OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 De la data au street art, l’expulsion s’expose http://owni.fr/2012/11/02/de-la-data-au-street-art-lexpulsion-sexpose/ http://owni.fr/2012/11/02/de-la-data-au-street-art-lexpulsion-sexpose/#comments Fri, 02 Nov 2012 10:30:07 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=124583

Toujours pour rendre visibles les expulsés invisibles, nous diffusons nos motifs DANS LE MONDE RÉEL.

Le projet Expulsés.net, dont nous avions déjà parlé en grand bien, évolue pour sensibiliser davantage à la politique de reconduite à la frontière menée par la France en 2012.  Outre une base collectée auprès des association, en particulier RESF, détaillant le profil, partageable sur Twitter et Facebook, de chaque homme, femme ou enfant, Julien, le Bordelais à l’origine du projet a rajouté une couche IRL :

J’ai créé un kit de fabrication de figurines en argile reprenant les motifs du site. Il est produit avec une imprimante 3D et peut être reproduit et expédié sur demande à quiconque veut participer au projet. J’ai commencé à l’utiliser, à la plus grande surprise des passants qui emportent chez eux un petit totem mystérieux marqué d’une URL. Comme quoi la RepRap, ça sert pas qu’à faire des space invaders…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il est aussi possible de télécharger des stickers. Julien donne le mode d’emploi pour que ce hack urbain soit efficace : “il est toujours préférable, afin de vous éviter divers ennuis et également pour éviter que votre installation ne soit vue que par l’agent d’entretien chargé de la détruire, de diffuser sur des emplacements sinon autorisés, au moins non-affectés à des usages précis. Les centres-villes sont pleins de vitrines condamnées, de barrières provisoires en contreplaqué, etc. Choisissez des modes de diffusion alternatifs, voire n’accrochez pas votre installation et laissez les passants l’emporter chez eux en petits morceaux (c’est clairement la meilleure solution avec les figurines en argile) !”

Record de 2011 battu

La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a annoncé qu’il y aura “un peu plus” de reconduites à la frontière cette année qu’en 2011, battant le “record” de 33 000. Le gouvernement précédent avait affiché un objectif de 40 000 en 2012 en cas de réélection de Nicolas Sarkozy. La baisse des expulsions constatées depuis mars “n’est pas la résultante de consignes, mais découle de l’impossibilité de recourir à la garde à vue pour les sans-papiers depuis des décisions de la justice européenne et de la Cour de cassation”, selon une source du ministère citée par l’AFP.

“Il y a de la part de ce gouvernement, une volonté de mener une politique humaine, juste, mais très ferme sur les reconduites à la frontière”, a précise Manuel Valls, qui se dit opposé à une “politique du chiffre qui pèse énormément sur les forces de l’ordre. Elle amène à des comportements, à des tensions qui ne conduisent pas à l’efficacité.”

Le changement de gouvernement n’est donc pas rendu caduc Expulsés.net. Julien prévoit d’ailleurs de faire une installation de grande envergure avec plusieurs centaines de figurines à Bordeaux en novembre.


Images via expulsés.net

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[DIY-data] La data-girouette des promesses de Sarkozy http://owni.fr/2011/06/03/diy-data-owni-et-usbek-data-girouette/ http://owni.fr/2011/06/03/diy-data-owni-et-usbek-data-girouette/#comments Fri, 03 Jun 2011 06:42:33 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=65842 Billet initialement publié sur le Data blog d’OWNI


Dans le numéro d’Usbek et Rica actuellement en kiosque, OWNI a gentiment hacké deux pages pour lancer le data-journalisme sur le papier. Un peu dans la même veine que le kit de data-visualisation fait maison, notre DA Loguy a concocté, avec l’aide de Jean-Marc Manach et de la rédaction, une belle data-girouette à monter à la maison.

