OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Unité! http://owni.fr/2011/05/31/unite-molle-gramme-syseme-international-medecine-biologie/ http://owni.fr/2011/05/31/unite-molle-gramme-syseme-international-medecine-biologie/#comments Tue, 31 May 2011 14:18:06 +0000 boree http://owni.fr/?p=35033 Lorsque j’étais étudiant, j’ai appris que nous devions utiliser les unités du Système International (SI) pour les résultats biologiques. Que c’était le moyen d’unifier les données internationales afin d’échapper aux particularités locales. Que ce système était légal en France depuis 1961 et que la Société Française de Biologie Clinique l’avait adopté depuis 1978.

On pourrait croire que c’est un truc qui a été fait pour les Anglais vu que le système métrique est quasiment universel. Et qu’il est lui-même fondé sur des bases rationnelles, comme l’avaient rêvé ses concepteurs lors de la Révolution française. Mais c’est plus compliqué que ça parce que le gramme ou le mètre font eux-mêmes partie des unités de base du Système International.

Donner un résultat en “grammes par litre” est donc bien une expression de type “SI”. Mais elle est beaucoup trop simple et compréhensible du commun des mortels. Du coup, ce n’est pas drôle.

“Vous reprendrez bien 1 mole de sucre ?”

Ces nouvelles unités de mesure sont donc vraisemblablement sorties du cerveau de chimistes pour lesquelles le raisonnement en “moles” doit avoir du sens même si ça n’en a strictement aucun pour M. Tout-le-monde. “Vous me mettrez aussi 3 moles de sucre, Mme l’épicière.

Mais, soit. Puisque nous évoluons dans la mondialisation, adoptons cette langua franca biologique. Finis les grammes par litre. Bienvenue aux millimoles par litre.

Le problème, c’est que ce n’est pas aussi simple. Déjà, parce qu’il y a d’autres unités qui viennent se mêler à ça. Pour les ions, on peut aussi parler en milliEquivalents (mEq) qui dépendent de la charge électrique. Souvent 1 mEq = 1 mmol. Mais pas toujours. Pour le calcium, 1 mmol = 2 mEq. Ça amuse les chimistes.

Et puis, il y a aussi, les “Unités” pour les enzymes et pour certaines hormones. Mais pas pour toutes.

En matière d’unification, on repassera…

Pour certaines données, ça ne pose pas trop de soucis, on est à peu près tous sur la même longueur d’onde. Ainsi, pour le sodium ou le potassium, on parle tous en mEq. Pour l’hémoglobine, tout le monde en France en est resté aux grammes. Pour la glycémie aussi, en-dehors de quelques acharnés.

Pour d’autres, c’est un joyeux bazar. Lorsque j’ai un confrère hospitalier en ligne et qu’on parle du taux de créatinine, ça donne souvent ça :

- Il a 12 mg de créat.
- Ça fait combien, ça ?
- Euh… 106 µmol.
- Ah, ok.

Et là, je ne parle que des Français entre eux. Quand mes patients anglais me parlent de leur glycémie à « 6,2 », je vois à peu près ce que ça fait. Mais quand un patient hollandais m’a dit que sa dernière hémoglobine était « à 7 », j’ai cru que je devais appeler le 15…

Manque « d’unités », donc.

Mais il y a encore plus amusant. Histoire d’être originaux (et de garder leur clientèle), les laboratoires d’analyse français aiment bien avoir leurs petites coquetteries. Dans mon coin, quand un laboratoire me dit que les globules blancs de mon patient sont à 7 550 par mm3, le labo d’à côté trouvera plus chic de me dire qu’ils sont à 7,55 Giga par litre.

Quand l’un va me répondre “Protéinurie : 170 mg / l”, l’autre me dira “Protéinurie : 0,17 g / l”.

Le souci, c’est qu’aujourd’hui, la plupart des logiciels médicaux permettent d’intégrer automatiquement les résultats de prise de sang dans les dossiers des patients. Avec ça, on peut faire en deux clics de jolis tableaux qui permettent de voir les évolutions sur la durée. Du coup, quand le patient change de laboratoire, ces tableaux, ça devient un peu n’importe quoi.

Et, comme on peut toujours faire pire… Chaque laboratoire a ses propres normes. Pour le laboratoire X, la “norme” de la créatinine, c’est entre 7,4 et 13,7. Pour le labo Y, c’est de 7 à 12. Et pour le laboratoire Z, c’est entre 4 et 14.

Donc quand on a un patient qui avait un résultat à 12,5 chez Y et qui a maintenant un résultat à 14 chez Z, c’est plus ? C’est moins ? Pareil ? Qu’est-ce qui est dans les normes, qu’est-ce qui n’y est pas ?

