OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Made in ma bibliothèque http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/ http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/#comments Tue, 10 Jul 2012 09:47:33 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=115778

Entrailles de MakerBot par Bre Pettis -cc-

Début juillet, la bibliothèque de la petite ville de Westport aux États-Unis a inauguré un nouvel espace. De nouveaux fauteuils plus confortables ? Non, un makerspace, ces lieux où les gens fabriquent des objets.  Quelques mois plus tôt, la Fayetteville Free Library (FFL) avait, la première, entamé ce projet, avec son fabulous laboratory, un clin d’œil aux fabrication laboratories du MIT, un concept similaire mais avec des contraintes.

Ces deux initiatives augurent d’une évolution du rôle des bibliothèques. Après avoir facilité l’accès à Internet et aux outils médiatiques, elles se mettent à accompagner leurs publics dans leurs envies de création. En mai, un symposium intitulé de façon éloquente “Made in a Library” y a même été consacré, à l’initiative de l’Online Computer Library Center (OCLC) et  du Library Journal. Genèse de cette mue par Lauren Britton Smedley, “directrice du développement translittéraire” (sic), à l’origine de l’idée :

J’ai d’abord appris sur l’impression 3D dans un cours intitulé “innovation dans les bibliothèques publiques” à l’université de Syracuse, où je travaillais mon master en sciences de l’information et des bibliothèques. J’ai écrit un projet de fab lab ou de makerspace dans une bibliothèque publique… Sue Considine (la directrice exécutive de la FFL, NDLR) a aimé l’idée et m’a embauchée pour la mettre en œuvre à la FFL.

Les bibliothèques publiques sont là pour fournir un accès libre et ouvert à l’information, aux technologies et aux idées. Construire un makerspace (ce que nous appelons un Fabulous Laboratory) à la FFL offrira à notre communauté la possibilité d’avoir un accès à cette technologie qui change le monde.

Aider les usagers à créer

20 commandements pour une société autofabriquée

20 commandements pour une société autofabriquée

Pour accompagner la révolution des FabLabs, permettant à chacun de produire des objets grâce à des imprimantes 3D et ...

La technologie en question, c’est la fabrication numérique, ce processus par lequel on transforme des plans conçus sur un ordinateur en des objets bien tangibles, en s’aidant de machines-outils assistées par ordinateur : imprimante 3D, fraiseuse, découpe laser, etc. Celle qui démultiplie les possibilités offertes par la bidouille, le DIY (Do It Yourself). C’est le “from bits to atom” (des bits aux atomes), que certains considèrent comme la prochaine révolution industrielle.

Une révolution qui touche aussi les individus dans leur capacité à créer en fonction de leurs envies, grâce à la démocratisation des outils et à la puissance (potentielle) de partage et d’entraide d’Internet. Aux États-Unis, c’est un véritable phénomène de société, incarnée par le mouvement des makers, qui exalte l’inventivité personnelle. Maxine Bleiweis, le directeur de la bibliothèque de Westport, est fier que son établissement monte en pionnier dans ce train  :

C’est une tendance nationale que vous allez voir balayer le pays et vous voyez ici un de ses tout premiers lieux.

Le lieu du fablab de Fayetteville encore en travaux en janvier 2012 -cc-Theron Trowbridge

Cette révolution s’effectue en douceur dans les makerspaces, hackerspaces, fab labs et autres techshops, en plein essor depuis quelques années. Les ponts se sont créés, naturellement, détaille Lauren Britton :

Je travaille et j’échange avec beaucoup de makerspaces à travers le pays. Et aussi quelques hackerspaces. Par exemple, Bre Pettis, de NYCResistor, un des créateurs de la MakerBot (un modèle d’imprimante 3D grand public open source très populaire, NDLR). Nous avons eu beaucoup de conversations sur ce qui trouve sa place dans un makerspace de ce type.

Et d’autres gens des makerspaces de Detroit, et j’ai beaucoup lu dessus… Il faut à la fois répondre aux besoins de la communauté et toucher les gens qui ont fait cela avant.

