OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Festivals en poche http://owni.fr/2012/07/11/festivals-en-poche/ http://owni.fr/2012/07/11/festivals-en-poche/#comments Wed, 11 Jul 2012 08:39:01 +0000 Maxime Vatteble http://owni.fr/?p=115250

En 2012, le marché numérique de la musique est en pleine forme alors que les ventes physiques ne cessent de chuter. L’économie des festivals est elle encore florissante. Greencopper, entreprise basée à Montréal, qui propose depuis 2009 de développer, en natif, des applications Smartphone pour assurer la promotion des grands rassemblements musicaux en Europe, aux États-Unis et au Canada, avait eu le nez creux : elle a progressivement gagné la confiance du milieu et des sponsors et son catalogue compte aujourd’hui plus de 50 applications regroupant les principaux festivals de musiques actuelles de France. Un succès rapide au sein d’un marché en développement.

Miser sur l’expertise

Greencopper est constituée d’une petite équipe de 14 personnes, travaillant entre Montréal et Rennes. L’entreprise a acquis en trois ans d’existence un savoir-faire unique, reconnu par les organisateurs de festivals : en France, leur concurrence se limite désormais à quelques agences freelance, aux États-Unis, l’entreprise rivalise avec Xomo, qui développe, entre autres, l’application du festival geek et musique SXSW. Une réussite liée à l’adaptation : des concerts urbains aux énormes scènes de plein air, l’application proposée doit répondre à des attentes précises correspondant au lieu et au public. La stratégie principale de l’entreprise, présentée par Cécile Martin, directrice marketing, repose toutefois sur une logique de centralisation :

Nous mutualisons les besoins des professionnels. Nous vendons d’abord une licence de base à 3000 euros, comprenant le développement en natif et la maintenance, puis nous proposons une grille de tarifs pour l’ajout de services. Ces coûts peuvent être pris en charge par des partenaires privés. Les années suivantes, nous ne facturons que le coût de développement de nouvelles fonctionnalités ajoutées par les organisateurs, comme le push par exemple. Le but du jeu est de simplifier au maximum les démarches pour les responsables communication et de supporter toutes les contraintes techniques.

L’autre atout de Greencopper est sa connaissance du terrain. D’abord festivaliers avant de devenir prestataires de services, les différents membre de l’équipe assistent aux événements, cherchent de nouvelles idées à partir de leurs propres expériences et rencontrent directement leurs clients. Un lien de proximité très apprécié des organisateurs selon Lénaïc Jaguin, responsable communication du festival Rennais Les Tombées de la Nuit :

Greencopper anticipe en partie nos besoins et travaille directement avec les organisateurs et ses partenaires. L’entreprise prend totalement en charge un des moyens de promotion les plus importants aujourd’hui en matière de visibilité et d’interactivité, ce qui nous permet de réaliser des économies d’échelle. Chaque année nous pouvons également discuter de nouvelles fonctionnalités proposées par Greencopper qui apportent toujours une plus-value.

Après s’être imposée dans un marché émergent, Greencopper s’attache maintenant à fidéliser les utilisateurs en proposant des contenus impliquant davantage les publics. Un objectif qu’elle partage avec les organisateurs.

Page d'accueil des applications Rock En Seine de 2010 à 2012 (Capture d'écran)

Le prolongement communautaire

Le taux d’équipement en Smartphone en France est sur une courbe ascendante. Les applications mobiles, déjà largement utilisées par les festivaliers pour le partage de photos et de vidéo, semblent aussi être un outil prompt à la constitution d’une communauté. Lier la navigation du public aux réseaux sociaux est par exemple une des possibilités déjà expérimentées par les festivals. Dans son application 2011, téléchargée environ 40 000 fois, Rock en Seine proposait aux spectateurs de joindre leur compte Facebook au service de géolocalisation. Fleur Richard, responsable de la communication du festival, est prête à continuer dans cette direction :

Nous aimerions également aller plus loin avec l’application. Nous avons pensé à lier les tweets des festivaliers qui utilisent l’application avec un compte officiel et diffuser cette timeline sur les écrans géants. Nous n’avons pas encore l’effectif nécessaire pour gérer et modérer ce compte pour l’instant, mais c’est une idée que nous aimerions développer, à terme.

La seconde option pour animer la communauté de festivaliers est la gamification, actuellement étudiée chez l’un des principaux partenaires de Greencopper, SFR. Sander Cisinski, directeur du sponsoring, des partenariats et du programme jeunes talents de SFR, explique :

Nous aimerions développer l’aspect ludique de ces applications en proposant des rencontres ponctuelles avec les artistes sur les sites de festival ou bien des chasses au trésor. Il s’agirait d’enrichir le volet géolocalisation, de faire participer le public, de lui donner un autre rôle pendant les concerts.

La piste privilégiée par la FNAC, autre partenaire de l’éditeur d’application, est de proposer un service de billetterie complet, au-delà de la musique live et du volet communautaire des festivals, afin d’exploiter le potentiel du M-commerce, au cas où la fréquentation s’essouffle.

Les avantages retirés de ces API par les professionnels en termes de visibilité et de communication semblent évidents mais la réception de l’offre est plus difficile à apprécier. Si l’on isole les festivaliers utilisateurs d’iOS, représentant tout de même 55 à 60 % de l’activité de Greencopper, les étoiles et commentaires de l’AppStore ne peuvent donner qu’une idée partielle du taux de satisfaction des publics. Greencopper a constaté que le taux de mise à jour moyen est d’environ 40% : les applications restent souvent sur le téléphone des usagers, en attendant le festival suivant.


Photo par thqspeaks [CC-byncsa]

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Les Data en forme http://owni.fr/2012/01/18/les-data-en-forme-episode-16/ http://owni.fr/2012/01/18/les-data-en-forme-episode-16/#comments Wed, 18 Jan 2012 10:00:42 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=94238 Better World Flux [en] a vu le jour à l’occasion d’un concours d’applications organisé par la Banque mondiale, afin de promouvoir les objectifs du millénaire pour le développement. Au menu de cette compétition : permettre au grand public, avec l’aide de développeurs, de graphistes et de journalistes compétents, de s’emparer des nombreuses données hébergées sur les serveurs de la Banque mondiale pour comprendre les mécanismes et les histoires qui y sont enfouies. Better World Flux veut être une “magnifique visualisation interactive” (objectif amplement atteint) informant sur ce qui “compte réellement dans la vie”. Il est ainsi possible de comparer en couleurs des indicateurs tels que le bonheur, l’espérance de vie, la longueur de la scolarité et tout ce qui permet de produire une photographie de l’état du monde et de la qualité de la vie dans les pays qui le composent, ainsi que l’évolution de ces indicateurs au cours des 50 dernières années.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le cinéma au scalpel

Cinemetrics [en] est une splendide application, pleine de sens et de pertinence, qui mesure et visualise la data au cinéma, permettant de révéler les caractéristiques des films et de leur créer une sorte d’empreinte digitale… visuelle. La structure de montage, la colorimétrie, les dialogues et les mouvements sont extraits, analysés et transformés en représentations graphiques afin que le film puisse être appréhendé dans son ensemble en un seul coup d’œil, voire comparé avec un autre film sur le même écran. Le résultat, qu’on vous a déjà passé cet été mais qu’on remet ici parce qu’on aime bien le concept de #oldlink, est proprement fascinant et immanquable pour les amateurs du 7e art. La majorité du code est disponible sur Github.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Voyages et bouts de ficelles

Lichtreise [de] est un projet de Christopher Pietsch s’inscrivant dans le cadre d’un cours interactif au sein de l’Université des Sciences appliquées de Potsdam. Le but : concevoir une visualisation qui affiche (au minimum) sept voyages sélectionnés de la vie de l’étudiant. La conception et le résultat final font l’objet d’une série de très jolies photographies de ce projet très “do it yourself“.

Hack your life or be a user – Pietsch


Aiguilles et bottes de foin

Citeology [en] est un projet extraordinaire coordonné par Justin Matejka au sein du laboratoire de recherche des fameux logiciels de modélisation Autodesk/AutoCAD. Ce projet Citeology permet de visualiser les relations entre des publications selon les citations qu’elles utilisent. Pour l’exercice, plus de 3 500 documents portant sur les interactions humains-ordinateurs et publiés au cours des 30 dernières années ont été passés à la moulinette data pour créer cette application (nécessite le plug-in Java) qui fait ressortir près de 12 000 citations croisées au sein de la collection. Le résultat est tout simplement époustouflant et ouvre la porte à des pistes de visualisations réellement innovantes, notamment dans le domaine émergent de la “big data“.

Ceci n’est pas un jeu

Candidate Match Game [en] est l’une des premières (et sans doute très nombreuses) applications ludiques autour de la présidentielle américaine de l’automne prochain. Développée par USA Today, cette application fonctionne selon un principe extrêmement simple : vous placez un curseur sur des grands thèmes de société selon l’importance que vous leur accordez et répondez ensuite à des questions concernant ces thèmes en sélectionnant la proposition qui convient le mieux à vos convictions. Au terme de ce questionnaire, le jeu vous annonce le nom des candidats dont les programmes politiques ou la vision globale se trouve à la plus grande proximité de votre propre vision de la société. Cette app est évidemment à l’entrée d’un long tunnel que nous allons emprunter, et nous reviendrons régulièrement sur ce type d’initiatives – qu’elles aient lieu en France ou aux États-Unis.

Un gazon de toutes les couleurs

Diversity in the Premier League est une visualisation sur le championnat anglais de football, motivée par “l’affaire Suarez” qui agita la fin du mois de décembre dans le monde du ballon rond – le joueur du club de Liverpool ayant été accusé par l’arrière français Patrice Evra d’avoir proféré de nombreuses injures raciales en plein match. Partant de ce navrant fait divers, Josh Ritchie a souhaité mettre en valeur la diversité de nationalités au sein de l’élite du football anglais au travers de cette dataviz très réussie.

