OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les Unes des quotidiens disséquées http://owni.fr/2011/08/06/dissection-des-couvertures-des-quotidiens/ http://owni.fr/2011/08/06/dissection-des-couvertures-des-quotidiens/#comments Sat, 06 Aug 2011 14:56:54 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=75525 Bon alors, ils ont quoi dans les tripes les rédacteurs en chef du Monde, du Figaro ou de Libération ? Sont-ils fabriqués dans le même moule ? S’intéressent-ils tous aux mêmes sujets ? Difficile à savoir sans pratiquer d’autopsie, et étrangement, les principaux intéressés n’ont pas l’air de vouloir se laisser approcher par un bistouri. Ne pouvant donc pas pratiquer selon les méthodes pourtant éprouvées de l’ami Dexter, il n’y a qu’une solution pour répondre à la question : passer au scanner leurs choix de Une. Bref, regarder de près le fruit de leurs entrailles.

Si la méthode est moins médicale, elle est riche d’enseignements journalistiques. C’est ainsi qu’il y a quelques mois, nous avions pu déceler les symptômes de sarkozyte aigüe, à tendance immobilière et franc-maçonne, qui frappait de plein fouet les rédacteurs en chef du Nouvel Obs, de L’Express et du Point.

Alors, docteur, quels ont été les sujets les plus traités, les plus mis en valeur par les trois principaux quotidiens nationaux français ? Une fois que l’on a épluché les 384 Unes du Monde, du Figaro et de Libé entre mars et juin dernier, quel est le diagnostic ? Les analyses du labo sont formelles. On retrouve les traces récurrentes des mêmes quatre principaux sujets, qui ont représenté la bagatelle de 242 titres en Une au total : le Japon, la Libye, DSK, et Ben Laden.

À votre avis, quel sujet est le plus revenu à la Une ? À vous de voter.

L’affaire DSK ? Vous y avez pensé, avouez-le mauvaises langues ! J’en soupçonne même un ou deux d’avoir commencé à affuter les arguments pour fustiger les médias qui, décidément, ne s’intéressent qu’au superflu pendant que le monde flambe. Eh bien non ! La fièvre DSK a certes touché l’ensemble de nos rédacteurs en chef, mais sans plus. Les analyses le prouvent, avec 42 mentions à la Une en quatre mois pour les trois journaux, son “taux d’occupation de Une” est nettement au-dessus de la moyenne, mais rien de mortel là-dedans.

Bien sûr, tous les patients ne sont pas égaux devant ce genre de virus. Ainsi Le Figaro semble avoir été nettement plus touché que ses confrères en plaçant 20 fois DSK à la Une devant Libération (13 fois) et Le Monde (9 fois).

Et ce n’est pas la seule surprise lorsque l’on regarde les résultats complets de l’autopsie :

Un grand merci à Agnès Stienne qui a résumé en un graphique (à droite sur l'image) mon long billet... Comme quoi, une mise en scène efficace vaut souvent mieux que quelques milliers de signes !

Même la mort de Ben Laden n’a finalement pas beaucoup touché nos rédacteurs en chef. Alors que tout semblait réuni pour faire de cette info un véritable virus de Une pendant des semaines et des semaines, la disparition de l’homme le plus recherché de la planète n’aura finalement été qu’un “bouton” rapidement disparu, une fièvre très passagère. Le Figaro n’y aura consacré que 6 titres de Unes au total, Libération 5 (dont un numéro spécial) et Le Monde 4…

L’incroyable succession de catastrophes ayant frappé le Japon, le bilan particulièrement lourd (10 000 morts et 17 000 disparus), la psychose nucléaire, tous les ingrédients étaient réunis pour en faire LE sujet n°1 de ces quatre mois. Et le score est en effet honorable, exceptionnel même par rapport à une année “normale” : 26 titres de Unes pour Le Monde, 23 pour Le Figaro et 13 pour Libération, auxquels il faut ajouter un numéro spécial Japon de Libé et un autre du Monde.

Mais le sujet champion toutes catégories de ce début d’année, la fièvre qui a véritablement touché nos rédacteurs en chef, c’est bel et bien le conflit libyen qui semble être monté directement aux cerveaux de nos patients. Si Libération en a beaucoup parlé en Une (21 fois en quatre mois), Le Monde (44) et surtout Le Figaro en ont proposé une couverture quasi non-stop en vitrine. Pour Le Figaro, on retrouve en effet les traces de quelques 61 titres de Une consacrés à la Libye sur les 96 analysées. En mars, par exemple, à une seule exception près (le vendredi 15), Le Figaro a toujours consacré au moins l’un de ses titres de Unes à la Libye. Impressionnant !