Service public et €€

Aux États-Unis, cette implémentation se justifie d’autant plus que lesdits espaces ont souvent un accès (cher) payant, contrairement à la France, alors que les bibliothèques publiques offrent leurs services pour un abonnement modique. Toutefois, le concept n’est pas dénué de considérations entrepreneuriales. À la FFL, le fab lab côtoiera… un centre d’affaires. Le tout forme un “creation lab” dévoilé fin juin, qui soulève certaines espérances si l’on en croit le montant de la bourse accordée par le sénateur de l’État de New York : 250 000 dollars. Les entrepreneurs du coin pourront donc venir, gratuitement aussi pour le moment et dans la mesure du possible, le business model n’étant pas fixé.

Cette fonction d’incubateur de start-up est devenue classique dans ce type d’espace. Elle remonte en fait à la belle époque des hackers de hardware. Comme le rappelait Dale Dougherty, le héraut de la communauté des makers, Apple est né dans un club d’informatique qui préfigurait les hackerspaces, le célèbre Homebrew Computer Club.

À en juger les nombreuses sollicitations reçues par Lauren Britton Smedley, les makerspaces devraient fleurir dans les bibliothèques américaines. En revanche en France, il faudra attendre un peu. Apparemment, seule la médiathèque de Toulouse a fait un pas dans ce sens. Fin juin, le temps d’une journée spéciale, le fab lab Artilect et le hackerspace Tetalab avaient posé leurs imprimantes 3D.  Avec un certain succès.


Photos de la Fayetteville Free Library par Theron Trowbridge (cc-bync) et entrailles de la MakerBot par Bre Pettis (cc-bync)

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Le code, c’est chic, c’est fric http://owni.fr/2012/06/21/le-code-cest-chic-cest-fric/ http://owni.fr/2012/06/21/le-code-cest-chic-cest-fric/#comments Thu, 21 Jun 2012 10:06:42 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=114047

code, code, code, pendant le hackathon de voxe.org - (cc) Ophelia Noor pour Owni

10 millions de dollars : moins d’un an après son lancement en août 2011, Codeacademy vient d’effectuer une belle levée de fond. Ce site d’apprentissage interactif de la programmation avait déjà réuni 2,5 millions de dollars lors du précédent tour de table en novembre dernier.

Parmi les investisseurs successifs, on trouve quelques noms sexy dans le petit monde des start-ups des nouvelles technologies : Union Square Ventures, qui a mis de l’argent entre autres dans Foursquare, Tumblr ou bien encore Twitter ; Index Ventures, qui compte dans son portefeuille Skype, SoundCloud, MySQL, etc ; Kleiner Perkins, qui a mis des billes dans Spotify, Klout, Zynga… ;  Richard Branson, le fondateur de Virgin.

Un tableau de chasse à l’image de l’engouement que suscite l’apprentissage du code, en particulier aux États-Unis. Le “programmer ou être programmé” de l’écrivain américain Douglas Rushkoff semble avoir fait tilt dans plus d’une tête. La courbe de croissance de Codeacademy est affolante, à tel point qu’elle se définit maintenant comme “une entreprise mondiale” ayant atteint le saint Graal de la scalability , l’extensibilité en bon français : des centaines de milliers d’utilisateurs, 50% de leur audience hors des États-Unis, 400 cours, le tout assuré par neuf employés. Et ce n’est que le début donc.

Facile.

Storytelling

En bons adeptes du storytelling, les deux (très) jeunes fondateurs Zach Simms et Ryan Bubinski expliquent avoir fondé Codeacademy pour pallier un manque en matière d’éducation :

J’enseignais moi-même la programmation et j’étais extrêmement frustré de ce que je trouvais dans les livres, les vidéos et partout ailleurs en ligne. Dans le même temps, Ryan avait déjà enseigné à des centaines d’étudiants alors que nous étions à Columbia et que nous cherchions comment enseigner à des millions en plus. [...]

Mary Meeker de Kleiner Perkins a visité nos bureaux [au début de l'année]  et a décrit un panorama des quelques industries qui avaient besoin d’être secouées, l’éducation figurait en tête. [...] Nous avons passé beaucoup de temps à parler à Saul et Mary, et Mike Abbott chez Kleiner du futur de l’éducation, de la programmation et de nos forces de travail.