Love, etc

Pour clore ce 16e épisode des Data en forme, des nouvelles de deux “data-artistes” parmi ceux dont nous suivons régulièrement le flux (YouTube et Flickr). Parce que ce monde n’est pas un monde de brutes mais plutôt paix, amour et beauté.

Une excellente data-semaine à tou(te)s :)

Eric Fischer – World travel and communications recorded on Twitter


Stephen Malinowski – Claude Debussy : Doctor Gradus ad Parnassum

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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L’Open Data campe à Varsovie http://owni.fr/2011/10/20/itw-lopen-data-campe-a-varsovie/ http://owni.fr/2011/10/20/itw-lopen-data-campe-a-varsovie/#comments Thu, 20 Oct 2011 16:15:37 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=84110 « Le plus grand événement du monde dédié à l’ouverture des données publiques », autrement dit l’Open Government Data Camp (OGD Camp), organisé par plus d’une trentaine de structures et coordonné par l’Open Knowledge Foundation a lieu ces 20 et 21 octobre à Varsovie (Pologne).

Deux jours (et un peu plus pour ceux participant aux ateliers satellites) pendant lesquels journalistes, développeurs, citoyens ou acteurs publics vont échanger des idées, monter des projets, coder ou travailler les données.

La tenue d’un tel événement, qui recentre la notion d’ouverture des données publiques autour de ses valeurs fondamentales (bénéfice pour le citoyen, réutilisation gratuite, travail collaboratif sur le traitement des données…) tombe à pic, alors que le mouvement Open Data commence à être récupéré et orienté vers d’autres valeurs, comme en témoigne cette étude réalisée par BVA, souhaitant notamment “parvenir à mesurer le retour sur investissement de l’Open Data”

Le programme des interventions ressemble à la recette du gratin de l’Open Data : Rufus Pollock (co-fondateur de la Open Knowledge Foundation), Nigel Shadbolt (initiateur de la politique Open Data du Royaume-Uni), Lisa Evans (The Guardian), Tom Steinberg (fondateur de MySociety, qui a créé notamment l’application TheyWorkForYou sur l’activité des députés britanniques), Aidan Mcguire (ScraperWiki),…

Jonathan Gray, Community Coordinator à l’Open Knowledge Foundation, explique à OWNI les objectifs et le fonctionnement de ce Camp.

Quel est le but de l’OGD Camp ?

L’OGD camp vise deux objectifs : encourager les décideurs publics (élus, fonctionnaires…) à ouvrir davantage leurs données publiques, et inciter de plus en plus de personnes à se saisir des données et les valoriser pour le public.

Pourquoi avoir choisi la Pologne ?

Nous pensions déjà à l’Europe centrale, afin de favoriser la participation des pays de cette zone. Nous avons choisi Varsovie pour plusieurs raisons : la Pologne est actuellement à la Présidence de l’Union européenne, et est en train de mettre en place une législation progressive sur l’ouverture des données publiques. De plus, nos partenaires polonais, Centrum Cyfrowe, font un travail très intéressant sur cette question.

Et, dernière raison – mais non des moindres -, Varsovie est une ville super. L’ancienne usine dans laquelle le Camp est accueilli est un lieu formidable, avec des bâtiments en brique élégamment patinés par le temps, des espaces de travail colorés et beaucoup de verdure.

Comment est conçu le programme ?

Nous voulions commencer chaque journée par des interventions fortes et dynamiques sur les principaux thèmes de l’Open Data et de l’Open Government, suivies par des démonstrations sur des exemples précis.

Plusieurs interventions traiteront ainsi de la façon d’impulser une initiative Open Data, des retours d’expérience sur des projets au Brésil, en Hongrie, au Kenya notamment. Nous espérons en effet que de nombreuses personnes partiront de ce Camp avec des idées et un enthousiasme pour lancer des projets dans leur ville ou dans leur région.

D’autres présenteront des applications concrètes de l’Open Data : OpenStreetMap, OpenSpending, FixMyTransports, Raw Salad,…

Enfin, nous aurons également des ateliers pratiques pour que les participants puissent apprendre, réaliser, planifier des projets pour l’année à venir. L’atelier de datajournalisme s’est ainsi concentré sur les données des dépenses européennes et la façon dont on pouvait les exploiter. [NDLR : animé par Liliana Bounegru du Centre du journalisme européen et Nicolas Kayser-Bril].

Pour voir le programme complet du Camp : http://ogdcamp.org/programme/

Comment avez-vous choisi les intervenants ?

Nous voulions accueillir des représentants leaders de différents pays et de différents horizons – des ONG comme la Sunlight Foundation et MySociety, à des corps officiels comme la Commission Européenne et la Banque Mondiale. Ces personnes ont aidé à structurer l’événement, à nourrir les réflexions et les perspectives pour le futur, mais l’événement est vraiment centré sur les participants. Nous sommes très fiers d’avoir une quarantaine de pays représentés !

Comment est financé le Camp ?

Nous avons eu beaucoup d’aide ! Plus d’une trentaine de partenaires contribuent à l’évènement, chacun à sa façon : nous avons eu des bourses de transport par la Commission Européenne, the Open Society Institue, la Sunlight Foundation et Wikimédia Deutschland. Google et Microsoft payent pour les déjeuners. Les petites contributions – articles pour annoncer l’événement, distribution d’invitations, organisation de sessions – étaient également importantes. Et nous avons une très bonne équipe d’organisateurs à l’Open Knowledge Foundation et Centrum Cyfrowe !

Quelles sont les principales différences entre la première édition, en 2010, et celle-ci ?

L’année dernière, la priorité était d’obtenir davantage d’ouverture des données publiques. Tellement de choses se sont passées depuis le dernier Camp. Il y a désormais des opérations Open Data dans beaucoup de pays dans le monde (vous pouvez voir la liste dans le Data catalog : datacatalogs.org). Cette année, nous nous focalisons sur comment consolider ce succès et comment utiliser les données dont nous disposons pour apporter de la valeur ajoutée à la société.


Pour ceux qui n’auraient pas la chance d’aller à Varsovie, vous pouvez suivre l’événement sur Twitter avec le hastag #ogdcamp, sur la page Facebook dédiée ou encore lire ce très intéressant condensé d’infos sur l’Open Data : http://opendatamanual.org/

Illustrations et visuels officiels de l’OKFN via Flickr [cc-by]

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Pratiquer la ville, pour une technologie de la dérive http://owni.fr/2011/06/20/pratiquer-la-ville-pour-une-technologie-de-la-derive/ http://owni.fr/2011/06/20/pratiquer-la-ville-pour-une-technologie-de-la-derive/#comments Mon, 20 Jun 2011 06:22:02 +0000 Matthieu Duperrex (Urbain, trop Urbain) http://owni.fr/?p=70408 Urban After All S01E20

La ville événementielle gagne du terrain. Publicitaires et “designers d’ambiance” apposent leur signature sur de nombreux domaines de l’urbanité. L’urbanisme de situation oriente de plus en plus nos parcours urbains, jusqu’à transformer la ville en parc à thèmes. Oui, nous en témoignons régulièrement au long de ces chroniques : par bien des aspects, la ville occidentale a digéré la subversion des situationnistes des années 1950, la critique du capitalisme en moins, le mot d’ordre marketé en plus. Alors, bien sûr, on accueille d’abord avec scepticisme les annonces d’applications « subversives » qui feraient de nos prothèses numériques du type iPhone des outils libertaires. Certains usages de technologies mobiles revendiquent en effet l’esprit situationniste et promettent une “appropriation” de la ville par ses habitants. Ils se réfèrent parfois expressément à la notion de dérive, qui est selon Guy Debord (théorie de la dérive, 1954):

Une technique du déplacement sans but. Elle se fonde sur l’influence du décor.

Que sont ces technologies de la « dérive augmentée » ? En quoi peuvent-elles être davantage que des gadgets anecdotiques ?

Outiller la lecture urbaine

Certaines applications mobiles oscillent entre la promenade aléatoire assez passive et la démarche créative. Il y a par exemple celle intitulée “HE”, pour “Heritage Experience”, qui permet de tourner et monter des films “marchés” à partir de fragments audiovisuels géolocalisés. On connaît par ailleurs les « soundwalks », qui sont souvent sages, mais se développent parfois en hacking sonore urbain. Et avant que tout un catalogue moderne d’applications pour smartphone se constitue, il y a eu des prototypes précurseurs. Les “Flâneurs savants” ont ainsi organisé des parcours de découverte dans le quartier du Marais avec des baladeurs. Les “Urban Tapestries” de Londres ont proposé une réforme de la relation au paysage urbain par le biais d’une application mobile.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La dérive trouve des ressources inédites dans certaines applications de téléphonie conçues pour ces usages. The Pop-Up City a fait une courte sélection des plus récentes. Se détachent Serendipitor, dont Pierre Ménard a fait un test pas forcément concluant, mais aussi Shadow Cities et son orientation “multiplayer”, Glow et sa cartographie des humeurs, et Mission:Explore, pour l’instant cantonné à Londres comme terrain de jeu.

Dans tout cela, l’intérêt consiste peut-être davantage dans la démarche de l’utilisateur que dans les possibilités techniques avancées. Ainsi que l’a souligné Nicolas Nova, qu’elle soit menée par des skateurs, des activistes ou des géographes, la dérive est une « technologie de lecture urbaine ». Elle est une pratique, plus ou moins outillée, d’interprétation nouvelle d’un milieu qu’on pensait entièrement balisé et normé. Que des utilisateurs se donnent des “consignes” de pratique de la ville (dont la liste est presque infinie) au travers de ces applications, là est le piquant de ce rapport induit à la technologie. Car ils inventent ainsi de nouveaux codes et « lisent » la ville de façon originale.