Pour vous éviter de découper dans le beau papier d’Usbek et Rica, nous vous proposons les deux girouettes ici, prêtes à être imprimées et fabriquées.

Le Zef’ de 2012

La première girouette se concentre sur les promesses de Nicolas Sarkozy en 2007. Rappelez-vous.

Ensemble tout devient possible.

Nous reproduisons ici le document.

Voilà ce que ça donne quelques quatre ans plus tard, passés à la moulinette OWNI. La girouette fait coïncider la promesse de Nicolas Sarkozy avec un fait d’actualité. Au hasard : “Je veux être le Président d’une démocratie irréprochable” se retrouve en face de “Un ministre condamné, un autre mis en examen et 30 scandales impliquant le quart de ses ministres“. On s’excuse par avance, on n’a pas fait de mise à jour de l’app-IRL avec les récents événements.

cliquez sur l’image pour la voir en grand format et débrouillez vous pour l’imprimer en A4

Un fait divers, une loi

Saviez-vous qu’en raison de la publication, dans Métro, d’une photo d’un homme s’essuyant le postérieur avec un drapeau de la France en mars 2010, un décret à été proposé par Michèle Alliot-Marie en juillet 2010 pour sanctionner l’outrage au drapeau ? Et qu’à la suite de l’attaque d’un enfant par un Rottweiler a été créé un “permis de détention de chien dangereux” ?

C’est un des rouages de la machine Sarkozy. Utiliser un fait divers pour écrire la loi. Rouage qui a inspiré la seconde girouette.

cliquez sur l’image pour la voir en grand format et débrouillez vous pour l’imprimer en A4

La data-girouette est une œuvre conçues grâce aux idées et informations dépistées par Jean-Marc Manach, Alexandre Léchenet, Sylvain Lapoix, Guillaume Ledit et Nicolas Voisin. Mises en forme et en image par Loguy. Publiée par Usbek et Rica.

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Le web est mort, vive la quiche lorraine http://owni.fr/2010/10/21/le-web-est-mort-vive-la-quiche-lorraine/ http://owni.fr/2010/10/21/le-web-est-mort-vive-la-quiche-lorraine/#comments Thu, 21 Oct 2010 15:15:04 +0000 Titiou Lecoq http://owni.fr/?p=32770 Depuis quelque temps, on assiste pour mon plus grand bonheur à un retour en grâce des Gifs animés. Comme si l’internet éprouvait le besoin de revenir à ses fondamentaux, à ce qui l’a constitué culturellement – et ce, parce qu’il sent qu’il est en train de mourir. Le retour du gif, c’est le repli vers une valeur-refuge.

Le web est en crise, vive la quiche lorraine.

Comme me l’ont fait remarquer plusieurs commentateurs, je n’ai pas parlé de Cigar Guy. Je sais. J’ai fait exprès. J’ai sciemment décidé d’ignorer un mème plutôt coolos, de le laisser vivre sa vie loin de mon blog. Pourquoi? Parce que Yahoo et Morandini ont tué le web, ce qui, d’ailleurs, n’est pas leur faute mais seulement la suite d’un processus implacablement logique.

Je m’explique. 4 jours après son apparition sur notre petite planète, Cigar guy était en home de Yahoo News. On peut se dire que c’est über-cool, que c’était un mème rigolo et qu’il est miam bon de le partager avec un maximum de gens. On peut. En l’occurrence, ma première réaction n’a pas vraiment été de me féliciter de la démocratisation de la culture web mais plutôt de pousser un long cri d’horreur.  D’abord pour une raison très mochement pragmatique: si Yahoo en a parlé, je vais pas en parler. Si je l’avais fait, je sais, oui je sais à l’avance que des commentateurs m’auraient dit “oh, comme t’es trop à la masse, c’était sur Yahoo y’a deux heures”. Le seul cas où je parle d’un truc déjà sur-médiatisé, c’est si j’ai quelque chose d’autre à en dire. Dans ce cas, il n’est plus question d’être à la pointe, juste d’apporter une analyse perso du phénomène. (Or Cigar Guy, y’avait pas trop d’analyse à en faire. C’était juste un mème photo comme on en voit toutes les semaines, il ne marquait aucun changement, si ce n’est précisément, le fait qu’il ait été en home de Yahoo.