Il est vrai que l’école a du mal à prendre en charge cette partie et les appels à ce qu’elle intègre l’enseignement du code dans les programmes sont récurrents : Eric Schmidt, le président exécutif de Google, a ainsi taclé la Grande-Bretagne, le pays qui a inventé l’ordinateur, pour avoir “gaspillé son fantastique héritage en informatique”.

Si des initiatives similaires existent, comme CodeSchool, O’Reilly ou WebMaker et les Summer Code Party de la fondation Mozilla, aucune ne revendique un succès aussi fort. Mathieu Nebra, qui a fondé à treize ans en 1999 le Site du zéro, un alter ego français à succès, puis une société autour, émet des hypothèses :

Ils ont été très médiatisés, pourquoi ? Je ne sais pas… C’est un concept ancien, qu’ils ont réussi à simplifier et à rendre sexy.

Sexy et gratuit, ce qui aide. Si sexy que le maire de New York Michael Bloomberg a twitté qu’il allait s’y mettre aussi cet hiver, assurant au passage un beau coup de publicité gratuite :

Le #codeyear du tweet est une référence à l’opération lancée en janvier par la jeune entreprise, qui alimente ainsi son propre succès. Dans sa veine éditoriale, Code Year délivre un discours démystifiant sur le code, que certains imaginent comme un monde mystérieux et ésotérique et élitiste (un discours entretenus par certains programmeurs jaloux de leur pré-carré :)

Code Year est un cours introductif pour quiconque souhaite apprendre à programmer. Code Year commence avec les fondamentaux et enseigne les concepts à travers des cas concrets.

make($) sinon end(game)

Il y a juste un truc qui cloche, comme le souligne Mathieu Nebra :

Le montant de la levée de fonds ne m’étonne pas, aux États-Unis, il faut toujours rajouter un zéro. Mais la boite n’a aucune source de revenus. Ils pourront valoriser la base de leurs utilisateurs pour en faire une CVthèque ou faire payer les fonctionnalités. Mais leur communauté risque de ne pas être stable, comme elle s’est construite sur une hype.

Levée de fonds, succès foudroyant, jeunes fondateurs, buzz, Codeacademy a des parfums de micro-bulle. Si elle dispose d’un petit matelas de billets qui lui permet d’envisager le court terme sereinement , l’équation à long terme est inévitable : make($) sinon end(game) // just a copy/paste from myspace’s source.


Photo par Ophelia Noor pour Owni pendant la session hackathon d’applications organisée par l’association Voxe.org pour la présidentielle 2012

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Les hackers débrident la Chine http://owni.fr/2012/05/08/les-hackers-debrident-la-chine/ http://owni.fr/2012/05/08/les-hackers-debrident-la-chine/#comments Tue, 08 May 2012 07:39:23 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=108086

Dans l’imaginaire, le hacker chinois est un vilain pirate, parfois à la solde du gouvernement. Si ces black hats sont effectivement une réalité, une communauté de “gentils” hackers prend son essor en parallèle. Jusqu’à présent fournisseur en leds et autres circuits imprimés des hackerspaces du monde entier, les Chinois mettent à leur tour la main dans le hack. Illustration de cet envol, deux grands événements dédiés aux bidouilleurs créatifs de tous poils, hackers et makers, sont organisés ce printemps. Maker Faire, un concept de foire populaire né aux États-Unis et depuis décliné avec succès sur d’autres continents, s’est tenu pour la première fois en Chine en avril : Shenzhen, une ville au sud du pays jouxtant Hong Kong en pleine explosion économique, a accueilli des adeptes du DIY (do it yourself, fais-le toi-même). Et Maker Carnival a clos ses festivités samedi à Beijing, la capitale du pays, sur le même principe : des exposants, des ateliers, des rencontres.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Que mille hackerspaces fleurissent

L’Afrique, berceau de la bidouille

L’Afrique, berceau de la bidouille

Traversée par la tradition de la bidouille, l'Afrique manquait jusqu'ici de lieux où développer cet esprit. Mais le ...