Et la poussée de fièvre a été aussi longue qu’intense, puisqu’elle a duré pendant les quatre mois passés en revue. Au total, chez nos amis du Figaro, la Libye a été à la Une près d’un jour sur deux sur cette période !

Comment expliquer cela ? Difficile… Bien sûr, il faut prendre en compte les différences mêmes de construction de Unes des trois quotidiens. Celle du Figaro proposant nettement plus de titres chaque jour que celle de Libération ou du Monde, il n’est pas étonnant que la récurrence de certains sujets y soit plus importante.

Application de la fameuse “loi” journalistique du mort-kilomètre ?

On pourrait imaginer qu’une sorte de “répartition” naturelle se fait entre les trois titres concurrents. Lorsque Le Figaro et Libération décident de monter en Une très, très souvent le conflit libyen, le quotidien du soir joue une petite musique différente en se consacrant plus au Japon (deux fois plus que Libé par exemple). On pourrait aussi penser que la fameuse et cynique loi du mort-kilomètre, que l’on enseigne dans toutes les écoles de journalisme, est toujours valable en 2011, tout du moins dans le cerveau des rédacteurs en chef. 1 600 morts à 3 000 kilomètres intéressent plus les journalistes que 10 000 morts 10 000 kilomètres.

Sans pouvoir donner un diagnostic simple expliquant tous ces choix (on n’est pas chez le Dr House ici, l’alchimie de la construction des Unes par une équipe au fil des mois est on ne peut plus complexe), se pencher sur ces différences de choix et de hiérarchisation d’une actualité foisonnante est intéressant.

Quand Libé utilise visiblement sa Une en misant sur l’événement qui efface tout le reste de l’actualité (Ben Laden, DSK ou le Japon seuls en Une avec une photo pleine page), Le Figaro semble vouloir jouer la carte de la fidélisation en feuilletonnant un maximum. Le Monde, lui, s’installe dans la durée, dans le droit de suite en étant le seul des trois quotidien à s’intéresser aussi longuement au Japon, avec encore trois sujets en Une au mois de mai (aucun pour Libé, un seul pour Le Figaro).

Cette autopsie permet au passage de relever quelques symptômes inattendus et bénins. Ainsi, Le Monde qui semble avoir fait une poussée d’antigalonnite à la mi-mars. Jusqu’au 14 mars, à chaque fois que le quotidien du soir évoque le leader libyen en Une, il titre ” le colonel Kadhafi “. À partir du 15 mars, le grade de celui-ci disparaît systématiquement pour faire place à un simple “Kadhafi “.

Le Figaro quant à lui, est le seul des trois patients a avoir montré des signes de sinclairose légère en mettant deux fois à la Une l’épouse de DSK (24 mai et 10 juin). Allez, on referme le frigo et on garde les spécimens au frais. Quelque chose me dit qu’il sera intéressant de continuer à les disséquer dans les mois à venir. Une pandémie du virus 2012 se profile à l’horizon…


Article initialement publié sur Cross Média Consulting sous le titre : “Autopsie des rédac’s chef de Libé, Le Monde, Le Figaro

Crédits Photo FlickR CC by-nc gelle.dk

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La presse va toujours bien! http://owni.fr/2011/04/06/la-presse-va-toujours-bien/ http://owni.fr/2011/04/06/la-presse-va-toujours-bien/#comments Wed, 06 Apr 2011 06:30:42 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=55246 C’est toujours une grande tentation pour tous les malades : trafiquer le thermomètre pour (avoir l’impression de) se porter mieux. Et la presse écrite made in France n’est pas la dernière à succomber à cette tentation. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres 2010 de l’étude EPIC qui, chaque année, mesure l’audience des quotidiens de l’hexagone.

Comme tout le monde, je l’ai parcouru rapidement, mais c’est une phrase en particulier qui m’a interpellé : ” Près d’un Français sur deux lit chaque jour un quotidien. L’audience de la presse quotidienne se maintient à un haut niveau “.  C’est à n’y rien comprendre… La presse quotidienne va bien ? Un Français sur deux lit chaque jour un quotidien ? Celles et ceux qui expliquent que la presse quotidienne va mal se seraient donc gravement trompés ? Diantre, regardons cela de plus près ce fameux thermomètre.