Déterminer des normes

Tout ceci m’emmerde car ça nous complique la vie. A l’heure où nous avons des logiciels médicaux qui présentent des tas de possibilités pour améliorer le suivi de nos patients, ces singularités sont ingérables.

Alors, moi je veux bien faire des efforts. Si demain, on me dit qu’il faut que je donne mes glycémies en mmol, je ferai l’effort intellectuel, je m’adapterai. Je ne trouverai pas forcément ça très parlant pour les patients, sans aucun intérêt pour le clinicien que je suis, mais d’accord. Ça me prendra sûrement un petit moment, mais je m’y ferai. Comme, petit à petit, j’ai fini par oublier les francs pour raisonner en euros.

Mais, comme pour le changement de monnaie, comme pour les unités de poids avant la Révolution, on n’y arrivera jamais si chacun continue à faire sa petite tambouille dans son coin.

Moi, ce que j’aimerais, ce serait qu’on enferme tous les biologistes de France ou d’Europe dans un grand hangar. Qu’on les y enferme et qu’on ne les laisse sortir que lorsqu’ils se seront mis d’accord une bonne fois sur quelle unité de mesure et quelles normes pour quelle donnée. Et qu’ensuite on s’y tienne en arrêtant rapidement les systèmes de « double affichage ».

Ces gens là ont bien des syndicats et des sociétés savantes dont l’utilité dépasse peut-être les négociations tarifaires. Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas arriver à ça.

Et s’ils n’en sont pas capables parce que leurs petits intérêts particuliers et leurs confortables habitudes les en empêchent… Eh bien ! Il y a la loi pour ça.

P.S. En attendant le grand soir, je me suis fais un petit tableau Excel pour pouvoir plus aisément « traduire » les valeurs biologiques les plus courantes. Je vous l’offre !


Article initialement publié sur “Le blog de Borée” sous le titre “Unité !”.

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Filtrage Internet: liaisons dangereuses? http://owni.fr/2010/12/29/filtrage-internetliaisons-dangereuses/ http://owni.fr/2010/12/29/filtrage-internetliaisons-dangereuses/#comments Wed, 29 Dec 2010 18:41:53 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=39935 Opus Dei et Internet. La piste, annonciatrice des pires théories geeko-complotistes, est périlleuse. Pourtant, elle mérite d’être explorée, et ce avec le plus grand sérieux. Car il semblerait bien qu’un encensoir frappé du sceau de l’Opus Dei se balance dangereusement, et en ce moment même, au-dessus des fournisseurs d’accès européens (FAI), que l’organisation catholique controversée pourrait transformer en nouveaux croisés, dans cette contrée dangereuse qu’est l’Internet.

Le lièvre, levé par Jean-Marc Manach et suivi par Bluetouff il y a tout juste un mois, mène tout droit dans les coulisses rarement visitées de la normalisation européenne. Depuis janvier 2008, le Comité Européen de Normalisation (CEN), en charge d’harmoniser les standards européens, a sur le feu un projet intitulé “Logiciel et Services de Filtrage de Contenus et Communications d’Internet”. Nom de code CEN/TC 365. Au menu: du filtrage pour tous, placé sous le seul contrôle des opérateurs. La réflexion, menée dans la plus grande opacité, se propose de protéger enfants comme parents des “contenus potentiellement nocifs” d’Internet. Les documents de travail, qu’OWNI a réussi à se procurer, opèrent un amalgame entre contrôle parental et censure pour tous, qui pourrait bien se solder en un balisage moral de la toile.

Et l’Opus Dei là-dedans ? C’est un peu la surprise du chef. Car aux commandes de ce projet, on retrouve Optenet, un éditeur de logiciels, notamment de contrôle parental. Or la société est à bien des égards rattachée à l’Opus Dei. Un fardeau qui pèserait moins lourd, si Optenet n’avait pas déjà été accusé à de nombreuses reprises d’avoir censuré des sites parfaitement adaptés au moins de 12 ans.

Du contrôle parental au filtrage généralisé

Tout a commencé par une réponse tardive du gouvernement français à la question d’un député. Le 1er juin dernier, Jean-Claude Mignon (UMP) s’interroge sur les moyens mis en œuvre pour assurer une “plus grande protection des jeunes internautes.” Cinq mois plus tard, le ministère de la Famille et de la solidarité répond:

La secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité a pris connaissance avec intérêt de la question relative à l’exposition croissante des jeunes internautes aux images violentes et dégradantes sur Internet. Pour une meilleure protection des jeunes sur Internet, le ministère en charge de la famille a préféré privilégier la promotion des logiciels de contrôle parental qui permettent aux parents d’assurer leur responsabilité face à Internet dans les meilleures conditions.