From URL to IRL

Mais cette histoire de Cigar Guy est arrivée la semaine d’une discussion avec Coach kant au web (humour philosophique permettant de souligner la haute tenue intellectuelle de mes échanges avec Coach). On parlait de bienbienbien. Coach me disait qu’il ne voulait plus écrire sur l’interweb, qu’en ce moment, il avait envie de se lancer dans des articles sur la quiche lorraine. Or, la quiche lorraine, c’est typiquement la vie IRL. Que s’est-il passé pour que Coach écrive sur la quiche lorraine, et accessoirement pour que BBB se suicide?

Sur bienbienbien, il y a eu plusieurs problèmes mais je vais me concentrer sur un seul. On ne savait plus de quoi parler. (Ouais, je dis “on” parce que ça explique aussi pourquoi j’ai arrêté de poster dessus). Pour parler web quand on a la réputation que le blog s’était faite, à savoir un genre de défricheur, il fallait être parmi les premiers sinon on encourrait les foudres d’un lectorat de plus en plus exigeant (un problème que j’ai moins ici puisque c’est un blog perso et que je peux aussi bien parler de mes problèmes de cheveux que de mèmes).

Sauf qu’avec Twitter and co, la vitesse de propagation d’une info s’est démultipliée. L’avantage de Twitter, c’est qu’il suffit de poster un lien vers, par exemple, Cigar Guy. Poster un tweet ça prend approximativement 40 secondes. Poster sur un blog, ça demande de rédiger, de faire un petit historique du mème en question, de rajouter quelques blagues. Si j’étais vulgaire, je dirais que c’est éditorialisé. Ca prend beaucoup plus que 40 secondes. Sans oublier que BBB, comme mon blog, ne sont pas monétisés. Ils rapportent pas une thune (chose dont personnellement je me félicite). Donc ça nécessite de travailler ailleurs pour gagner du sou. Donc d’avoir un temps assez limité à consacrer au blog.

(A l’inverse, les mecs de Buzzfeed sont payés. Ils n’ont donc que ça à faire. Pareil chez Yahoo, Lepost, 20minutes ou Morandini.)

Mais bref, j’ai commencé à me dire un truc absolument terrible (et totalement faux), attention, j’ai honte, j’ai pensé “c’était mieux avant”. Genre le web c’était mieux avant. C’était pas plus riche, plus inventif, plus drôle. Non. C’était mieux parce que c’était plus petit, plus lent et plus réduit.

A quoi vous pouvez me répondre:

2004_04_13_blogsmieux(Via Blup)

Et même:

h-20-1750012-1255978919(Via Le Post)

Il y a une part de snobisme évidente dans mes regrets (y a un truc qu’on peut pas me retirer c’est la lucidité). Le snobisme d’avoir eu le sentiment d’appartenir à un petit groupe avec ses propres codes, un groupe auto-suffisant où l’on ricanait des mêmes trucs, entre nous, avec la conviction que très peu de gens pouvaient comprendre la forme et le fond de ce qu’on disait. Ceci étant, tout n’est pas perdu, ma mère m’a dit l’autre jour qu’elle entravait rien à mon blog.

Ok.

Mais le snobisme ne suffit pas à expliquer le fond de mon impression. Il faudrait décrire la caractéristique de ce snobisme. C’était le snobisme des asociaux. Parce qu’à une époque pas si lointaine, être sur Internet, c’était ringard. C’était honteux. Alors que le snobisme naît généralement d’un sentiment de supériorité, là, il partait plutôt de l’inverse, l’impression d’être entre losers.

