocateur se faire fesser, dessiner des formations qui se veulent tendancieuses, le tout enrobé de gémissements évocateurs. Le résultat : il n’y a rien, on ne voit rien, mais l’évocation d’un univers lubrique est évident. Personnellement je trouve ça nul – aucun parti-pris- mais j’imagine que ça peut secouer les cinquantenaires habitué(e)s à Jean Pierre Pernault. Je vous laisse juge.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

D’après le blog jedblogk Nathalie Puech-Alquier (directrice des eaux gazeux Danone) expliquait au Figaro du mardi 25 mai : “nous revenons à l’essence de la marque, ses bulles uniques, qui sont les héroïnes de notre spot“. Bah, il faut bien justifier ses partis-pris créatifs, non ?

Et j’apprends qu’il y aurait même une version 3D de ce spot pour tourner dans les salles de cinéma. Et oui, quand on n’a pas d’idées, et qu’on ne veut pas avoir de convictions, il vaut mieux acheter du média. Et à haut prix quand on sait ce que coûte la 3D aujourd’hui.

Mais vous l’avez vu tourner sur Internet cette pub, vous ? Moi non, à part sur 3 blogs de publicitaires qui n’avaient rien d’autre à dire à ce moment. Faut croire que le marketing d’interruption ne marche pas vraiment sur Internet.

Alors que Perrier assume son côté érotico-chic

En voilà une marque qui a des convictions. Perrier nous a sorti tranquillement une très belle opé avec l’icône  Dita Von tease. C’est très esthétique, c’est vintage, c’est très érotique mais ça reste classe. Résultat : c’est délicieux. J’aime pas les bulles mais je me mettrais bien au Perrier d’un coup.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais la marque est allée encore plus loin. Au lieu de s’arrêter à l’utilisation d’une icône pour faire sa publicité, elle a décliné entièrement le packaging de ses nouvelles bouteilles autour des formes (délicieuses) de Dit pour créer une édition limitée de packs “Paparazzi” pour l’été 2010. Enfin des bouteilles que l’on a vraiment envie d’acheter.

Perrier x Dita Von Teese 00 500x229 Des bulles de plus en plus sexy

Et la mise en scène est très belle aussi. On emmène le consommateur dans une histoire. Une histoire publicitaire certes, mais la pub peut raconter de belles histoires.

Perrier x Dita Von Teese PR00 600x390 500x325 Des bulles de plus en plus sexy

En conclusion : de l’érotisme c’est bien, mais des histoires érotiques c’est mieux

Quelle histoire peut-on trouver dans des bulles de Badoit qui tentent de se la jouer subversives ? Réponse: aucune. Résultat : une campagne qui ne tourne pas, malgré des budgets médias importants.

Au contraire, dans 2 registres différents (certainement basés sur l’âge de la cible), Orangina et Perrier nous racontent de belles histoires qui fonctionnent. Certes,  je ne suis pas fan de la campagne d’Orangina (le sexe chez les animaux n’est pas mon truc), mais on ne peut nier qu’elle a un univers propre qui a fait sensation. Quant à Perrier, on ne peut rester insensible à cette histoire burlesque qui nous est si joliment racontée.

Les gagnants sont donc les raconteurs d’histoire. Et le perdant, la marque qui pense que de la belle création (style Lyon d’Or Cannes) + du média à gogo résoudra ses problèmes.

Car cette marque oublie une chose :  le ‘con’sommateur qui achète sa marque uniquement parce qu’il a vu une grosse pub interruptive lui taper à la figure, sera capable d’acheter la marque concurrente à la prochaine grosse pub qui lui explosera à la tête. C’est un consommateur volatile, comme sa campagne média. Quand la marque a terminé de payer, il ne reste plus rien…

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Billet initialement publié sur le blog de Cyroul.

Crédit Photo CC Flickr : Stéfan.

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Le foot hors-jeu sur votre timeline: mode d’emploi http://owni.fr/2010/06/15/le-foot-hors-jeu-sur-votre-timeline-mode-demploi/ http://owni.fr/2010/06/15/le-foot-hors-jeu-sur-votre-timeline-mode-demploi/#comments Tue, 15 Jun 2010 07:48:03 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=18722 Ça y est je craque ! Du foot tous les deux tweets, du foot à toutes les sauces, du foot, du foot… Argh ! Arrêtez le foot !