À l’origine du mouvement, on trouve des Chinois qui ont eu l’occasion de s’expatrier ou de beaucoup voyager. Ricky Ng-Adam, qui a co-fondé le premier hackerspace chinois en 2010 à Shanghai, avec sa femme Min Lin Hsieh et David Li  XinCheJian, est même né au Canada.

Ensuite, des autochtones pur jus ont fini par grossir les rangs. Et ils prennent à leur tour l’initiative : le dernier-né, Onion Capsule hackerspace, à Hangzhou, a été lancé par quelqu’un qui n’a jamais quitté la Chine, tout comme ses membres.

Si on y vient pour le plaisir gratuit de bidouiller, cette montée en puissance est aussi favorisé par le contexte d’effervescence économique, comme l’explique Ricky Ng-Adam :

La  Chine est un endroit très propice, d’abord, parce que la technologie joue un rôle primordial au développement économique et avec beaucoup moins de controverse. Ensuite, dans un pays où le guanxi (relations interpersonnelles) jouent un rôle primordial, il est parfois difficile pour les Chinois qui sont à l’extérieur des organisations reconnues et légales, assez limitées, de créer ce genre de connexion. Un hackerspace permet aux plus jeunes de se rencontrer et de bâtir un réseau qui leur est propre à travers des projets collaboratifs plutôt que des repas bien arrosés et enfumés.
Certains participants chinois font effectivement pression pour transformer l’espace en incubateur ou espace purement commercial qui ont de la difficulté à percevoir les avantages non-monétaires de participer dans un tel espace. Souvent, la question clé de leur part concerne nos “profits”.

Et d’illustrer son propos avec son propre exemple puisqu’il démarre une entreprise avec un partenaire rencontré dans son hackerspace, un ingénieur électronique chinois. Leur idée ?
Viser les hackers avec un produit de niche, un super Arduino. De même, Eric Pan, un des organisateurs de Maker Faire Shenzen, a créé Seeed Technology, une société spécialisée dans le hardware open source, et co-fondé Chaihuo makerspace.

Satisfaire le marché intérieur

Mitch Altman, arpenteur inlassable des hackerspaces du monde entier, a pu mesurer cette effervescence lors de sa tournée des popotes. Six espaces visités, dont un à l’université de pétrochimie de Beijing. Il fait partie du programme Toyhouse, dont l’objet est d’implanter des hackerspaces dans les écoles et les universités dans toute la Chine pour favoriser l’apprentissage à travers un environnement créatif, pratique et ludique. Une initiative d’un professeur que Mitch résume ainsi :

Aider à faire évoluer la culture chinoise pour que le pays puisse connaître un futur économique.

Eric Pan et Mitch Altman à Shenzhen en avril 2012 (cc) Maltman

Mitch Altman y voit un des chemins pour faciliter une émancipation économique inéluctable. Les Chinois vont devoir innover autrement, car les équilibres économiques changent. Après avoir pendant des années conçu et fabriqué des objets destinés à être exporté dans les pays occidentaux, il va s’agir de se tourner maintenant vers leur marché intérieur en expansion, à la faveur de l’émergence d’une classe moyenne.

La Chine a une longue tradition confucianiste, où les gens ont une position et un rôle dans la société fixée à leur naissance. L’épanouissement personnel passe après. Les gens du coup sont encouragés à acquérir un statut plus élevé et à faire de l’argent, comme substitut à l’épanouissement. La possibilité d’être créatif est réduite grandement, alors que l’économie mondialisée d’aujourd’hui a besoin de gens créatifs au sens large.

Il y a un milliard de gens ici. Si un certain pourcentage explore et fait ce qu’il aime, ils trouveront des biens et des services pour la culture chinoise et monter une économie locale dont le pays a besoin. Et les hackerspaces peuvent jouer un rôle, en tant que communauté d’entraide où les gens font ce qui leur plait, que cela rapporte ou non de l’argent.

Eric Pan n’a d’ailleurs pas choisi au hasard de monter Maker Faire à Shenzen. Son but était de casser du stéréotype, expliquait-il. Si Shenzen est effectivement la ville où Foxconn, le très controversé sous-traitant d’Apple, elle n’a pas à rougir :

Shenzen est la ville la plus avancée en matière de technologie et de science en Chine, le meilleur endroit pour les start-ups. Il y a deux universités et chaque université, y compris celle de Beijing, a une antenne ici.