On était entre gens qui trouvaient que la vie et les gens étaient plus beaux sur internet. Parce qu’on ne parvenait pas à mimer les codes sociaux IRL, ou parce qu’on en avait précisément assez de n’être que dans du mime. Parce qu’à ce moment-là, les gens qui étaient sur Internet passaient leurs soirées chez eux, et qu’à la télé, ils avaient rajouté un deuxième écran.

De la tare sociale à la revendication

Voir Yahoo, Morandini and co s’approprier un web qui était plutôt underground à l’origine (je ne parle pas du web type Mappy, Google, Facebook mais de la culture web type 4chan) crée donc un sentiment de perte d’autant plus fort qu’on pensait avoir enfin trouvé un truc à nous. Y avait les autres gens, l’IRL et nous. Les premiers nous disaient avec une voix où se mêlaient l’effroi, la frayeur et la pitié: “Quoi? Vous êtes devenus amis sur Internet?!” Assumer le nombre d’heures passées devant l’écran, c’était comme l’aveu d’une maladie, une tare terrible. “Tu devrais sortir de chez toi un peu…” Ah bon? Et pourquoi? Pour aller boire de la bière merdique dans une soirée où je parlerai avec personne parce que j’aurais rien à dire et qu’il faudra que je sois ivre morte pour commencer à passer une bonne soirée?

On avait une tare sociale, on l’a transformée en revendication. Et en snobisme.

Et puis, certains ont voulu partager tout ça, en parler, expliquer. Raconter que oui, l’internet inventait des choses, que parfois c’était beau, drôle, touchant, intelligent ou complètement con. Sauf que voilà, comme on l’avait toujours prédit, internet a pris de plus en plus de place dans la société. Et les moindres polémiques Twitter se retrouvent traitées sur le Monde.fr. Bientôt les blagues de 4chan feront la une de Yahoo news. Et la faute à qui? Bah à nous, à moi. Aux poufiasses qui ont ouvert des blogs et commencé à raconter chaque meme, à faire des papiers sur /b/ (attention, NSFW). Je ne nous félicite pas hein. Mais ça ne pouvait pas se passer autrement.

Saturation et écœurement

Il y a plein de conséquences à tout ça. Tenez, le dernier exemple en date c’est la Barbie geek:

barbie-geek

La conséquence positive, c’est que, de toute façon, de plus en plus de gens allaient sur internet, notamment sur Facebook, et oui, il était utile d’expliquer comment ça marchait pour de vrai. Ne pas laisser Envoyé Spécial et toute la télé en position hégémonique pour raconter de la merde sur ce qui se passe sur internet.

Et puis, il y a eu des conséquences négatives (autre billet, un autre jour) mais en résumé:

Les boîtes de com ont bien compris l’intérêt économique et la pub virale est arrivée (enfer et damnation).

Et commence désormais le LOL-politique. Ce truc insupportable qui va nous faire vomir pendant les prochaines présidentielles. On connaissait les “petites phrases”. On va découvrir les “petits tweets”. N’importe quel tweet, ou vidéo à teneur “clash politique”, va devenir un objet médiatique qui se retrouvera 10 minutes après son apparition sur lepost.fr. Ca va créer un effet de saturation et d’écoeurement et on aura envie d’écrire sur la quiche lorraine. (Un autre pilier du web français m’a avoué qu’il envisageait de se reconvertir comme fleuriste.) Donc, la quiche lorraine ou les fleurs.

Mais comme je n’ai pas encore fini ma mutation en vieille conne, le trip c’était-mieux-avant, ça m’a passé assez vite.

D’abord, parce qu’il reste quelque chose d’irréductible. Pourquoi ça c’est drôle, ça ne s’explique pas vraiment:

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Heureusement, y aura toujours des gens que ça ne fait pas rire.