Attention, non, ne croyez pas que je n’aime pas le football. C’est un très beau sport quand il est bien joué (et j’en sais quelque chose).

Mais c’est cette “euphorie-foot” qui me fatigue.

Entre les campagnes de pub hyper-médiatisées et bannierisées, les experts SEO/SMO qui vont écrire un article sur le sujet pour augmenter leur nombre de followers et les blogueuses qui vont écrire un article pour faire genrele foot c’est aussi girly, regardez comme je suis moderne et différente de ma mère“, j’ai simplement envie d’éteindre ma timeline et laisser se noyer cette foule de billets inutiles, redondants et qui seront déjà dépassés demain.

L’information chaude c’est bien, sauf quand tout le monde a la même et qu’elle ressemble à un ballon rond. Alors que faire ? Éteindre Twitter ?

Heureusement la solution existe (sur TweetDeck en tout cas).

Pour ma veille quo-twitti-dienne, j’utilise en effet TweetDeck. Il n’est pas parfait, mais il est suffisamment ergonomique et sérieux (évolutions fréquentes).

Alors comment faire pour virer le foot de vos douze timelines sur TweetDeck ?

1/ Ouvrez le TweetDeck settings pannel

2/ Sur l’onglet Global filter / Filter Updates

Dans le champ “Containing words”, saisissez les mots clés que vous voulez filtrer. Je vous propose : football, bleu, bleus, worldcup, foot, mondial, tf1, coupe monde, france uruguay, équipe france, etc.

3/ Appuyez sur “Save Settings” et voilà !

Ahhh… Le bruit de fond désagréable que vous lisez depuis ce matin va disparaître d’un seul coup. Le calme, ponctué ça et là par les twitteriens qui savent ne pas faire comme tout le monde.

Alors certes, vous risquez de louper quelques analyses intéressantes (je vous conseille notamment La Coupe du Monde, une aliénation planétaire), mais vous deviendrez certainement plus performant pendant un mois, évitant un papillonnage stérile.

Attention, n’oubliez tout de même pas de vous informer sur les résultats des matchs (il est important de savoir s’intégrer socialement et d’avoir des références communes avec le Français moyen – c’est votre métier aussi). N’oubliez pas non plus de supprimer les filtres TweetDeck une fois la Coupe du Monde terminée.

J’espère que cet article vous servira autant qu’à moi. Bonne chance.

Billet initialement publié chez Cyroul ; photo hradcanska

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Censure de l’Internet: la parodie qui dit tout http://owni.fr/2010/04/27/censure-de-l%e2%80%99internet-la-parodie-qui-dit-tout/ http://owni.fr/2010/04/27/censure-de-l%e2%80%99internet-la-parodie-qui-dit-tout/#comments Tue, 27 Apr 2010 17:50:30 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=13639 De multiples gouvernements et hommes politiques dans le monde se sont aperçus qu’Internet était dangereux. Certes, ça peut aider à faire gagner des élections, mais trop de liberté, de libre expression risque à long terme de provoquer des effets indésirables sur des industries centenaires. Alors la solution s’impose d’elle-même : censurer l’Internet en installant des systèmes de surveillance permettant d’interdire les sites non-autorisés.

Pour faire comprendre cela à ses électeurs, il suffira de quelques campagnes de publicité autour du piratage ou quelques rumeurs fausses sur la pédopornographie (ça marche bien ça la protection des enfants). L’objectif : faire peur aux internautes débutants pour mieux les contrôler.

Allez, voilà une petite vidéo décalée qui nous présente la situation via un produit dont le nom résume à lui tout seul le discours politique actuel : Cleanternet.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

> Article initialement publié chez Cyroul

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Frontières digitales http://owni.fr/2010/03/17/frontieres-digitales/ http://owni.fr/2010/03/17/frontieres-digitales/#comments Wed, 17 Mar 2010 12:23:58 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=10242 Cyril Rimbaud, aka Cyroul,  dresse dans ce billet “spécial-soucoupe” un état des lieux des frontières digitales et envisage leurs évolutions futures. Car le digital est un territoire, c’est-à-dire un espace à la géographie mouvante, basée sur des spécificités naturelles ou technologiques, des appartenances culturelles ou linguistiques…”

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Digital is not a media, it is a territoryannonçait il y a 2 ans le suédois Måns Tesch (Digital Strategy Director et initiateur de l’immense saga digitale de Stella Artois).
Effectivement, le digital* est un territoire, c’est-à-dire un espace à la géographie mouvante, basée sur des spécificités naturelles ou technologiques, des appartenances culturelles; linguistiques ou même juridiquement différentes.