In fine, ce développement des hackerspaces est un vecteur de démocratisation, comme le souligne Ricky Ng-Adam :

Ils permettent de tisser des liens entre des groupes de différentes disciplines, classes sociales et âges sur une base égalitaire et axé sur la technologie. Nous pouvons servir d’inspiration pour la création d’une société ouverte et innovatrice.

Récupération gouvernementale

Facilitateur d’innovation et ferment démocratique : autant de raisons pour que le puissant État chinois suive de près le mouvement. Outre Toyhouse, la province de Shanghai a ainsi annoncé cet automne qu’elle allait soutenir un plan de développement de cent hackerspaces. Ce projet qui doit démarrer en mai prévoit de fournir le matériel aux hackerspaces remplissant certaines conditions : 100 m2 de surface et ouvert au moins deux cents jours par an.

Par définition, l’éthique hacker, où la notion de liberté et de détournement sont fondamentaux, semble difficilement compatible avec des fonds venus du gouvernement, a fortiori d’un État peu réputé pour son penchant pour les libertés fondamentales. Ricky Ng-Adam est dubitatif :

Il est intéressant de constater que la proposition originale se concentre uniquement sur les outils et l’espace physique sans considération pour la communauté – l’aspect qui devrait pourtant primer. Mais si les hackerspaces du gouvernement deviennent réalité un jour et qu’il y a effectivement clivage, il y aura probablement aussi création de règles dédiés à exclure des hackerspaces comme XinCheJian.
Comme tout les aspects de la société, nous sommes à la merci du gouvernement central qui pourra choisir soit d’appuyer à grande échelle une communauté avec un impact positif ou de l’interdire carrément s’ils le perçoivent comme un danger à leur pouvoir.

De fait, le gouvernement chinois a une attitude ambivalente envers les organismes à but non lucratif émanant de la société civile, dont il a à la fois besoin mais qui constituent un terreau contestataire. Des inquiétudes se sont élevées à propos des moyens de pression exercés par l’État pour leur nuire, en particulier financiers. Pour se prémunir, XinCheJian est enregistré comme entreprise. À moins que cette annonce grandiose ne serve surtout les poches des proches du pouvoir, dans un pays où la corruption est galopante.

Des craintes que ne partage pas (officiellement) Hao Zhang, un des organisateurs de Maker Carnival, et un des membres fondateurs Makerspace Beijing. Il est résolument optimiste :

Je ne vois pas d’inconvénient à cela. Si les universités, les entreprises et même des gens peuvent commencer un hackerspace, pourquoi pas le gouvernement ? C’est même mieux si le gouvernement soutient car cela bénéficiera à plus de gens et que le développement sera plus rapide. J’espère que tout le monde pourra faire ce qu’il veut dans le futur, sans faire de mal à d’autres.

C’est la raison principale pour laquelle que j’ai commencé le hack :

la liberté.


Illustrations par le Maker Carnival 2012 et editing par Ophelia Noor pour Owni /-) Photo d’Eric Pan et Mitch Altman via la galerie Flickr de Mitch Altman (CC-bysa)

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Le “Do it yourself” se boboïse http://owni.fr/2012/03/22/le-diy-se-boboise/ http://owni.fr/2012/03/22/le-diy-se-boboise/#comments Thu, 22 Mar 2012 14:19:49 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=102850

Le dentier à roulettes, par Jérémie Legroux ©

Mardi soir avait lieu à Paris le Carrefour des possibles Île-de-France, une initiative de la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération). Le concept : des porteurs de projet numérique innovants (bien sûr) présentent leur projet à un public susceptible de les accompagner. Cette année, le DIY (Do It Yourself, fais-le toi-même) était le fil conducteur. Très vite, l’événement m’a fait penser à une nouvelle de J. G. Ballard, le célèbre auteur de science-fiction britannique, L’Ultime cité. Le point de départ, des communautés post-industrielles, Graal d’une technologie enfin au service de l’homme :

Ces groupes de colons – médecins, chimistes, agronomes, ingénieurs -, réduits en nombre mais déterminés, étaient partis s’installer dans les zones rurales reculées, décidés à créer la première société agraire scientifiquement évoluée. En une génération, ils avaient réussi, comme d’innombrables communautés du même type établies autour des grandes cités, à construire leur paradis pastoral, mariage forcé d’Arcadie et d’une technologie perfectionnée.