La dérive situationniste en cinq leçons

Devant la masse de cette offre mobile, il n’est pas inutile de rappeler que Guy Debord et les situationnistes ont institué la dérive comme une authentique méthode d’analyse urbaine. En voici les grands principes :

  1. D’abord, la dérive est selon eux le passage rapide entre des « ambiances urbaines ». La dérive se rattache à la démarche “psychogéographique”, laquelle prend avant tout la rue comme terrain d’observation (voir l’Essai de description psychogéographique des Halles, 1958).
  2. La psychogéographie a une portée critique : elle souhaite “provoquer la crise” du système de production de l’espace urbain (voir Potlatch N°5, 20 juillet 1954).
  3. La psychogéographie est en même temps une méthode de construction d’ambiances ; elle prône un « urbanisme mouvant » (je vous invite à retrouver sur Urbain, trop urbain un prolongement architectural de cette pensée).
  4. L’”investigation”, la “découverte” et la notion de “données” sont convoquées par Debord comme faisant partie de la psychogéographie (voir l’Introduction à une critique de la géographie urbaine, 1955).
  5. Enfin, le situationnisme promeut une « pratique habile des moyens de communication ». Et l’un de ses penchants les plus naturels est l’établissement d’une “cartographie rénovée” (voir les collages de cartes que Debord réalise avec Asger Jorn, dont le Guide psychogéographique de Paris, 1957)

De quel situationnisme les technologies mobiles sont-elles le nom?

Transition entre les ambiances, recours à l’affect, déambulation choisie, activisme et subversion, valorisation des data, emploi des moyens de communication à notre portée, détournement du code, urbanisme nomade et participatif, inventivité cartographique… Ces thématiques sont bien actuelles, voire brulantes. Qui pour s’étonner à présent qu’un courant de pensée des années 1950 soit revivifié par les nouvelles technologies que nous venons d’évoquer ? J’émettrais juste un petit moderato : les « situs » buvaient énormément de vin pour dériver. Pas sûr que le « bio-mapping » de Christian Nold, qui élabore des cartes sensorielles de la ville reflétant l’intensité émotionnelle de certains espaces (dans l’est de Paris par exemple), ait beaucoup tourné au pinard…

Ce qui diffère plus sérieusement de l’époque situationniste, c’est l’ambiguïté du mapping digital fondé sur la dérive. Car d’un côté, la géolocalisation, qui fait le ressort de ces applications mobiles, expose l’utilisateur à des instruments de “surveillance”; et de l’autre côté, un univers démocratique de données générées par les utilisateurs s’offre à notre navigation dans la ville. Entre panopticon et dérive créatrice, les technologies mobiles créent un étrange court-circuit (que le théoricien Antoine Picon rapporte même à une “crise de la cartographie urbaine”).

Autre différence d’avec l’époque situationniste : ces applications mobiles et leurs usages produisent un système des objets numériques dans lequel des relations de jeu, de chasse ou d’apprentissage se composent et se défont dans la ville. Avec la dérive, la navigation devient « sociale », mais les non humains numériques « socialisent » bientôt davantage que les humains. D’où le développement d’un « Internet des objets » annoncé dès 2005 par l’Union internationale des télécommunications (ITU), qui se superpose aux Internets des utilisateurs et des données.

Des pratiques de ville sur écrans de contrôle

Enfin, le réseau de mobiles peut se prêter à une nouvelle forme d’art. « Net_Dérive » de Petra Gemeinboeck et Atau Tanaka a fait date dans ce registre. Autour de la galerie Maison Rouge (Paris Bastille), trois prototypes de téléphones étaient « promenés » dans le quartier. Ils produisaient des relevés auditifs et visuels des déplacements traduits sur écran dans l’espace d’exposition.

Net_Dérive, en transposant les applications du social software (modèle des sites de rencontre) en des termes sonores (des mélodies, des variations d’intensités) et physiques (la proximité ou l’éloignement, la distance et la présence), réalise un hybride social, musical et spatial, qui propose d’écouter et de produire une musique à plusieurs, évoluant en fonction de variables comportementales personnelles. En transformant ensuite le téléphone mobile en transmetteur de données audio et visuelles en temps réel, l’outil de communication mute en appareil de mesure et donc, également, de contrôle.

L’interaction locale du téléphone et du paysage urbain recontextualise par bribes le récit d’une dérive qui demeure en quelque sorte toujours ouverte. La transition d’un espace à un autre se double d’une historicité : il y a des traces de la dérive, laissées dans le réseau, et qui ne demandent qu’à être mises à jour par de nouveaux utilisateurs. La dérive et le mapping débouchent ainsi sur un art de raconter des histoires. L’application Wanderlust repose d’ailleurs sur ce principe de “storytelling”.

La profondeur du récit de ville que cette dérive augmentée nous livre vient cependant selon moi, en dernière instance, de ce qu’un paysage symbolique fait déjà sens pour nous.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La situation, le récit, le web

Grâce aux dispositifs numériques de dérive augmentée, la fiction peut hybrider le réel de la ville. La création numérique peut être en ce sens porteuse d’autre chose que d’un simple design d’ambiance, c’est-à-dire porteuse de pratiques. De ce point de vue, les créateurs ont quelque chose à dire que ne disent pas nécessairement les foules mobiles, notamment au niveau du récit et de la fiction. Et justement, si le web conserve encore selon moi sur ce point une préséance sur les technologies mobiles, c’est parce qu’il tient la promesse de dérive par la narration plus que par la communication. Le champ du récit digital s’est élargi de nombreux exemples de formes plurielles et discontinues de l’image de la ville. La fenêtre de l’image-web est ainsi devenue porteuse d’une poétique topologique. Œuvre numérique complexe, le webdocumentaire incarne sans doute le mieux le déploiement d’une diversité d’éléments et d’outils à fictions dans l’espace des interfaces digitales.

Il serait trop long d’énumérer ici tous les beaux exemples de créations web qui se rattachent à la dérive. Je vous livre un scoop pour finir et pour illustrer mon propos. Le prochain webdocumentaire d’Arte tv s’appelle InSitu, “les artistes dans la ville” — lancement fixé autour du 10 juillet. Essai poétique, InSitu conserve la linéarité du récit, pour sa force et le déroulé d’un propos. Ce qui n’empêche pas les ressorts du « split screen » et les approfondissements médias désormais traditionnels au genre (POM, photographies, textes, cartographie, etc.) d’apporter un réel buissonnement des fables de la ville. Faire vivre une expérience urbaine en tant que fiction est l’une des ambitions de cet objet web qui vous entrainera même… dans le temps dilaté d’un récital de cloches en Espagne (dirigé par le campanologue — si, ça existe — Llorenç Barber). Dans InSitu, la dérive fait donc l’objet d’une maîtrise formelle et pour ainsi dire d’une plastique classique dont on attendait encore du webdocumentaire qu’il puisse s’en revendiquer sans honte devant ses aînés à gros budget. Le détournement y est pris en charge par la cartographie où viendront s’épingler les projets participatifs et les comptes-rendus de pratiques de l’espace urbain. Urbain, trop urbain s’efforcera d’accompagner un peu ce mouvement, et j’invite ici tous les amis que l’écriture de la ville inspire à nous rejoindre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le détournement et la dérive introduisent un jeu sur la valeur qu’on subvertit et renverse ; ainsi qu’un jeu sur l’expérience. Le web peut cela en tant qu’il outille les pratiques de la ville, qu’il ménage ce déplacement qu’est la fiction, et qu’il rend artistique l’espace de la lecture urbaine… C’est parce que le web existe et façonne symboliquement notre paysage urbain que les applications mobiles de dérive gagnent en profondeur et en subversion (en délinquance ?). C’est ainsi qu’on peut laisser Guy Debord conclure (La société du spectacle, 178) :

Dans cet espace mouvant du jeu, l’autonomie du lieu peut se retrouver, sans réintroduire un attachement exclusif au sol, et par là ramener la réalité du voyage, et de la vie comprise comme un voyage ayant en lui-même tout son sens.


Crédits photo: Flickr CC Phil Gyford, Julian Bleecker, wallyg

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Facebook vs Twitter : Le Grand Combat du graphe social http://owni.fr/2011/04/17/facebook-vs-twitter-le-grand-combat-du-graphe-social/ http://owni.fr/2011/04/17/facebook-vs-twitter-le-grand-combat-du-graphe-social/#comments Sun, 17 Apr 2011 10:06:26 +0000 Genaro Bardy http://owni.fr/?p=57044 Depuis l’émergence des premiers réseaux sociaux, – personnellement je me souviens de la claque prise la première fois que je visitais les réseaux Friendster et Copainsdavant- les concurrents ne se sont jamais vraiment affrontés de manière évidente. On a plutôt assisté à une grande transhumance à chaque émergence d’un réseau plus performant que ses prédécesseurs.

Et finalement seuls deux réseaux ont réussi à mes yeux à retenir les utilisateurs plus longtemps qu’une simple inscription : Facebook et Twitter. Ma mince expérience d’observateur m’amène à penser que cet exode est terminé. Plus personne ne remplacera Facebook pour le réseau social grand public, plus personne ne remplacera Twitter pour les utilisations expertes et les personnes publiques.

Le graphe social, enjeu pour les nouveaux usages

Le graphe social est un enjeu crucial pour les services web et pour les entreprises ou marques qui souhaitent entrer de plein pied dans les deux prochains enjeux qui se dressent devant nous pour la prochaine décennie du web : la mobilité et la personnalisation passive ou automatique.

Ces deux enjeux ne correspondent pas à une lubie technologique, mais répondent à un besoin, à des usages.

Quel est mon besoin ?