Et qui dit territoire, dit frontières. Les frontières du digital existent. Ce sont des limites évidentes ou pas, qui se forment et se déforment au grès des migrations des internautes et du grand jeu géo-politico-social des grands e-conquérants d’aujourd’hui, futurs e-gouvernants de demain.
Alors l’internaute saura-t-il s’affranchir de ces frontières digitales ou deviendra-t-il captif de ces grands territoires numériques ?

Des frontières sans avenir

Les frontières les plus visibles des territoires du digital sont les frontières matérielles. Les différences sont immédiates entre un téléphone mobile, le GPS d’une voiture, une console de jeux vidéo ou une télévision HD. Des frontières évidentes donc, mais temporaires, car elles disparaissent peu à peu.

D’ici 2 ans, en effet, de manière tout à fait naturelle, vous jouerez avec votre ordinateur de voiture et vous surferez sur le web avec votre télé (téléphoner avec son ordinateur et surfer avec son téléphone mobile ne sont-ils pas déjà des usages actuels ?). Ces frontières matérielles vont donc s’effacer pour vous permettre une connexion permanente, où que vous vous trouviez. Oublions donc ces frontières obsolètes !

D’autres frontières en voie de disparition vont être les frontières des services Internet. Il y a 10 ans, il fallait en effet s’y connaitre pour savoir utiliser d’autres protocoles que les traditionnelles http et smtp (respectivement réservés au web et aux e-mails). Aujourd’hui, vous manipulez les protocoles irctelnet ou même ftp sans vous en rendre compte. Suivant la philosophie du tout-en-un instaurée par Firefox, les nouvelles générations de navigateurs vous permettent de mélanger tous les protocoles de services. Vous pouvez lire vos mails, chatter, utiliser le FTP, et tout ça avec un seul outil.

Bientôt votre OS (Operating System comme Windows ou MacOS) sera lui-même une sorte de gros navigateur web et tous vos services seront on-line. Non, ces frontières n’existeront plus (sauf pour un développeur informatique), alors n’en parlons plus.

Au delà de ces frontières très matérielles, on trouve des frontières d’expertise qui vont isoler le débrouillard (digital smart) du profane (digital less). Le digital smart, c’est celui qui agrège ses flux RSS sur Netvibes, qui utilise Delicious pour ne pas perdre ses bookmarks, qui utilise une dizaine de moteurs de recherche spécifiques, qui sait gérer sa e-reputation lui-même. Le profane c’est celui qui lance une recherche via le portail de son FAI, qui ne comprend pas pourquoi des photos de lui à poil se promènent sur la toile, qui ne sait jamais retrouver le site génial qu’il a vu il y a 2 semaines, qui passe le plus clair de son temps à remplir des formulaires d’inscription à des concours et le reste à supprimer le spam de sa boite e-mail.

Heureusement, il s’agit de frontières faciles à franchir. Un peu comme dans la vraie vie en fait. Il suffira de se renseigner, d’avoir de bons amis, et de beaucoup travailler et votre expertise grandira. Évidemment tout ça prend du temps. Et ce sera à l’internaute de voir si cet investissement personnel vaut le coup ou s’il continuera à croire ce que lui dit son pourvoyeur de média favoris. Et puis une génération chassant l’autre, l’expertise va se déplacer (votre vieille maman sait se servir d’un e-mail non ?).

De vraies frontières insoupçonnées

Mais votre môman, qui ne parle que le Français, va éviter de se promener sur des sites écrits dans une langue étrangère. Elle va se heurter aux frontières du langage, frontières que l’on retrouve dans la vie réelle, mais qui sont encore plus évidentes sur Internet. Mais plus qu’un problème de traduction, les véritables frontière entre les sites sont des frontières culturelles, reliées à des typologie d’utilisateurs utilisant constamment moult abréviations, acronymes, et autres références cryptiques qu’elle n’arrivera pas à déchiffrer.