Et de poursuivre en détaillant le déploiement des actions gouvernementales aux deux niveaux français et européen:

La secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité a annoncé lors du comité de suivi « Internet et protection de l’enfant » du 12 juin 2009, réunissant les pouvoirs publics, les associations et les FAI, la réalisation d’une norme française AFNOR (Association française de normalisation) sur les critères d’évaluation de la performance d’outils de filtrage Internet s’appliquant à l’Internet « fixe ». [...] La version expérimentale de cette norme a été publiée par l’AFNOR en janvier 2010. Elle sera présentée devant le bureau technique du Comité européen de normalisation dans le cadre du comité de projet « Filtrage Internet » (Project Committee « Internet Filtering »). Ce comité est animé par l’Agence espagnole de normalisation (AENOR). La publication d’un premier document européen est envisagée d’ici la fin de l’année 2010.

Qu’apprend-on ici ? Que le contrôle parental est entre de bonnes mains. Enfin, “la performance d’outils de filtrage Internet” puisque déjà, le basculement sémantique a eu lieu. Pas d’inquiétude à avoir, puisque l’Exécutif annonce que cette question a déjà fait l’objet d’une norme expérimentale sur nos terres; norme qui a été par la suite proposée comme piste de travail à l’échelle européenne.

Les processus de normalisation étant tortueux et rarement aérés, un arrêt s’impose avant de plonger davantage les mains dans le cambouis. Dans chaque pays européen une organisation rattachée à l’ISO (Organisation Internationale de normalisation), est responsable d’élaborer des normes en réunissant toutes les parties impliquées et en recherchant le “consensus”, maître-mot des Afnor (Association française de normalisation), Aenor (Association espagnole…), et autres acronymes du genre. Ce sont ces mêmes antennes qui, une fois la réflexion nationale entamée, réunissent leurs experts pour tenter d’élaborer une norme européenne, toujours censée emporter la plus large adhésion possible.

Ici, c’est donc l’Afnor qui a d’abord rassemblé autour de la table une large palette d’acteurs concernés par le contrôle parental (éditeurs de logiciels, FAI, associations de protection de l’enfance,…) pour proposer une norme française, toujours au stade expérimental, qu’il est possible de se procurer en ligne, moyennant le versement des frais de droits d’auteur. Le document, intitulé “Solution de contrôle parental sur un ordinateur” ne laisse aucun doute sur sa finalité: il “spécifie les critères de performance des solutions de contrôle parental proposées par les Fournisseurs d’accès à internet”, tenus depuis novembre 2005 de fournir gratuitement un logiciel dans ce sens.

Printemps 2010: l’Afnor toujours, rejoint une réflexion européenne menée de longue date au sein d’un comité, le fameux CEN/TC 365 ou “comité Filtrage Internet”, en mandatant un collège d’experts chargé d’exposer et de défendre les positions de la France auprès d’autres États. Et c’est là que ça se corse.

“Nous n’étions pas pour cette manière de faire”

Retour à novembre 2010. Suite au papier de Bluetouff et pour tirer au clair cet embrouillamini à l’eau bénite, un coup de fil à l’Afnor s’impose. Là, l’association nous apprend son retrait récent du projet européen. Raison invoquée ?

Le désengagement de certains partenaires, sans lesquels l’Afnor ne peut plus travailler au niveau européen.

“Certains partenaires” pour ne pas dire l’État, qui a décidé, pour des questions qui n’auraient rien à voir avec le fond du dossier, de couper les vivre de l’Afnor.

Résultat: il va falloir s’adresser directement aux institutions européennes, ainsi qu’à l’Aenor, qui pilote le comité, pour en savoir plus. Nouveau pépin: impossible d’obtenir la moindre information. Composition du comité, financement, présidence, calendriers, documents de travail: rien; ni sur le site, dont l’ergonomie se prête pourtant plutôt bien à l’information du public, ni par téléphone. Du côté du CEN, on plaide que “seuls les membres du système de normalisation y ont accès”. Quant à l’Aenor, il semblerait que tous leurs interlocuteurs soient touchés soit de surdité, soit de mutisme.

Retour à la case départ, retour donc à l’Afnor, auprès de laquelle nous exigeons plus de transparence face à cette boîte noire qui décidément, sent de plus en plus mauvais. Que contient ce projet européen sur le filtrage ? Conciliante, l’association précise en prélude:

Les deux travaux de l’Afnor et du Cen sont complètement différents.

Et de trancher dans le vif:

Nous n’étions pas pour cette manière de faire. En particulier sur certaines options prises en matière filtrage.