  • je veux un restaurant japonais à moins de deux rues sans être devant mon ordi, et si personne de mes amis ne me le recommande, je veux connaître une notation fiable.
  • je veux acheter une place de ciné depuis une terrasse de café et lancer un téléchargement chez moi et décider après.
  • je veux lire les trois nouveaux livres qui m’intéresseront à coup sûr.
  • je souhaite dire à mes amis ce que je fais de manière passive pour qu’ils puissent me rejoindre de manière active, s’ils le souhaitent, si l’envie est là.
  • à un événement professionnel, je veux savoir quelles sont les personnes présentes qui m’intéressent, ce qu’elles lisent, ce qu’elles pensent;

Reprenez tous les process technologiques tacitement reconnus dans ces volontés, et vous en trouverez beaucoup, ils dépendront tous de deux critères essentiels : là où je suis et donc de l’écran que j’ai devant moi d’une part et les informations que j’ai accepté de donner au système pour que la réponse soit automatisée d’autre part. En d’autres termes: le graphe social.

Facebook pour les curieux, Twitter pour les experts

En jouant sur la corde curieuse et voyeuriste des habitants d’un campus, Facebook a réussi à se rendre addictif et à récupérer les informations personnelles de… tout le monde.

En misant sur la simplicité et la diffusion publique, Twitter a réussi à être indispensable pour ceux qui veulent aller vite ou qui souhaitent être transparents.

Les informations que nous donnons à ces deux réseaux constituent maintenant, avec la position dominante qu’ils occupent, l’alpha et l’omega du graphe social. A Facebook mon âge, mes amis, ma famille, mes intérêts, mes photos. A Twitter ce que je partage, publie, les personnes que j’aime suivre sans être leur ami. Et aux deux: ma position géographique.

L’identité numérique n’a plus besoin d’autres données

En terme d’identité, on peut considérer un troisième acteur, Google, qui a réussi à être adopté grâce à des services innovants du web du début du 21ème siècle – Gmail, Reader, Maps et beaucoup d’autres.

Mais je n’irai pas chez Google pour inter-agir. J’irai pour produire.

Google est un service, qui joue sur sa rapidité. Aussi rapide soit-il, il ne rivalisera jamais avec une automatisation personnalisée et adaptée en fonction de mon graphe social. A quoi servira-t-il d’avoir des informations sociales sur Google (+1) quand la recherche ne sera pas pertinente pour mon besoin ?

Pour ceux qui ont un smartphone, combien de fois utilisez-vous un moteur de recherche par rapport à des applications ?

Facebook contre Twitter, le grand combat du graphe social

Les applications qui répondent aux nouveaux besoins doivent avoir accès à votre graphe social pour que vous ayez besoin d’elles. Elles iront chercher ce graphe social chez Facebook et Twitter.
Regardez les applications qui explosent, notamment sur iOS comme Instagram ou GroupMe, elles automatisent la publication et la récupération de données sur Facebook et Twitter. Et c’est très bien comme ça.

J’affirme que cette bataille a pris fin. Essayons de dégager les forces en présence et d’en explorer les implications pour les deux enjeux exprimés ici, la mobilité et la personnalisation.

Les amis proches, la famille

C‘est le temple de Facebook. Que font-ils ? Quelles sont les news perso ? Quelque chose d’important dans ma vie qui ne regarde personne ? Facebook, et rien d’autre.

Twitter est public et ne laisse de place qu’à l’extime. Les seules news personnelles que je veux voir sur Twitter sont celles d’un personnage public dont je suis fan, comme Justin Bieber (c’est un exemple hein).

Conséquences : Imaginez une application mobile qui crée automatiquement un arbre généalogique qui se base sur le graphe social de Facebook et qui vous alerte en fonction de vos déplacements. Moi je sais que je téléchargerais, et j’espère donner cette idée à quelqu’un.

L’information

L‘accès rapide à l’information, le city-journalisme et la curation constituent le terrain de jeu favori de Twitter. Vous trouvez douze articles par jour qui peuvent intéresser des amis ou collègues ? Vous n’envoyez pas de mails ni ne pourrissez une timeline Facebook, mais vous pouvez partager sur Twitter.

Quelque chose d’exceptionnel arrive autour de vous ? Godzilla envahit Trouville ou vous observez le crash d’un ULM sur la Drôme ? Twittez-le, le monde vous le rendra.

L’information sur Facebook est fortuite, au mieux un coup de chance. Mais en devenant une destination permanente et multi-forme, il est possible d’organiser des listes d’informations sur Facebook et de diffuser via des pages. Cependant toutes les études montrent que les utilisateurs de Facebook aiment des pages quasiment sans jamais y revenir. Les likes sont en fait de bons indicateurs pour cibler une pub, pas pour diffuser de l’info ou du contenu…

Conséquences :

  • L’information-loisir localisée a été investie, c’était la star l’an dernier et ils gardent leur avance. Ils s’appellent Foursquare.
  • Seuls des sites comme Yelp et TripAdvisor ont encore une chance d’exister en se concentrant sur le web classique (derrière un PC).
  • Vous remarquerez que le partage Facebook et Twitter de Foursquare existe depuis le premier jour.
  • L’information générale reste l’apanage des médias traditionnels.
  • L’information professionnelle est a priori archi-dominée par Linkedin.

L’usabilité

Twitter est dur. Twitter est inutile. Du moins en apparence. Mais à la différence de Facebook on peut utiliser Twitter sans être inscrit !

La puissance de Twitter réside dans la recherche justement parce que l’information utile est publique, et Twitter l’a bien compris en mettant en avant cette particularité.
Votre objectif sur Twitter devrait être d’inter-agir avec ceux qui partagent votre intérêt, surtout pas de créer un réseau. Le réseau est une option, pas du tout une obligation. Alors que quelque soit votre intérêt, vous devriez vérifier sur Twitter ce qui s’en dit, encore plus que sur les blogs.

L’usabilité de Facebook est sa force, ce qui fait qu’ils sont les seuls à détenir le graphe social mondial. A contrario la bataille pour l’attention est perdue d’avance sur Facebook en dehors d’achats publicitaires, ces derniers démontrent des performances les plus basses jamais vues.

Pourquoi ? Parce que l’usabilité de Facebook dessert les intérêts des marques. Les gens ne vont pas sur Facebook pour acheter ou cliquer sur des pubs ou avoir une timeline remplie par des marques. Si vous voulez publier, ouvrez un blog, et relayez sur Twitter, même si vous aurez trois fois plus de fans sur Facebook. Je préfère un retweet à un like.

Conséquences :

  • Une application qui souhaite personnaliser en fonction des goûts de son utilisateur se tourne vers une interaction avec Facebook.
  • Une application qui aide à la diffusion préférera des relais sur Twitter.
  • Mais le plus souvent les deux sont concernés.

Une application sans Facebook ET Twitter n'aurait pas de sens aujourd'hui.

Le Commerce

Dans la continuité de mes assertions précédentes, le commerce en ligne n’a a priori pas sa place sur Facebook. Je crois cependant aux occasions de ventes pour des marques pour lesquelles les utilisateurs sont déjà clients. Le relais d’un webstore pourquoi pas, mais je ne crois pas au F Commerce pure-player. Je ne demande qu’à être démenti d’ailleurs.

Le commerce sur Twitter est simplement impossible car Twitter correspond à de la diffusion d’info, et la diffusion exclusive d’info commerciale est utile dans des cas rarissimes. Seuls les avis ont leur place sur Twitter.

Conséquences :

  • le M-Commerce comme le F-Commerce ont encore à mon sens trop de chemin à parcourir pour devenir un enjeu majeur en dehors de quelques marques emblématiques ou qui en ont les moyens.
  • Mais le e-commerce après tout, n’est que de la vente à distance et malgré son attrait pour certains marchés il reste encore limité.
  • Les commerces qui devraient le plus bénéficier des évolutions de ces usages nouveaux sont les commerces en dur, le retail, pour peu qu’ils apprennent à inter-agir avec le graphe social, j’ai déjà exploré quelques pistes pour y parvenir.
  • Pour les autres, ce sont plutôt les fonctions sociales qui intégreront le e-commerce que l’inverse.

C’est le graphe social qui viendra au commerce en ligne, et non l’inverse.

Le Jeu

Le jeu électronique est le loisir qui génère le plus grand chiffre d’affaires au monde. Un seul acteur a été réellement disruptif sur ce marché depuis 5 ans. Apple.

Facebook est par ailleurs devenu aussi une destination pour le jeu, mais seulement parce que Facebook est devenu une destination pour tous les usages.

Je ne vois pas de conséquences directes pour les années à venir pour la simple raison que le jeu est une activité statique, même sur un iPhone ou un iPad, qui demande très peu de personnalisation (c’est le même jeu pour tous) ou d’interactions avec l’extérieur.

Conséquences :

  • La seule conséquence notable est l’entrée des mécaniques de jeu dans des services communs, là encore c’est Foursquare qui a pris l’initiative.
  • Mais dans un monde où les applications sont les reines, chaque développeur doit se considérer comme concepteur d’un jeu.
  • C’est la mécanique ludique qui entraînera viralité et addiction à un service. Revoyez vos classiques pour les plus gamers d’entre vous.

Le jeu, même sur mobile, est statique.

Les marques, les entreprises

Paradoxalement, Facebook pêche pour les marques de par la complexité et l’étendue de la plate-forme. Quelle est la meilleure option pour une marque ? Une publicité ? Pour une page ou un lien externe ? Une page ? Un groupe ? Une application ?

Pour les utilisateurs, Facebook est une expérience fermée sur elle-même, où les marques n’ont que peu de places. Le seul intérêt pour les marques est la quantité gigastronomique d’utilisateurs, mais Facebook, contrairement à Google Adwords, ne pourra jamais se présenter comme option unique et prioritaire.

La complexité apparente de Twitter devient une force pour une petite entreprise. Un fil d’info, et basta. N’importe quelle petite entreprise comprend cela sans problème.