Ceux qui connaissent un peu Ballard se doutent que l’écrivain n’adhère pas vraiment à cet idéal. Ces colons high tech sont décrits comme des gens profondément lisses, pour ne pas dire ennuyeux :

“Avait-il vraiment passé toute sa vie avec ces gens tranquilles, civilisés et anémiques ?” se demande le héros.

Car l’ultime cité, ce n’est pas une de ces communautés, mais une ancienne mégapole littéralement remise en service à grands coups d’engins motorisés, de consommation effréné et… de délinquance.

Quel point commun avec notre Carrefour des possibles ? Et bien un même sentiment général de personnes certes motivées par des intentions louables mais lisses et au fond élitiste (je ne m’exclus pas du lot !). Les présentations s’enchainaient, propres, drôles, faites par des (jeunes) gens bien habillés. Le Carrefour des possibles mais des possibles pour qui ? Ce cocon était à l’image du 104 qui l’accueillait, ce centre culturel cultivé artificiellement au milieu d’un quartier populaire par la volonté de la Mairie de Paris. La greffe n’a pas pris, comme on dit.

La soucoupe, par Jérémie Legroux ©

Le long de la rue d’Aubervilliers qui mène à l’établissement, il y avait des gens moins propres sur eux, moins bobos, ça sentait bon le poulet grillé et les conversations de bistro, à la faveur du printemps naissant. Je repensais à ces images de rue pendant les présentations. Qu’est-ce qu’ils en ont à faire les habitants du XIXème arrondissement du DIY, du DIWO (Do It With Others), du lien social à tout va, de pollinisation, d’écoconcept, d’up-cycling, de cuisine mobile pour la street food, d’oldies caravanes réemployées, de metadesign, de pensée hybride, d’urbanisme collaboratif, etc (tous ces termes sont strictement extraits des présentations).

La prochaine révolution ? Faites-la vous même !

La prochaine révolution ? Faites-la vous même !

Les hackers ne s'intéressent pas qu'aux logiciels, mais font aussi dans le "Do It Yourself". Et quand ils s'en prennent aux ...

En sortant, j’avais envie de faire un générateur de bullshit numérique bien-pensant. Voilà deux ans, mon collègue Jean-Marc Manach a écrit un article intitulé La prochaine révolution ? Faites-là vous-même !

Pour l’instant, cette révolution se fait dans un entre-soi. Et le temps qu’elle gagne vraiment l’ensemble des couches de la population, j’ai le sentiment qu’il faudra attendre très longtemps. Une révolution qui met des années, ce n’est plus une révolution.

Certes cette impression d’entre-soi ne doit pas faire oublier l’intérêt général des projets. Chacun plus ou moins imprégné d’une patte entrepreneuriale, design, art, bidouille pure…

Ainsi la machine du voisin est un réseau social pour mettre en relation des gens qui possèdent une machine à laver et ceux qui sont abonnés à la laverie ou à la machine de maman. Simple et futé comme tout.

Fair trade electronics est une start-up qui propose de fabriquer des composants électroniques respectueux de l’environnement, à commencer par la LED (vidéo ci-dessous). Wiitha entend “donner une nouvelle vie aux objets en passant du déchet au design” (notre fameux “upcycling). Ça peut donner des objets vraiment chouettes, comme un fauteuil club en bouchons de liège.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La Paillasse, dont nous vous avions déjà parlé, est un bio-hacklab, c’est-à-dire un lieu où tout un chacun peut manipuler le vivant. Cela permet par exemple de savoir si vos aliments contiennent des OGM. Bref un contre-pouvoir potentiel à une tripotée de lobby. On a pu aussi voir le fab lab de l’université de Cergy-Pontoise, Fac Lab, dont OWNI vous a déjà largement parlé. Ouvert au public, il offrira bientôt des cursus intégrant la fabrication numérique dans leurs programmes.