“Convient aussi au grand public”

Et c’est le constat qui revient chez tous les interlocuteurs: l’orientation du projet européen est “bizarre”, et “manifestement au-delà des objectifs”. Au-delà des objectifs, pour ne pas dire complètement en dehors des clous, puisque le comité verse allégrement dans le filtrage généralisé: pour et aux dépens de tous. Enfants, parents: toute la smala y passe, débordant ainsi largement le simple cadre du contrôle parental.

Dans un dernier document préparatoire, soumis à l’examen des États, le comité présentait en ces termes la finalité et le champ d’application de ses travaux [ndlr: les termes ont été soulignés en gras par nos soins]:

En utilisant un produit ou un service qui répond aux exigences définies dans cette Spécification Technique, un utilisateur peut être sûr que le produit ou le service:
a) a été spécifiquement réalisé pour répondre aux besoins des parents et des caretakers (administrateurs des systèmes de filtrage) pour les protéger, eux et leurs enfants, des contenus potentiellement nocifs sur Internet;
b) a été spécialement conçu pour les jeunes enfants (maternelle) et les mineurs, mais convient aussi au grand public désireux de se protéger des contenus potentiellement nocifs sur Internet.

Deux petites propositions bien placées et voilà que la population ciblée vient de passer la majorité. Et si ces mots n’ont rien d’effectifs, ils n’ouvrent pas moins une ambiguïté, bien trop grande et donc inacceptable en matière, ultra-sensible -faut-il le rappeler ?, de filtrage Internet.

Le risque est trop grand pour laisser planer le doute, et c’est d’ailleurs en ce sens que la France aurait tenté d’intervenir, afin de supprimer toute référence au “grand public”, précisent plusieurs sources, dont l’une d’elles confie:

Un document qui fait l’amalgame entre service capable de protéger les enfants et service de protection des adultes laisse forcément un doute.

Les FAI, nouveaux croisés du réseau

Un doute qui tourne carrément à l’affolement lorsque l’on apprend que cet “amalgame” cherche à se faire oublier. Car non content de vouloir préserver la chasteté de tous les internautes, le comité de normalisation souhaite aussi le faire à leurs dépens, en favorisant le développement d’un filtrage installé non pas au niveau de l’utilisateur (comme il est d’usage avec les logiciels de contrôle parental en France), mais à la source même du contenu. Dormez sur vos deux oreilles, les opérateurs s’occupent de tout !

Alors certes, le comité fait concession d’un droit de regard à l’administrateur, lui permettant de préciser quels sites “ne doivent jamais être bloqués” ou, mieux, d’accéder “à l’intégralité du contenu disponible sur le web”. Mais s’empresse également d’y ajouter une simple clause. Qui vient évidemment tout annuler:

Cela ne peut en aucun cas supplanter le filtrage obligatoire de contenu opéré par le Fournisseur d’Accès Internet (FAI) ou mis en place dans le système de filtrage de contenu ou dans le service lui-même.

Un internaute soumis et à la capacité d’action limitée: voilà le profil souhaité par le comité de normalisation européen. Une perspective inquiétante, qui atteint des sommets lorsque l’on regarde la définition des contenus jugés “potentiellement nuisibles”: pornographie, comportements à risques, jeux en ligne; une liste parfaitement classique et légitime dans le cadre de la protection des plus jeunes, qui tourne à l’insupportable quand le spectre embrasse également le “grand public”.

Le débat se place donc bien au-delà des préoccupations françaises suscitées par la Loppsi, et les velléités de blocage du contenu pédopornographique. La confusion est totale, tellement énorme qu’elle en paraît absurde, et pourtant… Il y a quelques jours, l’Angleterre annonçait vouloir un filtrage des sites classés X, placé sous la houlette des opérateurs, afin de “changer la manière dont la pornographie s’invite dans les foyers britanniques.”


“Les jeunes se doivent — et ils le doivent également à leurs parents, leurs familles, et enfin à Dieu — de faire un bon usage d’Internet”

Je crois que le filtrage peut s’avérer un outil utile dans un grand nombre de situations.

Ces mots, ce sont ceux de José María Gómez Hidalgo, directeur de la R&D chez Optenet, et depuis peu président du comité européen Filtrage Internet. Sur son blog personnel intitulé “Nihil Obstat” (“Rien ne s’y oppose“, formule latine employée lorsque l’Église autorise la publication d’un ouvrage religieux), il détaille ainsi les effets vertueux du filtrage en cas “d’addiction à Internet”, déclinée en “un attrait excessif pour les jeux vidéo, des préoccupations sexuelles et l’envoi [intensif] d’emails et de messages”.

Depuis le 22 novembre dernier, José María Gómez Hidalgo est à la tête de la réflexion européenne sur le filtrage. Seul candidat à la succession d’un autre dignitaire d’Optenet, sa nomination, réalisée dans une certaine opacité, a fait l’objet de nombreuses réticences.

