La Syrie à la mine de plomb

Le 6 août 2012

La Syrie et l'Iran. Deux régimes autoritaires, deux alliés. Mana Neyestani, caricaturiste iranien en exil, chronique depuis le début de la révolte syrienne la répression du régime de Bachar al-Assad. Revue de ses dessins, noirs et acerbes, commentés par l'auteur.

L’Iran et la Syrie, une longue histoire. Dernier épisode de cet épopée, 48 Iraniens ont été enlevés par l’Armée Syrienne Libre, samedi sur la route de l’aéroport de Damas. Espions envoyés par Téhéran pour les uns, simples pèlerins chiites pour les autres. Avec ses traits noirs et acerbes, le dessinateur iranien Mana Neyestani chronique le conflit syrien sur sa page Facebook ou pour le site de la radio iranienne en exil Zamaneh. Il feint de s’interroger :

Comment être sauvé par un régime lui-même en perte de vitesse ?

Jusqu’ici, Bachar al-Assad a pu compter sur le soutien de la République islamique d’Iran. Mana Neyestani sourirait presque de cette alliance de deux dictatures. Lui vit en exil à Paris, après des aventures kafkaïennes racontées dans son ouvrage Une métamorphose iranienne. “Le seul langage que maîtrisent les dictateurs est la violence” explique-t-il.

Kafka à l’iranienne

Kafka à l’iranienne

Mana Neyestani, caricaturiste iranien, est l'auteur d'Une métamorphose iranienne, à paraître le 16 février. Un ...

Un alter ego syrien, le caricaturiste Ali Ferzat, a subi la répression du régime pour l’avoir trop vertement critiqué. Il y a un an, des hommes cagoulés l’enlevaient et le rouaient de coups ; ils lui brisaient les mains. Mana Neyestani lui rend hommage dans un dessin qui souligne le pouvoir du stylo contre la matraque.

“Je me demande comment Bachar peut dormir sans penser aux meurtres qu’il commet.” Sous le regard impuissant – dans le meilleur des cas – des organisations internationales. Deux dessins sont consacrés à l’ONU, que le dessinateur iranien n’épargne pas. Sur une image représentant un prisonnier sur le point de se faire exécuter, les Nations Unies choisissent de “cacher cette histoire”.

Pour le dessinateur, “c’est tellement douloureux de voir comment les Syriens se font si sauvagement massacrés par leur dictateur alors que l’ONU ne peut (ou ne veut) pas sauver les personnes innocentes.” Avec une question en suspens :

Une dictature et un massacre peuvent-ils être considérés comme des problèmes internes ?


Illustrations de Mana Neyestani, © tous droits réservés, publiées avec l’autorisation de l’auteur. Retrouvez le travail de Mana Neyestani sur sa page Facebook.

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