Conséquences :

  • Côté utilisateur, les études montrent que l’intérêt est beaucoup plus porté vers la promotion, l’offre exclusive.
  • En dehors de cela, il me semble que l’appropriation par les marques du graphe social est vécu comme une menace.
  • Mais je me plais à imaginer un moteur d’achat qui m’indique les possibilités de shopping “autour de moi”. Cette application n’existe pas encore, et elle aura besoin du graphe social pour exister.

Pour les marques, la simplicité est la clé.

Comparaison des trafics de Twitter et Facebook

Analysons enfin les différences de trafic pour Facebook et Twitter en France et dans le monde. Il n’y a pas de compétition, l’idée est ici de dégager une tendance.

Voici les différentes courbes selon Google Insights for Search :

  • Dans le monde:

Le trafic de Facebook est 25 fois plus grand que Twitter qui atteint péniblement la performance de Facebook en… 2007.


Ajoutons la courbe de Twitter seule pour nous donner une idée de la croissance :

trafic de Twitter.com depuis 2 ans

Cette courbe ne tient bien sûr pas compte des nombreux utilisateurs via des applis comme Tweetdeck, Seesmic ou Hootsuite.

  • En France

Analysons enfin les statistiques de Google Adplanner pour estimer les trafic respectifs :

Trafic de Facebook en France - cliquez sur l'image pour agrandir

Trafic de Twitter en France - cliquez sur l'image pour agrandir

On constate de larges différences de trafics qui confirment la dominance mondiale de Facebook.

Mais n’oublions pas que le trafic de Twitter reste 10 fois supérieur à Linkedin malgré ses 100 millions de membres, cela donne tout de même l’ampleur de l’avance de Twitter sur tous les autres.

Epilogue

J’ai souhaité explorer ces comparaisons pour mettre un terme à mes réflexions sur le sujet et avoir la possibilité de me concentrer sur ce qui me semble présenter le plus d’intérêt dans les nouveaux médias dans les années à venir: la vie mobile et l’automatisation de la personnalisation.

Il est certain qu’un jour, pas si lointain, Facebook deviendra pour les réseaux sociaux ce qu’est devenu IBM pour l’infrastructure, Microsoft pour le logiciel, Google pour le Web: un riche dinosaure.

Vous l’avez compris, mon avis est que la prochaine destination qui fera le succès de demain est une application mobile. Aujourd’hui deux entités ont remporté la bataille de l’infrastructure mobile, Apple et Google. C’est dans ce magma des milliers d’applications qu’émergera la star de demain, et elle sera connectée à Facebook et Twitter.


Webographie

Publié initialement sur Narominded
Illustrations Google Analytics et NaroMinded

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http://owni.fr/2011/04/17/facebook-vs-twitter-le-grand-combat-du-graphe-social/feed/ 34
#MIDEM : Les apps mobiles musicales de 2011 http://owni.fr/2011/01/30/midem-les-apps-mobiles-musicales-de-2011/ http://owni.fr/2011/01/30/midem-les-apps-mobiles-musicales-de-2011/#comments Sun, 30 Jan 2011 18:05:12 +0000 Valentin Squirelo http://owni.fr/?p=44345
Cet article a d’abord été publié sur OWNImusic.
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La première des “pitch sessions” de ce MidemNet Lab 2011 avait pour thème les applications mobiles innovantes.

Chacune des start-ups retenues disposait de cinq minutes pour pitcher son app, puis cinq minutes de questions d’un panel de juges parmi lesquels on pouvait retrouver notamment Daniel Klaus d’AppFund ou encore Tim O’Brien de Tapulous/Disney Mobile.

Sur les dix applications présentées, on pouvait clairement définir deux tendances. D’un côté les applications proposant des fonctionnalités de remix, de l’autre celles permettant de créer du lien entre les artistes et leur fans.

Airbuzz

Seule application française sélectionnée au MidemNet Lab, Airbuzz propose de connecter les fans et les artistes à travers leur mobile. Chaque artiste va ainsi pouvoir créer son site et proposer ses mp3, diffuser son actualité, interagir avec ses fans, etc. Particularité de la plateforme, elle est orienté géolocalisation, et vous pourrez donc découvrir les groupes de votre région. Un ensemble d’outils marketing est également proposé aux artistes, notamment la possibilité d’envoyer des push sms à ses fans. Les salles de concert ne sont pas oubliées, et pourront prochainement être intégrées au sein du réseau.

Amidio

Cette start up russe propose un nouveau standard de fichier musical, le .loopj. Utilisé au sein de son application iPhone et iPad, elle permet de remixer les morceaux des artistes au sein d’une interface proposant des fonctionnalités très poussées.

Bounce Mobile

Start up anglaise, Bounce Mobile nous a présenté son premier produit, Fireplayer, une plateforme mobile de remix. Une interface simple et design, où vous pourrez interagir avec le multipiste.

L’application est gratuite, mais vous pourrez ensuite acheter de nouveau morceaux pour 2,39 euros.

Bounce mobile promet de nouvelles opportunités pour engager l’audience par le biais de concours de remix et d’une integration des réseaux sociaux poussée. Autre pan de son modèle économique, la société commercialisera des variantes brandées de son app, qu’elle soit dédiée à une marque, à un artiste ou pour une radio.

JammBox

Créee par la société Jammbox qui a développée l’application mobile de découverte musicale Discovr, Jammbox Magazine sera le premier magazine musical personnalisé sur smartphone et tablette. Melant la géolocalisation, les réseaux sociaux, les contenus brandés et le temps réel, l’application proposera sur vos smartphones et tablettes du contenu enrichi par rapport à vos goûts musicaux.

Clairement une des applications qui nous a le plus impressionné, attendu d’ici quelques semaines.

Mix Me In

Encore une application de remix musical, elle permet aux fans de créer et d’acheter en temps réel des versions alternatives de morceaux de leurs artistes favoris, à la fois par le biais d’une application mobile, mais aussi au sein d’une application Facebook.

Une fois votre remix créé, vous allez pouvoir le partager sur Facebook. Vos amis pourront alors préécouter le son pendant 90 s, et l’acheter.

Une nouvelle façon de consommer un album, déjà testée en 2010 notamment avec une application pour Taylor Swift.

Lokast

Lokast est une application permettant de partager de la musique, des photos, des liens ou encore des vidéos entre utilisateurs de l’app, le tout géolocalisé dans un rayon de 90 metres. Disponible sur iPhone et Android.

Playmysong

Edité par une start up finlandaise, Playmysong est une application qui propose de choisir soi-même la musique diffusée dans le bar dans lequel vous vous trouvez. Déjà présent dans plusieurs bars finlandais, le système a vocation à se développer rapidement dans de nombreux pays. Complètement orientée social, vous pourrez gagner des points et interagir avec vos amis et les autres clients.

Le genre d’application connectant réseaux sociaux et vie réelle que nous adorons ;-)

Songpier

Encore une plateforme mobile promettant de relier les fans et les artistes par le biais de leur smartphone. Choix technologique très interessant, ils ont choisi de développer leur plateforme sous forme de webapp, et sont donc disponible pour tous les devices. Songpier permet de créer en un clic son app musicale et s’oriente vers un modèle freemium une fois sortie de la version Beta.

Mobile Backstage

Comme son nom l’indique, l’application Mobile Backstage de Steam Republic propose de créer son propre réseau social mobile pour engager ses fans, et monétiser son audience par le biais de contenu exclusifs. L’application sera disponible d’ici quelques semaines.

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Toutes les photos de cet article sont tirées des sites des applications, à l’exception de l’image de clé, fourni par ReedMIDEM.

Tous les articles d’OWNImusic sur le Midem

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http://owni.fr/2011/01/30/midem-les-apps-mobiles-musicales-de-2011/feed/ 3
Smartphones et musique : à vos Apps ! http://owni.fr/2010/11/17/smartphones-et-musique-a-vos-apps/ http://owni.fr/2010/11/17/smartphones-et-musique-a-vos-apps/#comments Wed, 17 Nov 2010 13:34:27 +0000 Benoit Darcy http://owni.fr/?p=28053 Benoit Darcy nous livre ici un bilan de ce qui se fait de mieux en applications téléphoniques à l’aube de 2011. Cet article est indispensable à toute personne prétendant s’investir dans le “music business”. Benoit Darcy (@zdar sur Twitter) est actuellement employé chez CBS interactive France. Il écrit sur son blog zdar.net, un vrai régal pour tous les amateurs de nouvelles technologies et de musique.

Enfumeur pour certains, visionnaire pour d’autres. Enfumeur-visionnaire pour moi. Force est de constater que Jean-Marie Messier n’aura pas laissé indifférent. Président de Vivendi de 1998 à 2002 – aujourd’hui holding d’Universal Music, de Canal+, SFR et d’Activision – Jean-Marie Messier aura laissé derrière lui plus de 20 milliards d’euros de dettes, des acquisitions malheureuses et survalorisées et quelques visions stratégiques justes, qui trouvent leur sens aujourd’hui. Au premier rang d’entre-elles : la convergence.

Convergence. Ce mot-valise, les journalistes l’utilisent depuis environ 10 ans pour désigner à la fois l’avancée technologique connue par les téléphones mobiles ces dernières années (agglomérant ainsi les fonctionnalités), et l’arrivée des services Web de tout ordre dans la vie de Monsieur-tout-le-monde. Aujourd’hui, la convergence a tellement opéré que l’expression tend même à disparaître. Car c’est un fait, le Web est arrivé dans nos mobiles, en version illimitée et à haut débit, et avec lui, les comportements qui vont avec. De l’avis de beaucoup, Messier avait vu juste. Peut-être quelques années trop tôt…

A qui appartient le marché ?