Pourtant selon l’Afnor, le président d’un comité de normalisation n’a aucun pouvoir spécifique:

Il anime les débats, n’a aucun droit de veto, et sa voix ne pèse pas davantage. Son rôle est de chercher le consensus entre les différentes parties prenantes.

Voilà pour la théorie; côté pratique, sans grande surprise, le son de cloche est parfaitement différent:

Au cours de réunions qui ont fait suite à sa nomination, certains ont rapporté qu’il ne se contentait pas d’orienter les débats, mais qu’il éludait carrément certaines questions!

Tant et si bien que certains irréductibles ont annoncé jouer intentionnellement le jeu de la présidence, afin de forcer le trait et de faire remarquer sa partialité au sein du CEN, qui ne vérifie pas a priori les inclinaisons politiques et religieuses des membres de ses comités.

Un président dont l’inclination à diriger la manœuvre européenne d’une main d’Inquisiteur inquiète d’autant plus que les faits d’armes de la société qu’il représente sont particulièrement éloquents en matière de filtrage.

Firme d’envergure internationale, leader dans le secteur des logiciels de contrôle parental, Optenet a en effet fait quelques vagues avec sa conception toute particulière de ce qui doit rester hors de portée de nos chères têtes blondes. En Espagne, des sites abordant l’homosexualité auraient été exclus de la navigation sur certains ordinateurs publics utilisant la technologie d’Optenet. Même topo en France, où les listes développées par la société servent de référence au logiciel de protection parentale d’Orange, Securitoo, qui interdirait l’accès à des sites tels Act-Up, Les Chiennes de Garde, Ni Putes Ni Soumises ou empêcherait la lecture en ligne de Lolita de Nabokov, indique Kitetoa, qui s’est aussi penché sur l’affaire. Au passage, l’entreprise ne cultive pas vraiment une image d’enfant de chœur sur nos terres, puisqu’elle a également été accusée d’avoir volé les listes élaborées au sein de Xooloo, une entreprise française concurrente; jugement dont elle a fait appel.

Le cumul aurait suffi à nous alerter, mais il y a mieux: depuis sa création, Optenet est étroitement liée au mouvement intégriste catholique de l’Opus Dei. En Espagne, ses fondateurs sont issus de l’Université de Navarre, satellite revendiqué de l’organisation. La fondation de cette institution (Fundacion Universitaria de Navarra), est d’ailleurs actionnaire de l’entreprise à hauteur de 28 %.

En France, Libération pointait en 2007 les liens du fondateur de la filiale française, Alberto Navarro Mas avec l’Opus Dei: gestion des éditions Le Laurier spécialisée dans les publications de l’Opus Dei, interventions au sein de résidences universitaires financées par l’organisation, faisaient partie de ses activités annexes.

En 2002, relève Le Monde, le conseil pontifical déclarait:

Le contrôle parental devrait s’assurer qu’une technique de filtrage est utilisée sur les ordinateurs accessibles aux enfants [...], les jeunes se doivent — et ils le doivent également à leurs parents, leurs familles, (…) et enfin à Dieu — de faire un bon usage d’Internet.

Mission visiblement endossée par Optenet qui, par ses engagements passés, et par sa nouvelle maîtrise de l’agenda européen, se tient certainement en odeur de sainteté.

Mais la croisade n’est pas encore un succès. Si elle s’approche de son terme, la réflexion du comité de normalisation européen est toujours en cours. En outre, l’Afnor précise qu’elle aboutira non pas à une “norme”, mais à une “spécification technique”. Différence de taille, puisqu’elle implique que les différents États concernés gardent un ultime droit de regard, qui leur permettra de rectifier si nécessaire le tir.

Une consolation qui ne doit pas occulter l’urgence de la situation, car comme l’indique l’un des experts engagés aux côtés de l’Afnor, le déroulement du processus de normalisation, domaine anonyme et réservé aux experts, peut très vite s’emballer. Et engendrer une véritable aberration aux relents de censure, dont les tentacules viendraient embrasser l’ensemble du réseau européen.

Illustrations CC: mlinksva, Mr. Enjoy, mava, stan et Andréia

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Photoshop, anatomie d’un désastre http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/ http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/#comments Fri, 19 Mar 2010 10:03:07 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=10303 parisbloodyhilton

PhotoshopDisasters rassemble des images retouchées à la truelle avec le logiciel d’édition. C’est drôle et révélateur de la façon dont la société occidentale construit et impose des normes esthétiques.

Elles sont parmi nous, invraisemblablement réelles. Glissées dans un magazine, placardées dans un métro. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte.
Heureusement, des yeux avertis veillent pour vous et les réunissent sur un site : PhotoshopDisasters, comme son nom l’indique, est une galerie d’images générées à l’aide du logiciel d’édition qui présentent des aberrations au regard de Mère Nature.