Ensuite, les cercles du web se réorganisent doucement. L’interweb se démocratise à vitesse grand V. Pour le moment, ça brouille certaines frontières. (Et d’ailleurs, dans le fond, mon article sur la cyber-guérilla des hackers, ça traitait aussi un peu de ça. Leur territoire de liberté totale, qu’un certain Thomas More avait appelé Utopia, commence à être colonisé et ils le refusent.) Mais ce n’est qu’un moment. Et ce n’est pas pour rien qu’en ces temps de crise, le gif animé fait son retour.

Le gif sauvera-t-il l’interweb?

Billet originellement publié sur le blog de Titiou Lecoq, Girls and Geeks

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Crédits photo: Montage réalisé à partir de Flickr CC PaRaP, ajmexico

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Mon stagiaire est un mutant, je l’ai trouvé sur Twitter http://owni.fr/2010/03/31/mon-stagiaire-est-un-mutant-je-lai-trouve-sur-twitter/ http://owni.fr/2010/03/31/mon-stagiaire-est-un-mutant-je-lai-trouve-sur-twitter/#comments Wed, 31 Mar 2010 17:27:10 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=11269 J’ai fait la connaissance de Christophe il y a quelques mois en m’abonnant à son compte Twitter : @FoireauxLiens. J’avais repéré ses tweets d’actu qui tombaient chaque jour avec la régularité maniaque d’un fil d’agence en faisant ma petite revue de presse matinale sur ce fameux site de micro-blogging où l’on poste des messages en 140 signes en y associant des liens internet.

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Twitter est devenu un outil de veille indispensable à mon métier de journaliste… voire une drogue dure, je vous en ai déjà parlé. Alerté à deux ou trois reprises sur des “hot news” techno (la sortie imminente du GooglePhone par exemple) grâce au fil de Christophe, je me suis dis ce gars-là est un crack, une vraie moissonneuse à liens intéressants, une agence de presse à lui tout seul ! Sûrement l’un de ces jeunes journalistes web aux dents longues qui sont en train de nous pousser, moi et mes copains quadras, vers le cimetière des éléphants de l’ère Gutenberg…

Je ne l’avais jamais rencontré “IRL” (In Real Life), juste quelques clins d’œil échangés sur Twitter. Et voilà qu’un beau jour je reçois un “DM”, un direct message de Christophe me demandant poliment si d’aventure il pourrait faire un stage dans mon service aux “Échos”.

Ah bon OK me dis-je, ce gars doit être étudiant en école de journalisme. Je lui demande son CV, références, stages déjà effectués blablabla… Un blanc au bout du fil… “Heu je suis en 3ème, mais je veux devenir journaliste…”, me répond-il. Christophe a 15 ans, il vit en banlieue parisienne. Je manque de tomber de ma chaise, me ressaisis et lui dis “OK coco tu as le job”… à savoir une semaine de stage conventionné. Certes, c’est la crise de la presse, on n’arrête pas le progrès, mais chez nous on ne fait pas encore dans le mineur de 15 ans menotté à son clavier pour pisser de la copie sur tous les supports… Mais bon, tant qu’à faire, puisque je l’ai sous la main cette semaine, autant l’exploiter un peu sur mon blog !

Christophe n’est-il pas l’un de ces jeunes mutants numériques qui n’ont plus assez d’yeux pour zapper sur la multitude d’écrans de notre merveilleuse société de consommation high-tech ? Intéressant sujet d’expérience : soumettons-le à la question pour savoir comment, lui et les djeun’s en général, consomment les médias.

L’exercice est très à la mode depuis que la banque Morgan Stanley a demandé l’été dernier au jeune Matthew, 15 ans, de se livrer à cet exercice pour tenter d’y voir plus clair sur la manière dont les vieux médias, totalement largué par la révolution Internet, peuvent survivre au Big Bang numérique… J’ai d’ailleurs piqué l’idée à ma consœur Marie-Catherine Beuth qui a déjà soumis son stagiaire au questionnaire de Morgan Stanley sur son blog Etreintes Digitales.