En France, et selon la dernière étude du Gartner Group (novembre 2010), les ventes de smartphones ont le vent en poupe. Elles sont notamment dopés par l’iPhone et les différents téléphones Androïd, mais la réalité est que ce sont trois autres marques qui dominent le marché : Nokia, Samsung, et LG. Ainsi, les parts de marché des téléphones mobiles (tous modèles confondus) sont : Nokia (28,2%), Samsung (17,2%), et LG (6,6%). Si on isole le seul segment des smartphones (il faut alors ici raisonner en OS plutôt qu’en marques), nous avons comme trio de tête : Symbian (Nokia), Androïd (marques diverses), et iOS (Apple iPhone) avec respectivement 29%, 20% et 13% de parts de marché.

L’iPhone est donc loin d’être en tête. Androïd a le vent en poupe et progresse très rapidement, et Symbian pourrait bien marquer son retour (ou du moins consolider sa position) avec les nouveaux smartphones de Nokia, en particulier le N8, dévoilé récemment.
Pourtant, c’est bien l’iPhone qui fait l’objet de toutes les convoitises. Et pour cause, ses utilisateurs sont les plus riches, ceux dont les comportements sont le plus tournés vers le Web, et le smartphone lui-même constitue l’écrin renfermant la seule entité musicale qui a prouvé sa capacité à générer du business de façon pérenne : iTunes Music Store. Mieux, une récente étude américaine, Going Mobile (réalisée par IHL Group), donne l’iPhone devant Android en intention d’achat (et de switch) de la part des possesseurs de smartphones : 56% veulent passer à l’iPhone, 44% à un mobile Androïd, 24% un BlackBerry et 10% un Windows Phone…

Les différentes catégories d’apps

Dès lors, l’application iPhone semble incontournable. Au delà des coûts, il est ici question de de reach. Puisque musique et iPhone adressent la même cible, la production d’une application devient pertinente et les approches peuvent varier. Après un tour d’horizon de l’inventaire disponible dans l’AppStore, j’en arrive à dénombrer quatre grandes tendances.

Les application d’image

Il s’agit ici de faire exister l’artiste et sa production au sein d’une application. Le rendre accessible et « searcheable » dans l’AppStore et rendre des éléments promotionnels disponibles à l’écoute ou à la visualisation. L’achat de titres ou de l’album complet est en général proposé au sein même de l’application. L’application du rappeur Drake, le petit protégé de Lil’Wayne récemment vu aux côtés de Rihanna, constitue un exemple parfait d’application d’image.

Application Drake (Réalisation : Mobile Roadie, Editeur : Universal Music Group)

Les applications ludiques

Sans mettre en avant l’artiste beaucoup plus que l’affichage du logo du groupe ou du visuel du dernier album, il s’agit de proposer au fan un divertissement dans l’univers de l’artiste en reprenant certains visuels clés ou, mieux, en mettant en scène des avatars des membres du groupe. Un lien vers l’iTunes Store mobile n’est jamais très loin et permet de quitter l’application en douceur pour aller acheter un ou plusieurs titres voire l’album en entier… Un exemple ici avec le flipper de Goldfrapp, un groupe electro-pop britannique.

Application Goldfrapp Pinball (Réalisation : Corporation Pop Ltd, Editeur : Mute Records)

D’autres exemples figurent dans l’Appstore, en particulier pour Gorillaz et Linkin’Park, deux grosses marques sur lesquelles un investissement sérieux a été consenti puisqu’il s’agit ici de jeux plus élaborés. De la 3D pour Gorillaz, et Linkin Park qui fait figure de cas d’école puisqu’on dénombre pas moins de quatre applications dédiées à la formation californienne dans l’AppStore : une application d’image (même principe que pour Drake), un jeu de type « Tapulous », et un jeu proche des « Sims » en version gratuite et limitée, et payante (illimitée).

Les applications décalées

C’est un sous-genre des applications ludiques mais elles sont tellement verticales qu’on peut les isoler dans un segment à part entière. L’un des exemples le plus probants de ce type d’application est incarné par iSébastien, l’application iPhone de… Patrick Sébastien.
Contre 0,79 euros (véridique), vous pourrez faire tourner les iPhone comme vous faites tourner les serviettes… (véridique aussi). Un compteur enregistre les tours (par le biais du gyroscope intégré à l’iPhone) et c’est parti pour des défis entres amis (assumez ou changez d’amis…). Là encore, l’utilisateur se trouve à un clic de l’iTunes Store où il pourra télécharger toute l’oeuvre de Patrick…

Application iSébastien (Réalisation : Sonacom, Editeur : Universal Music France)

Les applications immersives

C’est la catégorie la plus intéressante. Celle où on rencontre les applications les plus originales et élaborées. Il s’agit d’aller beaucoup plus loin que le niveau d’immersion que peut procurer un jeu mobile en impliquant fortement l’utilisateur. Les concepts derrière ce type d’applications peuvent être très variés. Voici deux exemples évocateurs.
Sortie récemment, l’application de Cassius, duo électro incarnant le mouvement French Touch, s’inscrit typiquement dans cette veine. Ainsi, Cassius a récemment sorti un clip dans le but de promouvoir The Rawker, leur dernier EP sorti chez Ed Bangers. Voici le clip, il s’agit du titre I Love You So et l’iPhone y tient une belle place…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En parallèle de ce clip est sorti une application iPhone reprenant exactement les même « vidéos de bouches » qui sont mises en scène dans le clip. Dès lors, l’utilisateur peut s’amuser à refaire le clip chez lui, l’application peut alors procurer une vraie expérience sociale. C’est là le degré le plus élevé de l’immersion. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que des flashmobs utilisant cette application aient lieu prochainement…

Application Cassius I <3 U SO (Réalisation : Julien Adam, Editeur : Ed Banger Records)

Bien que non-officielle, l’approche de l’application iDaft s’avère tout aussi créative. Elle permet, maintenant dans sa version 2, de rejouer les hits interplanétaires de Daft Punk Harder Better Faster Stronger et Technologic. Si l’aspect social est ici négligé, l’application jouit d’une belle popularité auprès de fans, et pourrait servir de tremplin le cas échéant à une version plus élaborée. Notons qu’iDaft2 reste une application gratuite…

Application iDaft2 (Non officielle, réalisation : Sam Vermette)

Gratuité, mécanismes de recrutement, et ROI

Au risque de m’attirer les foudres de détracteurs en mal de revenu (et ce serait légitime), je pose un postulat :

En 2010, en musique, la question essentielle n’est plus « combien un artiste rapporte t-il ? », mais « quelles sont les données en ma possession concernant la fanbase de l’artiste et comment je peux améliorer la collecte de ces données en quantité et en qualité ».

Au premier rang de ces données figurent la reine, celle qui fait l’objet de toutes les convoitises : l’adresse email. Une adresse email est un formidable moyen de de communiquer avec une base de fans, mais également, pour peu qu’elle soit associée à un travail de marketing direct ou de CRM, un moyen de qualifier et de profiler une audience. De receuillir des données socio-démographiques, des affinités par style, par artiste, par similitude.

Une application iPhone peut aider grandement à la collecte. Parce qu’il aura accès à du contenu privilégié, parce qu’il pourra visualiser un contenu avant le « grand public », parce qu’il pourra participer à un jeu concours dont la dotation sera « premium » (accès VIP, rencontre avec l’artiste, voyage pour assister à un gros concert au bout du monde, etc), un fan laissera plus facilement son adresse e-mail. Le recrutement sur iPhone est facilité par la simplification des interfaces. Une application va en général droit au but dans ses fonctionnalités, la collecte de données aussi. Un exemple avec ce que propose Mobile Roadie dans toutes ses applications, ici avec celle de Pink.

Application Pink (Réalisation : Mobile Roadie - Editeur : Sony Music Entertainment)

Les trois piliers du recrutement sont ici représentés : opt-in pour des alertes push (très utile pour réactiver une fanbase quelque peu endormie…), inscription à la mailing-list donnant accès à des exclusivités, et géolocalisation (très utile pour savoir où se situent les fans et donc optimiser des tournées, prévoir des programmations stratégiques à des festivals, vendre mieux et plus de tickets de concerts).

En d’autres termes, considérer une application iPhone comme un canal de revenu important est à mon sens une erreur. Mieux vaut la considérer comme un collecteur de données. Il n’empêche, différents modèles économiques sont à la disposition des éditeurs pour tenter de réaliser un coup-double et générer du revenu. Dans un premier temps, il s’agira d’amortir le coût de développement de l’application (comptez de 5 à 25.000 euros en fonction des prestataires et de la complexité de l’application et du package qui peut être fourni : iPhone+iPad, par exemple). Dans un second temps, cap sur le profit. Dans les deux cas, les business-models ne sont pas si nombreux et limités par les conditions générales de soumission d’une application dans iTunes Store.

L’application idéale

Si certains jeux en 3D ou certaines licences de hits existants (Tapulous…) peuvent justifier un prix conséquent dans l’AppStore (4,99 €), le modèle le plus pertinent semble être celui de l’achat de contenus payants au sein d’une application gratuite (in-App purchase) et possédant quelques fonctionnalités et contenus d’accès gratuit. C’est par exemple ce qui a fait le succès d’un jeu comme FarmVille.

Aujourd’hui – selon Jesse Schell – il y a plus de joueurs sur FarmVille que de comptes sur Twitter…

L’univers d’un groupe ou d’un artiste a tout pour coller au plus près à ce modèle. Il est possible de laisser en libre écoute ou en libre téléchargement certains titres, proposer des jeux pour débloquer d’autres chansons, tout en proposant l’achat de l’album complet sur iTunes. Même raisonnement pour la vente de tickets de concerts et pour le merchandising, même si dans ce dernier cas, il sera toujours impossible de s’affranchir de la chaîne de livraison, avec ses coûts et ses impératifs.