Lancé en 2008, le site trie les clichés selon des catégories au nom évocateur. Inadvertent amputation rassemble les photos où un membre a été coupé, comme ça, en douce :

rockbloodyit

Inversement, la victime d’une lame possède une pièce (mal) rapportée, une tête par exemple :

discountdance

Pour le collagène pixellisé, on tapera dans mutton dressed as lamb :

donnasummer

À côté des mannequins étiquetés baroque anatomy, les petites gymnastes chinoises passent pour des manches à balai :

evenlybloodygorgeous

Bon, passée la bonne poilade ludique sur le mode “cherchez l’erreur”, PhotoshopDisasters est aussi révélateur de la façon dont la société occidentale représente le corps et modèle à son tour notre vision de la norme, comme l’explique Alexie Geers, doctorante et chargée d’enseignement en histoire de l’art et des représentations à l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, et doctorante associé au Lhivic.

Quand nous parcourons le site, les aberrations physiques nous sautent au yeux. Dans leur contexte, les verrions-nous ?

Alexie Geers : Les images qui ont subi de « mauvaises » retouches ou des erreurs de retouche, le lecteur peut les déceler en étant un peu attentif. Un bras ou un pied oublié est visible, cependant ces images étant faites pour être regardées rapidement, très souvent le lecteur ne s’en rend pas vraiment compte. Les autres images, « bien » retouchées, et ce sont les plus nombreuses, ne sont pas remarquées forcément comme telles. Bien que nous sachions l’image retouchée ou travaillée, nous ne savons pas à quel point.

Que racontent ces photos sur la façon dont notre société construit une représentation normée du corps ?

Ces images, issues par exemple de la presse féminine, montrent des corps uniformisés, correspondant aux canons de beauté contemporains, toutes les étapes de la fabrication des images (car il ne faut surtout pas oublier qu’il n’y a pas que la retouche qui permet de fabriquer une photographie) permettent de gommer les aspects d’individualité (grains de beauté, nez légèrement tordu…) et de mettre en avant certains autres aspects, plus idéalisés (peau lisse, minceur, cheveux brillants…).

Des retouches aussi déformantes sont-elles courantes ?

Oui, mais la plupart du temps, la retouche est « bonne », c’est-à-dire qu’on ne la voit pas, on peut l’imaginer certes, mais la technique n’est pas visible. Les exemples de PhotoshopDisasters sont des exemples d’erreurs, de « mauvaises » retouches. Un corps peut être entièrement transformé, remodelé sans que le lecteur ne le voit, n’ayant jamais rencontré le modèle ! Souvent la rupture est visible lorsqu’il s’agit de quelqu’un de connu, voir Monica Belluci ou Sharon Stone avec des visages de jeunettes de 25 ans surprend toujours.

Quels secteurs y recourent le plus, et qui s’adressent à quels publics ?

La publicité, la presse féminine et aussi l’affiche de cinéma sont les plus gros consommateurs de ce type d’images, ceci s’expliquant aussi par leurs budgets, très importants. Car des images comme ça coutent chères, elles demandent beaucoup de travail.

Mais je dirais qu’aucun secteur n’y échappe, je crois qu’aujourd’hui toutes les photographies sont retouchées, même a minima. D’ailleurs il faut se poser la fameuse question : où commence la retouche ? Est-ce au moment où on opère une légère chromie ? Ou au moment où l’intervention est plus grosse ? Il est assez amusant de voir que la retouche est toujours définie à côté de la photographie alors qu’elle fait entièrement partie d’elle.

Quel est le risque d’une telle pratique ?

Je ne vois pas vraiment de « risque » dès l’instant qu’on est bien conscient que ce qu’on a sous les yeux est une image et non la réalité. Une photographie de publicité cosmétique n’est pas moins conforme à la réalité qu’une Vénus d’Ingres ! Il faut comprendre que l’image photographique n’est pas la réalité et balayer une bonne fois pour toute l’idée qu’elle comporte l’objectivité. La photographie est une composition et dans ces exemples, elle est travaillée autant qu’un dessin. Elle se situe, de la même manière, entre la réalité et l’imaginaire, et pas forcément plus près de la réalité.

Marie-Claire a annoncé un numéro « 100% sans retouches », la députée Valérie Boyer a proposé une loi qui obligerait à signaler les photos retouchées…, pensez-vous que l’on va revenir vers plus de naturel dans la représentation des corps ? Ou nous avons besoin de représentation idéalisée du corps ?