Et attention, là, on n’est pas dans le thermomètre de grand-maman, qui se baserait seulement sur le nombre d’exemplaires vendus de chaque journaux pour en connaître la véritable diffusion. On est dans le méthodique, le pointu, puisque ce ne sont pas moins de 25 779 interviews qui ont été réalisées par téléphone  pour mesurer précisément, presque scientifiquement, l’audience des quotidiens nationaux et régionaux, des quotidiens urbains et gratuits, de la presse hebdo régionale, des quotidiens hippiques et des quotidiens du 7è jour. Le tout est ensuite compilé, exploité, pondéré pour un résultat chaque année semblable ou presque : la presse écrite se porte beaucoup mieux qu’on ne le dit. Et les résultats de l’étude 2010 ne dérogent pas à la règle, la preuve :

Capture d'écran 2011-04-05 à 08.55.46

La presse quotidienne en général va donc beaucoup mieux qu’on ne le dit ici ou là puisqu’elle affiche une santé globale très stable : -0,1% et que ses différentes famille se portent bien. Elle reste même un rendez-vous incontournable pour presque la moitié de la population puisque ” plus de 23 millions de personne, soit 46,3% des Français de 15 ans et plus lisent au moins un titre de presse quotidienne” nous explique-t-on. Les Cassandre de tout poil qui annoncent un peu partout la mort du papier, ou tout au moins sa très mauvaise santé, sont donc priés de se taire. ” Tout va très bien, madame la marquise “, aurait-on sans doute chanté en d’autres temps pour présenter cette étude…

Tout va très bien, madame la marquise, tout va très bien pour les quotidiens français

Il faut dire que pour en arriver à de tels résultats, les éditeurs et les sondeurs en charge de l’enquête ne ménagent pas leur peine. Chaque année, ce sont des dizaines de réunions, des centaines de mails qui sont échangés entre les représentants de chaque famille de presse pour négocier pied à pied la sensibilité des différents curseurs. Avec un objectif commun : présenter un bilan de santé le plus flatteur possible aux annonceurs. Car ces derniers, on le sait, n’investissent leur publicité que dans les médias qui vont bien, qui se développent, qui voient le nombre de leurs lecteurs augmenter.
Quitte pour cela, à réussir de véritables exploits en termes d’acrobaties statistiques. Car pour les non-initiés pourraient s’étonner des chiffres. Cette fameuse presse quotidienne par exemple, qui affiche une stabilité rassurante (pour les annonceurs) avec une audience qui ne recule que de 0,1% en 2010. Chiffre pour le moins étonnant lorsque l’on regarde les diffusions officielles (OJD) des mêmes journaux.

Si l’on cumule les ventes totales des quotidiens nationaux, quel résultat trouve-t-on ?

2009 2010
Aujourd’hui en France 187 786 173 576
La croix 103 738 106 151
Les Echos 127 361 120 444
Le Figaro 331 022 330 237
L’humanité 52 456 51 010
Libération 117 547 118 785
Le Monde 323 039 319 022
La Tribune 74 198 79 164
Diffusion totale 1 317 147 1 298 389

Soit 18 758 exemplaires vendus en moins en 2010 par rapport à 2009, un recul de 1,5%… C’est nettement plus que les -0,1% affichés par l’étude ça… Normal me direz-vous, vous oubliez des titres comme L’Equipe ! Oui, mais la diffusion du quotidien sportif affiche elle aussi un recul de -0,3% en 2010. Alors, quel est le vrai secret de cette bonne santé ? Les gratuits notamment, qui pour la bonne cause d’une diffusion de la famille sont intégrés dans la grande famille des quotidiens nationaux depuis 2005 : 20 Minutes, Direct Matin (édition nationale), Métro. Le Journal du Dimanche, ce quotidien qui sort une fois par semaine (oui, c’est un nouveau rythme de quotidien) fait lui aussi partie de la grande famille, option “quotidien du 7è jour”, même si lui ne paraît pas les six autres jours de la semaine.

On pourrait s’étonner de voir les éditeurs de presse payante, qui n’ont de cesse d’expliquer que sur le web l’info gratuite est un suicide, accueillir les gratuits à bras ouverts dans les études d’audiences. L’info gratuite, c’est sale uniquement quand c’est sur le web, c’est ça ?

L’info gratuite c’est l’ennemi absolu sur le web, mais on intègre les journaux gratuits dans les études d’audience sans problème…

C’est que voyez-vous, les quotidiens ne peuvent plus se montrer trop regardant sur celles et ceux qu’ils invitent à leur table. Car si la corrélation entre la diffusion payée et l’audience n’est pas automatique, la chute régulière et répétée des ventes finit malgré tout par se faire sentir dans les études. Du coup, il faut ratisser large pour faire malgré tout bonne figure et même les journaux hippiques tels que Bilto, Tiercé Magazine ou Paris Turf peuvent être de la fête ! Et il fallait bien cela pour diffuser des résultats présentables car du côté des quotidiens nationaux traditionnels, ceux-qui-paraissent-tous-les-jours-sont-généralistes-et-payants, on affiche une audience en berne de -2,7%

L’audience des journaux, c’est digne des meilleurs tours de Garcimore !