Ajoutez à cela des fonctionnalités de shopping social, telles qu’on peut en trouver sur le très novateur Shop Socially et vous détiendrez probablement une application profitable. Ce site, qui vient de réaliser une levée de fonds de série A (soit un premier tour de table de 1.1 million de dollars auprès de Valhalla Partners), propose de combiner avis de consommateurs, achats, et profils sociaux, sur fond de gamification. Là encore l’univers musical a tout à gagner à s’inspirer de cela.

Aujourd’hui, combien de gens font un check-in une fois arrivés dans une salle de concert pour signifier à leur groupe d’amis qu’ils vont assister au show de tel ou tel artiste. Des centaines de milliers par soir. Quelle exploitation l’industrie réalise t-elle de ces précieuses données ? A peu près aucune. Aujourd’hui, les forums dédiés aux artistes ne sont-ils pas remplis d’utilisateurs à qui des badges d’ancienneté, de comportement sont décernés ? Où est le Foursquare de la fan-attitude ? Nulle part. Il y a probablement encore d’autres pistes à creuser !

Combien ça coûte ?

Voilà. Des mots, beaucoup de mots, et toujours les même acteurs. Les gros. Universal Music, Sony Music. Et toujours les même exemples, aussi. Les gros. Pink, Linkin Park, Gorillaz, Daft Punk… Mais dans la réalité d’un artiste auto-produit, l’application est-elle envisageable. Et, en fait, sert-elle vraiment à quelque chose ? A cette question, la réponse est définitivement oui, à condition d’avoir le temps d’en exploiter les bénéfices. Dans le cadre d’une autoproduction, seul aux commandes, le temps passé à analyser sa base de fans et autant de temps en moins pour composer, enregistrer, médiatiser…

En ce qui concerne la fabrication des applications, sauf à vouloir une application tellement originale qu’il vous faudra passer par un prestataire, certaines sociétés proposent aujourd’hui des outils facilitant la création d’application pour des populations non aguerries au code… Ainsi, de la même façon que des outils comme WordPress ont permis à des millions de gens de monter un site sur Internet, des CMS pour applications font leur apparition. Une société se détache particulièrement du peloton : Mobile Roadie. Certaines applications d’artistes signés en majors sont d’ailleurs réalisées grâce à leur technologie. Voici la vidéo promotionnelle de la version « pro ». Promotionnel donc volontairement impressionnant, mais les idées fortes sont bien réelles : « build an app in minutes » et « publish once, update everywhere ».

Cliquer ici pour voir la vidéo.

OK pour les fonctionnalités et la possibilité de le faire moi-même, mais quid du coût ? Voilà ce qui ressort d’un rapide tour d’horizon : en moyenne, de 500 à 1000 euros pour une application « basique » et jusqu’à 5000 euros pour une application plus évoluée. A cela peuvent s’ajouter des coûts d’abonnement nécessaires à la publication de mises à jour de l’application ou la possibilité de connecter l’application à des flux de données : Twitter, RSS, Flickr, Facebook Fanpage, etc.

Grille tarifaire de Mobile Roadie au 15.11.2010

L’objet de cet article n’étant pas de traiter la fabrication elle-même des applications, je me contenterai ici de vous livrer quelques liens en forme de point de départ pour creuser et trouver un service qui vous convient tant sur le plan des fonctionnalités que sur celui du prix…

Mobile Roadie
Phizuu
Scribble
Custom Band Apps
Mobbase
Get Sound Around

Car là est la réalité, tiraillée entre absolue nécessité de calcul de ROI. Un grand classique économique. iPhone en main, qu’en aurait pensé Messier ?

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Article intialement publié sur: Zdar.net

Crédits photos: Benoit Darcy @zdar

Crédits photos CC flickr: csaila

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http://owni.fr/2010/11/17/smartphones-et-musique-a-vos-apps/feed/ 4
Battle #HackThePress: design + technologie + journalisme http://owni.fr/2010/09/27/battle-hackthepress-design-technologie-journalisme/ http://owni.fr/2010/09/27/battle-hackthepress-design-technologie-journalisme/#comments Mon, 27 Sep 2010 09:54:31 +0000 Admin http://owni.fr/?p=29611

Elles sont six, six courageuses équipes à cette heure – il est encore temps de vous inscrire (sabine@owni.fr) – qui se sont lancées dans la battle d’applications organisées dans le cadre de HackThePress, organisé ce mardi à la Cantine par OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, la Netscouade et le Social Media Club France. Une journée de rencontre entre développeurs, designers et journalistes, pour échanger autour des nouvelles formes de journalisme nées de la collaboration entre ces trois corps de métier et surtout les pratiquer.

Et quoi de plus concret que de demander à des teams pluridisciplinaires de réaliser une application en 48 heures, avec finalisation in situ sous les yeux des participants le jour de l’event ? Ce lundi matin les engagés ont reçu leurs sujets. Pour cette première édition, nous n’avons pas voulu corser trop les affaires, optant pour un choix large : les trois sujets en tête de Google News dans chaque rubrique à neuf heures, pour ne pas avantager OWNI, ScrapBook  l’appui : à la une, international, France, économie, sports, sciences/tech, divertissements, santé. Soit vingt-quatre pistes de travail, il ne s’agit pas non plus de coller à 100% aux titres en tête, ainsi “Fillon déclare son indépendance à l’égard de Nicolas Sarkozy” pourra servir de base de départ à une application sur les rapports entre Premier ministre et Président.

Les sujets : pour cette première édition, voici ce que le grand Algo de Google a désigné :

À la une
Fillon déclare son indépendance à l’égard de Nicolas Sarkozy
Israël reprend la colonisation mais veut encore des négociations
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International
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Chili : arrivée d’une première nacelle pour remonter les mineurs
Incident sino-japonais : Tokyo demande à Pékin des dommages

France
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Procès de l’affaire Bissonnet
Une crémation refusée pour cause de surpoids

Eco
Bourse de Tokyo en forte hausse, vigueur continue du yen
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Sciences/tech
Iran : des centrales nucléaires, ep  le site de Bouchehr affectées par le virus informatique Stuxnet ?
Démantèlement d’un réseau de cybercriminalité par les gendarmes marseillais
Lancement de Earth observation par l’agence spatiale canadienne

Divertissements
Le lapsus de Dati : fellation au lieu d’inflation
Documentaire sur la captivité Ingrid Bettancourt et Clara Rojas
Elkabbach gaffe sur Montebourg alors que son micro est encore allumé

Sport
Handball : défaite de Montpellier contre Hambourg en Ligue des champions
Foot, L1 : victoire du PSG contre Lens à l’extérieur
Foot, L1 : Payet star de Saint-Etienne

Santé
Chikungunya dans le Var
La pilule gratuite et anonyme pour les mineurs ?
Elections chez les médecins libéraux

Six teams sur le front de l’information

Six équipes se sont donc présentées pour ce premier essai : Rue89, la Netscouade feat. Mediapart, Umaps, StreetPress, et un duo d’indépendants, David Castello-Lopes et Pierre Bance -qui participeront en plus à une des conférences !- et bien sûr OWNI. Toujours dans l’optique de ne pas rebuter les participants, nous les avons laissés libres sur la forme et la technique : php, Ruby, Flash, mash-ups Google, Python, application mobile, géolocalisation, crowdsourcing, jeu, personnalisation, exploitation de base de données, etc.

Et quelle carotte les fait courir ? Le désir d’innover dans la présentation de l’information ? Le couscous du midi généreusement offert ? Nenni, un merveilleux Minitel. Le vote se fera à la fin de la journée, à main levée, alors restez jusqu’au bout !

Les temps forts de la journée

10 heures : début de la battle

11 heures – 12 heures : conférence sur les bonnes pratiques pour concevoir des applications liées à l’actualité et présentations de solutions.

Durant la pause déjeuner : les équipes feront un point sur l’avancée de leurs travaux.

- de 14h30 à 15h30 : conférence sur l’impact du datajournalisme : quelle est sa valeur ajoutée ? Quelles évolutions cela implique-t-il sur l’organisation des rédactions ? Avec la participation entre autres de Simon Rogers, du blog data du Guardian.

- à 18 heures 30 : présentation des applications préparés par les équipes. Désignation d’un vainqueur symbolique, qui gagnera un minitel. Les applications seront présentées en temps réel tout au long de la journée sur le site dédié, hackthepress.net. Vous pourrez y suivre l’événement en direct : live-blogging, live-streaming, articles, rendus des applications en temps réel…
– à 19 heures : cocktail

Et bien sûr toute la journée, des échanges informels.

Vous pouvez encore vous inscrire sur le site de la Cantine.

> Pour nous suivre toute la journée : http://hackthepress.net/ /-)

Image CC Flickr Joriel “Joz” Jimenez et nicolasnova

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http://owni.fr/2010/09/27/battle-hackthepress-design-technologie-journalisme/feed/ 0
#hackthepress à la Cantine le 28 septembre! http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/ http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/#comments Mon, 27 Sep 2010 06:52:08 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=28502

Cela avait commencé par un tweet un peu rageur, cet été, perdu depuis dans les profondeurs de ma timeline :

Et en France ? RT @journalismnews Event: ScraperWiki/LJMU Open Labs Liverpool Hack Day – Hacks Meet Hackers!

Hacks meet hackers pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la rencontre entre des corps de métier jusque-là cloisonnés dans les médias d’information : développeurs, designers et journalistes. Une minute après ce RT bougon, je lançai l’idée : et pourquoi pas en France ? Quelques g-doc plus loin, l’event était sur pied, aidé de quelques bonnes volontés :


OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, la Netscouade et le Social Media Club France vous invitent à une journée de rencontre dédiée aux nouveaux outils du journalisme, une première en France. L’occasion de pratiquer ces nouvelles formes de journalisme, dans le cadre d’une battle d’applications entre équipes de professionnels mêlant designers, développeurs et journalistes, et de réfléchir à ce sujet, dans le cadre de tables rondes et d’échanges informels toute la journée.