Mais assez bavardé, voilà donc l’Oracle de Christophe, 15 ans, “digital native” de son état :

Internet est le premier média… “Les jeunes de ma « génération », celle de 1992 -1994 , sont nés avec Internet. Mais nous n’utilisons pas tous Internet de la même manière. Pour moi qui suis passionné par l’informatique et le journalisme, Internet est le premier média. Pour d’autres, c’est la télévision. Ou encore les jeux vidéos. J’utilise beaucoup Twitter car je trouve que c’est un « outil » énormément utile. Et pour énormément de choses. Twitter m’a permis d’approcher l’actualité d’une manière inédite. De parler avec des gens qui ont les mêmes centres d’intérêt que moi. Bref, de faire des choses que je n’aurais pas pu faire facilement à mon âge… Comme s’improviser journaliste par exemple. Internet me permet, rapidement et gratuitement, d’accéder aux nouvelles, dans le monde entier. Si quelque chose m’intéresse particulièrement, je peux trouver toutes les infos sans aucun problème. Ce qui n’est pas possible sur les autres médias”.


90 % de mon temps sur Twitter : “Twitter m’a même permis de trouver un stage aux Échos. C’est bien utile. Pour partager, discuter, rencontrer. Ça reste mon premier outil sur Internet. J’y suis quasiment 90% de mon « temps Internet », voir plus. « Temps Internet » qui est de l’ordre de deux à trois heures par jour pour les jeunes en général… et jusqu’à cinq à six pour les plus connectés, comme moi par exemple.”


Facebook m’inquiète
“Facebook est beaucoup plus utilisé que Twitter par les jeunes. « T’as Facebook ? », un peu marre d’entendre ça. « T’as pas Facebook ? », ça aussi. Certains passent 80 % de leur temps Internet sur Facebook et pensent que je n’ai pas envie de partager mon profil avec eux. Mais en voyant moi ce qu’ils partagent sans se soucier une seconde de leur vie privée, je trouve cela vraiment inquiétant. Donc j’évite, et j’ai lâché cette connerie depuis quelques mois”.

MSN pour rester en contact
“En revanche je laisse ma messagerie MSN connectée en permanence pour rester en contact avec quelques amis s’ils ont besoin de me joindre. Quand aux mails, les jeunes ne s’en servent pas, ils préfèrent la messagerie instantanée ou les SMS. Moi je trouve cela bien utile quand même car je peux archiver ce que je reçois et m’en resservir”.

Je regarde peu la télévision…
“Franchement, la télé ça ne m’intéresse pas beaucoup. Je préfère aller sur Internet. Si j’ai envie de voir une vidéo, je vais sur YouTube. Si un sujet d’actualité m’intéresse, il y a bien plus de chose sur YouTube qu’à la télévision : des images venues du monde entier et aussi des images tournées par des gens ordinaires qui ne sont pas forcément des journalistes. Je ne m’intéresse presque pas aux films, je préfère les documentaires qui parlent de la vie réelle et savoir ce qui se passe dans le monde. Du coup, je n’utilise pas les sites pour télécharger des films ou des séries. Mais d’autres le font beaucoup, c’est bien connu. ;-)”


Les jeunes n’achètent pas de journaux :”Ici aux Échos, j’entends parler d’inquiétudes pour l’avenir des journaux papier avec Internet. Je n’étais pas vraiment au courant de tout cela. Mais c’est vrai les jeunes n’achètent pas de journaux car cela coûte cher et c’est moins pratique. Pour s’informer, ils vont sur Internet parce que c’est gratuit, facile, mais ils sont un peu agacés quand il y a trop de publicités comme par exemple sur 20minutes.fr. Moi j’achète de temps en temps des journaux comme Le Monde ou Le Figaro. Dans la presse papier, la qualité des articles est nettement meilleure que sur le web en général. Et il y a plus d’informations, d’analyses, de contexte. Beaucoup moins de copies de dépêches d’agences de presse. Le problème c’est que pour s’abonner, il faut passer par un adulte… C’est assez bloquant. Pour que les jeunes s’intéressent aux journaux, il ne faut pas forcément inventer des journaux interactifs sur Internet mais plutôt leur faire des offres spéciales ou leur faire découvrir la presse de l’intérieur. Ce qui serait sympa ça serait de voir un peu plus comment ça marche dans les rédactions, ce genres de trucs, mais malheureusement ce secteur-là est très fermé, surtout quand on habite en banlieue…”.