P eu à peu se créent des vocabulaires propres à des populations précises. Le langage spécifique et l’absence de besoin de votre môman la tiendront éloignée définitivement de ces territoires qui lui seront ouverts, mais qu’elle n’explorera jamais. Alors forcément, votre mère ne sait pas lire le L337 couramment. Mais vous-même, arrivez vous à lire le langage sms d’un skyblog sur Tokyo Hotel ? Ou encore le blog d’une guilde de MMORPG ? Ou encore un forum de passionnés de Unoa ? Illisible pour vous, ces frontières vous resteront à jamais inviolables si vous n’apprenez pas ces langages (et comme vous n’y voyez aucun intérêt pratique, vous ne risquez pas d’y mettre les pieds…).

Votre voyage dans le territoire digital va forcément dépendre de vos besoins. Et les besoins des Internautes étant tous différents, ceux-ci vont dessiner les contours des territoires numériques. C’est là que se dressent les frontières des usages. Vous avez besoin d’un itinéraire précis pour votre week-end à la campagne ? Hop, faites un tour dans le territoire des mappeurs/géographeurs, vous voulez acheter un cadeau pour la fête des mères ? vous voilà dans le royaume du consommateur pressé, besoin d’une petite pause détente ? direction les collines verdoyantes des jeux en ligne, besoin de calmer votre libido ? hop direction l’océan des sites de charme, besoin de glander au bureau ? butinez dans la galaxie des blogs gossip, etc., etc.

Ces territoire sont construits par des entreprises (services web, publicités, FAI) dont l’objectif principal est de créer de l’audience récurrente, c’est-à-dire d’attirer le plus possible d’habitants sur leur territoire. Ils se livrent donc de farouches batailles à coup d’investissements massifs dans des bannières de pub, d’achat surprise de mots clés, de SEO illégal ou même de campagnes de calomn-e. Car ceux qui arrivent à attirer le plus d’audience auront les territoires les plus peuplés, et de ce fait les plus riches.

Une représentation des territoires numériques. Cliquez pour télécharger /-)

Une représentation des territoires numériques. Cliquez pour télécharger /-)


Des arguments libertaires pour mieux construire des frontières liberticides

Le plus grand argument de vente depuis l’avènement de la techno-conso est la maîtrise de la complexité (par exemple votre lecteur iphone est bourré de technologie de pointe, mais il n’a qu’un gros bouton en façade). Depuis 3 ans, la plupart des grands empires du digital (google, microsoft, yahoo, myspace, orange, …) ont donc axé leurs efforts sur la simplification des potentialités du digital.

Car vous pouvez tout faire avec le digital, oui, mais comment ? Alors, eux vont vous l’expliquer. Le premier pas pour créer des ponts entre les frontières vues auparavant a été la création de pages permettant d’accéder à l’information. Google a ainsi crée le moteur de recherche, outil le plus primitif pour trouver une information sur le web. Yahoo au départ moteur de recherche s’est, lui, recentré sur la création d’un portail suivi dans ce sens par MSN, Orange (et la plupart des fournisseurs d’accès à Internet).

Mais plutôt que de simplement guider l’internaute dans la jungle du web, ces e-empires ont décidé d’immerger l’utilisateur dans le digital, en lui faisant découvrir les outils de demain (c’est-à-dire les services web qu’il pourra facturer ou monnayer d’ici quelques temps). Ces e-conquérants ont multiplié les contenus et expériences digitales accessibles à partir de leur page d’accès. Ils ont ainsi acheté ou développé des partenariats avec des réseaux sociaux, des outils pour créer son blog, pour afficher des itinéraires, la météo, les programmes tv, pour gérer ses photos, de la musique, des vidéos, des jeux vidéos, et même des boutiques en ligne. Ils ne s’en cachent pas.

Alors sous prétexte de supprimer ces frontières, ces grands e-empires renforcent la profondeur de leurs séparations, afin de rendre l’utilisateur captif de leur territoire. L’empêcher de fuir, de quitter leur royaume. Pourquoi aller ailleurs alors qu’il y a tout ce dont il a besoin ici ? Les frontières digitales de demain se créent véritablement ici et, maintenant, dans cette grande bataille d’offre de contenus et services gratuits aux internautes perdus dans la jungle digitale.