Il s’est écoulé moins de trois ans entre l’invention du cinéma et son utilisation à des fins journalistiques, en 1897. Alors que rien ne rapprochait la plume et la caméra, les deux métiers évoluent main dans la main depuis plus d’un siècle.

Trente ans après l’arrivée de l’informatique grand public, de nombreux journalistes ne voient toujours pas l’intérêt de travailler avec des programmeurs, quand bien même internet devient le premier vecteur d’audience !

Tout comme le cinéma et la télévision ont apporté de nouveaux moyens au journalisme sans en dilapider l’essence, la programmation et le design interactif l’enrichissent et lui ouvrent de nouveaux horizons, à commencer par le datajournalism et les applications à valeur ajoutée.

Crowdsourcing, géolocalisation, traitement des données, visualisation, multmédia, interactivité, personnalisation de l’information, actualisation en temps réel, fédération de flux… les journalistes ont désormais une palette de nouveaux outils qui modifient leur pratique quotidienne et l’expérience des utilisateurs.

C’est grâce à la collaboration au sein d’équipe pluridisciplinaires que ces nouvelles formes de journalisme peuvent se concrétiser, en particulier sous la forme d’interfaces enrichies.

OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, Netscouade et le Social Media Club France organisent une journée de rencontre et de collaboration (battle) entre équipes de journalistes, développeurs-programmeurs et designers :

le mardi 28 septembre de 10 heures à 19 heures
à La Cantine,
151, rue Montmartre, 75002 Paris
(métro Grands Boulevards ou Bourse)

Inscriptions en ligne sur le site de La Cantine

La journée sera organisée comme suit :

- de 10 heures à 18 heures : un concours de réalisation d’applications tout au long de la journée, mettant en compétition des teams de 3 à 5 personnes réunissant les trois compétences (journalistes, développeurs et graphistes) avec une restitution en fin de journée et la présentation des projets (les sujets seront tous liés à l’actualité, à la façon d’une rédaction innovante).

Avec la participation des équipes d’OWNI, la Netscouade, Umaps, Rue89, StreetPress, etc.

Proposez votre équipe > sabine[at]owni.fr

En parallèle, La Cantine sera aussi un lieu de rencontre et d’échange dédié aux nouvelles problématiques des médias.
Venez discuter toute la journée avec les acteurs de cette évolution avec en point d’orgue :

- de 11 heures à 12 heures : conférence sur les bonnes pratiques pour concevoir des applications liées à l’actualité et présentations de solutions, avec :

M. Julien Goetz, journaliste du pôle data d’OWNI.
M. Jean-Marc Delaunay, journaliste chez reporters d’espoir, auteur de l’application les cumulards du CAC 40
Melle Cécile Dehesdin et Grégoire Fleurot, journalistes chez Slate.fr, auteurs du Facebook de l’affaire Woerth-Bettencourt
M. Pierre Bance et M. David Castello-Lopes, respectivement développeur et journaliste, auteurs d’une carte interactive du chômage en France sur Lemonde.fr
Modération : Eric Scherer, directeur de la stratégie et des relations extérieures de l’AFP

Durant la pause déjeuner, les équipes feront un point sur l’avancée de leurs travaux.

- de 14h30 à 15h30 : conférence sur l’impact du datajournalisme : quelle est sa valeur ajoutée ? Quelles évolutions cela implique-t-il sur l’organisation des rédactions ? Avec la participation de :

M. Simon Rogers, du blog data du Guardian
M. Nicolas Kayser-Bril, responsable du pôle data chez OWNI
M. Christophe Deloire ou Olivier Porcherot du CFPJ
Modération : Régis Confavreux, ex secrétaire général de Télérama et ex directeur délégué de Courrier international

- à 18 heures 30 : présentation des applications préparés par les équipes. Désignation d’un vainqueur symbolique, qui gagnera un minitel. Les applications seront présentées en temps réel tout au long de la journée sur le site dédié, hackthepress.net.

- à 19 heures : cocktail

> les sujets et équipes / pour nous suivre toute la journée : http://hackthepress.net/ /-)

Crédit grendelkhan

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http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/feed/ 3
L’iPad, votre prochain outil de production musicale ? http://owni.fr/2010/09/22/lipad-votre-prochain-outil-de-production-musicale/ http://owni.fr/2010/09/22/lipad-votre-prochain-outil-de-production-musicale/#comments Wed, 22 Sep 2010 18:07:43 +0000 Eric Dupin http://owni.fr/?p=26702 Eric Dupin est consultant internet et blogueur. Son site, presse-citron.net, est une des références françaises sur les tendances du web et des nouvelles technologies.


Je me souviens d’un temps où les premières boîtes à rythme grand public ont fait leur apparition, tentant de singer plus ou moins adroitement la mythique Linn Drum. Ceux qui ont connu la jubilation de pianoter sur une TR606 me comprendront. Ont suivi les premiers samplers, probablement l’une des inventions les plus extraordinaires de l’histoire de la musique. Des machines magiques (et maintenant d’une banalité affligeante) qui permettaient d’enregistrer n’importe-quel son et de le rejouer sur un clavier de synthétiseur, avec vélocité et tonalité.

Sont arrivés ensuite les premiers magnétophones analogiques multi-pistes, avec 4, puis 8, puis 12 et 16 pistes, qui rendaient possible l’enregistrement d’un groupe complet de musiciens et plusieurs instruments directement sur une mini-cassette, avec en prime le réglage du panoramique stéréo, des effets et du volume séparé par piste.

Tout ce petit monde merveilleux a été balayé par la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) et l’émergence des home-studios numériques : un petit logiciel, une bonne carte son et hop tu deviens le fils illégitime de Mozart et de Moby. Ou l’inverse.

Quand je vois (et teste) les applications musicales pour iPad, je me dis que la prochaine révolution musicale est peut-être déjà là, en route, sous nos yeux. En fait, concernant les applications musicales, je teste à peu près tout ce qui sort en version gratuite, même si je n’en parle que très peu ici. Inutile de dire que tel l’enfant qui déballe fiévreusement ses paquets au pied du sapin dans le petit matin frileux d’un 25 décembre, je suis souvent ébahi par ce que je touche, vois et entends.

Avec la presse, la musique, l’autre killer app de l’iPad ?

Et pourtant je pense que nous n’en sommes qu’au début. Je dois avoir une dizaine d’applications de création musicale sur mon iPad, que je bidouille à temps perdu. Tout n’est pas intuitif, tout ne correspond pas à mes goûts musicaux ou à mon approche de la musique, mais toutes ont un point commun : quand vous commencez à trafiquer du son, du pitch et du beat, vous avez du mal à vous arrêter.

Ajoutez à cela la sensibilité de l’écran de l’iPad et vous avez un mix parfait pour remiser votre vieux home-studio et le remplacer par une tablette qui en outre vous accompagnera partout.

Vous êtes guitariste ? Essayez donc Guitar ou Pocket Guitar. Celui qui inventera l’application qui mixe le meilleur de ces deux-là aura droit à toute ma reconnaissance, à fortiori s’il trouve un compromis acceptable entre iPhone et iPad pour l’espacement entre les cordes (sur l’iPad c’est trop large et sur l’iPhone trop étroit). Six Strings peut-être ? Le son des acoustiques dans Guitar est tout simplement hallucinant de réalisme et de fidélité. Vous êtes pianiste, claviériste ? Vituoso HD ou JamPad feront votre bonheur. Ici aussi le son, notamment sur JamPad, est incroyable.

Six Strings

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous êtes DJ, vous aimez l’électro et mixer autre chose que de la soupe aux poireaux : jetez-vous sur GrooveMaker ou BleepPlayer, et prenez-vous pour David Sinclar ou Bob Guetta. Vous avez adoré le Gaffophone et vous rêvez de nouveaux instruments de musique pas vus ailleurs, inventés spécialement pour l’iPad ? Seline HD ou le très planant Bloom (normal, il a été conçu en collaboration avec Brian Eno) sont faits pour vous.

GrooveMaker

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Enfin, le must pour moi : le studio complet multi-pistes pour iPad : StudioTrack de Sonoma Wire Works, qui vous permet de faire du re-recording à gogo dans votre cuisine.

StudioTrack

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Musique low-cost et grands effets

Autres temps, autres mœurs, le plus savoureux dans tout cela est le coût dérisoire de toutes ces applications : les plus chères doivent dangereusement flirter avec la barre des 50 euros, ce qui à l’ère du numérique et du tout gratuit ou pas cher pourrait paraître exorbitant. « Pourrait » seulement, car je rappelle à toutes fins utiles que la moindre boîte multi-effets « en dur » pour guitare coûte… le prix d’un iPad, ou presque, soit entre 300 et 500 euros. L’usage n’est pas tout à fait le même mais c’est juste pour remettre les choses en perspective. Bref, avec un iPad (ou toute autre tablette équivalente, je précise car je n’ai aucune action chez Apple), vous avez pour quelques dizaines d’euros l’équivalent de ce que vous aurez en dur pour quelques milliers d’euros. Et vous gagnez de la place.

Bien sûr, rien ne remplace un vrai studio, ni même un home-studio, mais pour un usage occasionnel et amateur, je ne vois plus trop ce qui pourrait justifier l’achat d’un matériel coûteux, fastidieux à installer et consommateur d’espace et d’énergie.

Pas tout à fait convaincus ? Allez, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui : voici encore quelques vidéos de démonstration des possibilités offertes par les applications musicales mentionnées dans cet article. [...]. Let the music play…

Korg iElectribe

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Looptastic

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Seline HD

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cet article a été initalement publié sur le blog d’Eric Dupin, Presse-citron.net.

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cc flickr : tacoekkel, Christian Steen, docpop

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http://owni.fr/2010/09/22/lipad-votre-prochain-outil-de-production-musicale/feed/ 43