Décryptage :

OK Christophe n’est pas représentatif de jeunes de son âge. Bien qu’il s’en défende, c’est un vrai “geek” qui préfère son écran d’ordinateur à la télévision au point d’y passer plusieurs heures par jour quand d’autres vont taper dans le ballon.

C’est un sur-consommateur d’Internet, l’un des rares ados que l’on croise sur Twitter (un média essentiellement utilisé par les journalistes, les technophiles et les blogueurs, sinon on en parlerait moins). C’est aussi un accro à l’info, un passionné d’actualité comme j’en ai rarement vu à son âge. Un futur journaliste peut-être, je lui souhaite s’il en a toujours envie dans dix ans (à condition que la profession n’ait pas été robotisée d’ici là ;-).

Mais aussi un lecteur de demain, puisqu’il l’est déjà. C’est justement ce qui est intéressant quand on réfléchit à l’avenir des journaux papier et des médias en général. Ce jeune mutant numérique n’a pas compris de quoi je voulais parler quand j’ai tenté de lui expliquer qu’au début de ma carrière on copiais/collais nos papiers avec des ciseaux et de la colle. Il m’a demandé “est-ce qu’on est obligé d’imprimer à chaque fois les articles ? Ça fait gaspiller du papier”. Mais il m’a aussi avoué qu’il avait commencé à s’intéresser aux journaux papier, jusqu’à les acheter, via leur site Internet. Une exception ? Sûrement.

Mais vous savez ce qu’il m’a dit ? “Vous et moi on n’est pas de la même génération, mais on n’est pas si «éloignés » finalement. Chacun de son côté essaye d’y voir un peu de l’autre côté. Moi, je suis séduis par la presse papier, voir fasciné. Vous, vous êtes devenus très fan de Twitter et des blogs…”.

Sortir du conflit de génération stérile entre vieux et nouveaux médias, amener les jeunes à s’intéresser à la presse via Internet, et faire en sorte que la presse s’intéresse un peu plus aux jeunes et à leurs nouveaux modes de consommation multi-écrans…

Pour les journaux, c’est sûrement l’une des clés pour survivre au grand Big Bang numérique. Bien avant l’éternel débat sur comment faire payer mes contenus sur Internet. Il faut toujours parler avec les djeun’s…

> Article initialement publié sur “Sur mon écran radar”

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BookCamp : tous les jours…? http://owni.fr/2009/09/28/bookcamp-tous-les-jours%e2%80%a6/ http://owni.fr/2009/09/28/bookcamp-tous-les-jours%e2%80%a6/#comments Mon, 28 Sep 2009 16:12:41 +0000 Admin http://owni.fr/?p=4013 Pierre-Alexandre Xavier fait le compte-rendu du “Book Camp” qui a eu lieu ce week-end à la Cantine. Pertinent et bien écrit :

On se croirait dans les Mailles du réseau mais en vrai, sans le maquillage littéraire de l’auteur de romans : un lieu ni anonyme, ni froid. Au tableau, un programme inscrit à la craie. En face, un assemblage hétérogène, armé de dispositifs divers, qui de son iPhone, de son Android, de son MacBook, de son carnet de notes, de son enregistreur numérique, de son appareil photo, de son micro…

> Lire la suite sur Temps Futurs

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