La démarche de Marie-Claire dans ce numéro est différente de la proposition de loi de V. Boyer, car le magazine veut montrer que, sans retouche, le magazine n’est pas si différent qu’avec (et donc essayer de dire qu’il n’use pas de la retouche). La députée veut écrire sur l’image photographique : « attention ceci est retouché, ceci n’est pas la réalité ».

À mon sens être éduqué à l’image serait une bien meilleure solution pour avoir un regard critique face au flot d’images qui nous entoure ! Apprendre qu’en effet l’image n’est pas la réalité ! (et ce n’est pas Magritte qui dirait le contraire.)

Si l’on regarde les images de presse féminine cette dernière année , on peut voir une idéalisation très prononcée. Où allons-nous ? Vers plus de naturel ? Je ne le pense pas. Car n’oublions pas que derrière toute ce système de représentation (presse féminine, publicité), il y a des industries cosmétiques, qui ne sont pas prêtes d’abandonner leurs moyens de convaincre. Surtout que le corps idéalisé est un moyen diablement efficace. Vous avez raison, en quelque sorte « nous avons besoin de représentation idéalisée ». Pour preuve la campagne Dove qui utilisait des modèles différents, des femmes rondes, plus âgées, des femmes comme « tout le monde », la campagne a beaucoup plu aux femmes, mais n’a pas eu de bons résultats commerciaux…

L’éducation à l’image, un vaste chantier auquel quelques ouvriers s’attellent…

Toutes les photos sont reprises de PhotoshopDisasters.

Quelques liens pour aller plus loin :

> sur l’image

Le blog d’Alexie Geers, L’Appareil des apparences, consacré entre autres aux photographies de corps féminin dans la presse féminine, et en particulier son billet sur le numéro “100% sans retouches” de Marie-Claire

Métamorphoses de Valentina Grossi, aborde la retouche numérique.

Les deux blogs d’André Gunthert sur Culture visuelleTotem et spécialement cette analyse et L’atelier des icônes ; et cet article paru sur Etudes photographiques

> sur l’éducation aux médias

Cellulogrammes, un atelier pédagogique sur à l’éducation à l’image, auquel s’est associé Curiosphere.tv, la web-tv éducative de France 5.

Le site de l’association Paroles d’images, présidée par Rémy Besson, et son blog.

Zéro de conduite

Le Clemi

Passeursdimages

Et pour finir, une vidéo montrant comment on transforme une jolie femme en une image publicitaire pour Dove.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/feed/ 5
Marie-Claire sans retouches ? http://owni.fr/2010/03/19/marie-claire-sans-retouches/ http://owni.fr/2010/03/19/marie-claire-sans-retouches/#comments Fri, 19 Mar 2010 10:01:13 +0000 Alexie Geers http://owni.fr/?p=10313 Quand le magazine féminin promet un numéro d’avril 100% sans retouches, qu’entend-il par là et que veut-il démontrer ? Alexie Geers, auteur du blog L’Appareil des apparences sur Culture visuelle, et nouvelle venue sur Owni, analyse l’opération.

Un an tout juste après Elle et ses stars photographiées «sans fards, sans maquillage, sans retouches» par Peter Lindbergh, Marie-Claire, nous promet, pour son numéro d’avril 2010, un numéro «100% sans retouches».

Elle, avril 2009, "Stars sans fards, sans maquillage, sans  retouches" (Monica Belluci)

Elle, avril 2009, “Stars sans fards, sans maquillage, sans retouches” (Monica Belluci)

Marie-Claire, avril 2010, Une, "Numéro 100% sans  retouches" (Louise Bourgoin)

Marie-Claire, avril 2010, Une, “Numéro 100% sans retouches” (Louise Bourgoin)

Selon Christine Leiritz, directrice de rédaction et éditorialiste, « nulle retouche, pas de tricherie »[1] dans ce numéro, pensé comme un pied de nez à la proposition de loi de Valérie Boyer[2]:  «Ce que nous voulons montrer est limpide. Marie-Claire n’offre pas une «représentation erronée de l’image du corps dans notre société» comme le craint la députée, à grand coup de logiciels de retouche, de castings de filles maigrissimes et d’injonctions à maigrir. Marie-Claire, pas plus, n’offre à ses lectrices une image réductrice d’une beauté unique et d’une jeunesse éternelle».

Une petite observation dudit magazine s’impose au regard de ce discours.

La directrice de rédaction mentionne que «les publicités ne sont pas concernées» par la non-retouche, seules les photographies dites éditoriales participent au défi. Or sur les 322 pages que comporte ce numéro, 123 sont des publicités pleine page: 30% du magazine échappe donc à la «non-retouche», donnant au numéro un aspect visuel tout à fait proche de ce dont on a l’habitude.