Sculpteo, entreprise pionnière de l’impression de fichiers 3D, lance une application iPad pour imprimer en céramique. C’est pro, c’est propre.

Unlimitedcity.org a développé une application qui permet à tout citoyen de proposer sa vision de l’urbanisme d’un lieu (vidéo ci-dessous). Rio de Janeiro s’est emparé du concept pour l’aider dans sa reconstruction de sa plus grande favela. Les architectes de YA + K jouent les trublions des villes à travers ce qu’on pourrait appeler de l’activisme urbain. Le collectif He He a expliqué son Metronome, un véhicule de type chariot marchant à l’énergie solaire pour les voies ferrées franciliennes abandonnées.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le projet le plus séduisant vient d’“un bidouilleur, un vrai” (sic le présentateur). Enfin, projets au pluriel. En guise de présentation, Jérémie Legroux, c’est son nom, a montré certaines de ces réalisations, un échantillon de son incroyable cabinet de curiosités qui sert entre autres pour des spectacles. Accessoiriste à l’Opéra comique, il s’est inscrit au Carrefour des possibles poussé par des amis :

Je n’y aurais pas songé autrement ! C’est vrai que je me suis senti un peu décalé, dans la mesure où je n’avais pas vraiment de projet à présenter, mon intérêt était surtout de rencontrer des gens dans le milieu des bricoleurs”geek”, et ça a été l’occasion pour moi de regarder un peu en arrière sur mon travail.

Ce que Jérémie Legroux ne sait pas, c’est qu’il est bien un bricoleur geek, un hacker au sens premier du terme : un passionné de la bidouille. Ces objets n’ont pas de prétention à être utiles. Sauf à considérer que concrétiser sa fantaisie débridée, servie par une capacité assez incroyable à hacker les rebuts d’objet, est un but fondamental, salvateur, autant que monter une start-up-numérique-qui-fait-du-lien-social.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Albin Serviant : MXP4, précurseur du social music game http://owni.fr/2011/01/13/albin-serviant-mxp4-pre-curseur-du-social-music-game/ http://owni.fr/2011/01/13/albin-serviant-mxp4-pre-curseur-du-social-music-game/#comments Thu, 13 Jan 2011 12:38:00 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=29547

Cliquer ici pour voir la vidéo.

MXP4 développe et propose des outils et applications web pour les musiciens et les labels, mettant en valeur les contenus pour un usage ludique via les réseaux sociaux.

Albin Serviant, son PDG, a accepté de répondre à nos questions et évoque avec nous son parcours, mais surtout celui d’MXP4, start-up dont il a pris la tête début 2009. Partant en 2007 de l’idée que l’expérience musicale serait interactive dans le futur, ses fondateurs (parmi lesquelles Gilles Babinet) ont participé à la réinventer par le biais d’applications musicales permettant à l’internaute de jouer avec les artistes.

Si au départ l’innovation était principalement autour d’un “format” elle est aujourd’hui principalement déployée sur Facebook, MXP4 ayant rapidement saisi les opportunités qu’offre le premier réseau social mondial, à commencer par ses plus de 500 millions d’inscrits. Avec une moyenne de 15 minutes passées à jouer avec une application il semblerait que l’idée du jeu puisse s’imposer auprès d’un large public.

En s’orientant encore plus clairement sur le créneau du jeu vidéo musical à la fin de l’été (avec le jeu “David Guetta”) la start up est passée à la vitesse supérieure en proposant une expérience plus complète et qui permet e dynamiser considérablement la relation fan/artiste en impliquant le premier de manière active.

Les innovations prévues pour les prochaines semaines devraient confirmer que MXP4 a atteint sa vitesse de croisière et va renforcer encore plus les ponts entre musique et social gaming. Une idée du futur ?

Retrouvez Albin Serviant sur Twitter : @albinserviant

Interview réalisée par Valentin Squirelo et Loïc Dumoulin-Richet

Montage : Romain Saillet

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