Ségrégations digitales en vue

A quoi ressemblera le territoire du digital dans 4 ans ? Nul ne peut le dire avec précision. La pangée Internet originelle va se transformer et s’organiser au gré des batailles et des victoires de ses e-conquérants. Mais si on ne peut prédire sa géographie définitive, il est certain qu’on y trouvera au moins 3 aires définies par leurs usages et population :

1> Des lieux étanches aux frontières fortement fermées réservées à une population très identifiée (par le numéro de CB, leur identifiant numérique, ou encore pire, leur numéro de sécu) au contenu entièrement filtré et surveillé. Véritables ghettos numériques, ce seront les grands réseaux privés des entreprises, des FAI et des gros pontes du web (msn, google, yahoo, facebook, …), de producteurs exclusifs de contenus (à l’instar de la BBC) et également de certains pays (Chine).

2> Des lieux où l’on pourra trouver un contenu moyennement surveillé où se déroulera la guerre des pontes ci-dessus. Des lieux de liberté contrôlés partiellement par les états (ou les corporations qui les auront remplacés) qui feront ce qu’ils peuvent pour maintenir un semblant de contrôle dans un système qui ne s’y prête pas. Hadopi est l’exemple type de cette tentative de contrôle inutile.

3> Et de véritables zones de liberté digitales (des zones d’autonomie temporaire chères à Hakim Bey), véritables zones franches où se côtoieront les hackers fous, les cyber-punks arty, les chercheurs d’e-motions fortes, les para-religieux, les salar-e-men véreux et des harcore gamers. Où l’on pourra trouver, acheter, voler tout ce qu’on veut, mais aussi ce qu’on ne veut pas forcément. Zones sans surveillance, au langage et aux coutumes spécifiques, elles nécessiteront de s’y connaître en technologie et usages, sous peine de ne pas réussir à s’en sortir sans casse.<

Google/Yahoo/Microsoft Free Zone

Google/Yahoo/Microsoft Free Zone

Frontières digitales = frontières de liberté

Ces 3 frontières, dont les contours s’esquissent déjà aujourd’hui, sont prévisibles, et inéluctables. Elles vont entrainer une séparation entre les voyageurs digitaux “libres” (qui peuvent passer d’une frontière à l’autre) et les autres, prisonniers d’un territoire qui leur a été attribué. Les libertés individuelles ne seront pas les mêmes en fonction du territoire où vous vous trouverez.

Dans les premières zones, le moindre de vos faits et gestes (messages personnels inclus) sera observé et analysé par de grands serveurs CRM, aboutissement ultime des fantasmes des marketers publicitaires et qui proposeront une analyse comportementale personnalisée. Ainsi votre maman qui vous écrit car son chat a des problèmes de digestion, recevra dans sa boite aux lettres une réduction pour une boite de laxatif félin. Ca existe déjà. Ce qui n’existe pas encore, c’est une descente de police à votre domicile quand vous parlerez par visio-conf de votre collection de films téléchargés illégalement à vos amis de travail. Mais ça ne devrait tarder. Alors que le vrai pirate lui, fréquentant les zones de libertés digitales ne sera pas inquiété.

Les libertés individuelles du futur vont donc dépendre de votre connaissance de la technologie et des usages des territoires digitaux. Les geeks, nerds et autres explorateurs curieux auront plus de libertés que la population qui n’aura pas ces connaissances. Une des solutions évidentes pour préparer les libertés de demain est dans l’éducation.

Mais qui va éduquer ? Ceux qui ont voté pour Hadopi ? C’est pas gagné.

Heureusement pour moi, si il est trop tard pour des études d’avocat, je sais quand même crypter mon IP.

* Le terme “digital” est utilisé ici comme traduction du mot anglais digital (numérique). Numérique nous renvoyant à l’époque des autoroutes de l’informations (1995), nous lui préférons ce terme anglais, à la mode en ce moment. Les territoires digitaux regroupent le web, l’internet mobile, mais également les consoles permettant du jeux vidéos en réseaux, les objets connectés (Nabaztag, GPS, etc.)

> Illustrations par Andrea Vascellari, par niallkennedy et par ottonassar sur Flickr

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