L’éditorialiste en a d’ailleurs parfaitement conscience «Pas sûr, même, que si nous n’avions pas ajouté la mention “photos non retouchées” vous auriez perçu un quelconque changement»…

Prêtons attention au 70% restant et aux «photographies non retouchées».

Tout d’abord, que signifie «sans retouche»? A quel moment commence la retouche d’une photographie? Au moment de l’éclairage qui unifie le visage et qui gomme les pores? Au moment du choix d’un noir et blanc légèrement surexposé? Au moment de la chromie qui elle aussi peut se révéler avantageuse? Ou plus généralement avec l’utilisation de la palette graphique et des outils de modifications numériques?

Bien entendu la rédaction de Marie-Claire entend la retouche dans son acceptation la plus courante (voir le débat sur le Worldpress[3]), la retouche numérique soit toutes les modifications que l’on peut faire sous Photoshop, mincir les modèles, effacer rides et boutons…

Pourtant les photographes n’ont pas attendu Photoshop pour donner à leurs modèles l’apparence la plus avantageuse. Ainsi si l’on regarde de plus près  la page 227 (dossier mode), bien que l’image n’ait peut-être pas subie l’action d’une gomme Photoshop, il est certain que par le travail du photographe, une partie des “défauts” si souvent traqués dans la presse féminine, disparaissent d’eux-mêmes sous l’effet de l’éclairage et du noir et blanc. Sans évidement parler du choix du modèle, lui aussi capital.

Dossier mode "Peps un the city", in Marie-Claire, avril  2010, numéro 100% sans retouches, page 227

Dossier mode “Peps un the city”, in Marie-Claire, avril 2010, numéro 100% sans retouches, page 227

Ainsi on comprend aisément que la construction d’une image photographique se fait autrement qu’en retouchant.

A la lecture de l’éditorial de Christine Leiritz, un second point me semble intéressant:  c’est la volonté de prouver que le magazine ne donne pas d’ «injonctions» à maigrir ou à l’éternelle jeunesse. Cependant, quels articles peut-on lire: “Nouvelles crèmes minceur” (p. 193), “Médecine esthétique, des nouveautés futées” (p. 204 ), ou encore “Aides minceur à dévorer” (p. 285)… soit des articles en complète opposition avec le discours de la rédaction voulant montrer des femmes qui s’assument et qui sont bien dans leur peau.

D’ailleurs, en regardant l’illustration de l’article sur “les nouvelles crèmes minceurs” (p. 193), on peut voir une image de quatre modèles très minces, qui dans un numéro traditionnel et “retouché” auraient subies un remodelage des cuisses pour les …rendre plus rondes! En définitive, dans cet exemple, la version sans retouche montre des corps plus minces que si l’image avait été retouchée.

"Nouvelles crèmes minceur", in Marie-Claire, avril 2010,  numéro 100% sans retouches, page 193.

“Nouvelles crèmes minceur”, in Marie-Claire, avril 2010, numéro 100% sans retouches, page 193.

Ce qui fait réfléchir à la place du discours. Si l’image a une place importante dans la presse féminine, il ne faut pas oublier la diversité du discours proposé par celle-ci. Comme nous l’avons dit plus haut, il y a 123 pleines pages de publicités, dont par exemple 49 pages pour la cosmétique (crèmes, maquillage, complément alimentaires “beauté”) vantant les mérites de produits censés «activer la jeunesse» ( Lancôme, Généfique), «camoufler les imperfections» (Séphora, BareMinerals), lisser les capitons et resculpter (Elancyl, Offensive cellulite),  «amincir jusqu’à 20%» (Somatoline Cosmetic, Traitement amincissant intensif )…

On peut alors se demander ce que retient la lectrice du feuilletage de ce magazine «spécial»?

Car si les images ne sont pas «retouchées», au sens «modifiées sous Photoshop», elles sont pourtant bel et bien travaillées, fabriquées, composées. D’autre part la coexistence d’article sur la minceur, sur la quête de perfection n’a pas disparu, ni les publicités du même ordre. Ce qui remet a priori en question l’idée de la rédactrice selon laquelle «Ce ne sont pas les images qui créent des schémas sociaux, comme cette proposition de loi veut nous le faire croire, mais les schémas sociaux qui se reflètent sur ces images».[4]


[1] LEIRITZ Christine, “Pas (re)touche!”, edito in Marie-Claire, avril 2010, page 30.

[2] Proposition de loi relative aux photographies d’images corporelles retouchées, http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1908.asp

[3] GUNTHERT André, “Le détail fait-il la photographie”, L’Atelier des icônes, 7 mars 2010, http://culturevisuelle.org/icones/447

[4] LEIRITZ Christine, “Pas (re)touche!”, art. cit.

Billet initialement publié sur L’Appareil des apparences, blog de Culture visuelle

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