Mais il faut d’abord rappeler un distinguo important. Ici, monsieur, on ne parle pas simplement d’exemplaires vendus, on n’est pas de vulgaires boutiquiers. Non, ici, on parle d’audience, concept plus flou et qui a surtout l’avantage de laisser une marge de manœuvre beaucoup plus importante. L’audience, qu’est-ce donc ? Le nombre de personnes qui lisent chaque exemplaire vendu ? Plus seulement, soyons généreux et larges en inventant “ l’audience de moins de 8 jours ” pour les quotidiens, soit le ” Nombre de personnes en contact chaque semaine avec la marque au travers du quotidien, de son site Internet ou d’un supplément “. Prière de ne pas rire et même de savourer à sa juste valeur cette définition jésuitique au possible : “en contact avec la marque”… Avec un tel filet, ce serait un comble de ne pas pêcher un maximum de poissons en effet.

Capture d'écran 2011-04-05 à 08.55.12

Cette audience permet décidément de faire des choses fantastiques ! On se croirait presque dans un numéro du regretté Garcimore. Ainsi les quotidiens régionaux affichent-ils une santé insolente en 2010 : +0,3% Un chiffre d’autant plus méritoire que dans le même temps, le nombre d’exemplaires vendus est, lui, en recul.
En 2009, selon l’OJD, les quotidiens régionaux ont vendu chaque jour 5 221 377 exemplaires. En 2010? 5 112 247 exemplaires. Soit -2% en somme. Un résultat qui n’a rien de honteux, mais qui grâce à l’habileté scientifique de l’étude d’audience se change en +0,3% Elle n’est pas belle la vie ?

Moins de journaux vendus qu’en 2009, mais une audience en hausse… Elle est pas belle la vie avec les études d’audience ?

Capture d'écran 2011-04-05 à 08.56.13

Quant à savoir exactement comment se calcule le ration entre exemplaires vendus et audience officielle, chut, on ne demande pas ses “trucs” à un magicien. Du coup, celui qui essaye de comprendre par lui-même n’y retrouvera pas ses petits. Exemple avec les quotidiens nationaux :

2010 Lecteurs 2010 selon    étude EPIC Ratio
Aujourd’hui en France 173 576
La croix 106 151 476 000 4,4
Les Echos 120 444 609 000 5
Le Figaro 330 237 1 220 000 3,7
L’humanité 51 010 320 000 6,2
Libération 118 785 754 000 6,3
Le Monde 319 022 1 823 000 5,7
La Tribune 79 164 318 000 4

Pourquoi cette différence ? Les journaux n’ont pas le même lectorat c’est bien connu ! Rien d’étonnant à considérer que le lecteur de L’Huma est intrinsèquement plus partageur, tradition communiste oblige : plus de 6 lecteurs par journal vendu. Le lecteur du Figaro, suppôt du capitalisme libéral, est forcément pingre et individualiste. La preuve, il ne prête son exemplaire qu’à 3,7 personnes en moyenne.
Et que dire de L’Equipe qui réussit l’exploit d’avoir plus de lecteurs en 2010 (+1,6% selon l’étude) avec moins de journaux vendus (-0,3% selon l’OJD) ?

Capture d'écran 2011-04-05 à 08.02.22

Capture d'écran 2011-04-05 à 08.55.06

La conclusion ? On vous l’a déjà dit : ça va mieux que si ça allait plus mal. La presse quotidienne “ se porte comme un charme ” nous assure même  l’agence Mymédias dans sa synthèse de l’audience EPIC. Tout cela n’est finalement qu’une question de dosage, comme l’anesthésie. Quand on en injecte trop, on ne se réveille pas toujours à temps.

>> Article publié initialement sur Cross Media Consulting

>> Photo FlickR CC Attribution Hamed Saber

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http://owni.fr/2011/04/06/la-presse-va-toujours-bien/feed/ 10
[Infographie] Presse : les grosses étrennes de l’État http://owni.fr/2010/09/17/infographie-presse-les-grosses-etrennes-de-letat/ http://owni.fr/2010/09/17/infographie-presse-les-grosses-etrennes-de-letat/#comments Fri, 17 Sep 2010 16:39:19 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=28507 Télécharger le poster en Haute Définition en cliquant dessus.

Infographie en Creative Commons de Marion Boucharlat

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http://owni.fr/2010/09/17/infographie-presse-les-grosses-etrennes-de-letat/feed/ 2
Le rapport Cardoso en 5 visualisations http://owni.fr/2010/09/17/le-rapport-cardoso-en-5-visualisations/ http://owni.fr/2010/09/17/le-rapport-cardoso-en-5-visualisations/#comments Fri, 17 Sep 2010 16:00:12 +0000 Vincent Truffy http://owni.fr/?p=28470 Le consultant Aldo Cardoso a remis le 8 septembre aux ministres de la communication et du budget un rapport sur le système d’aides publiques à la presse, qu’il qualifie de «système d’assistance respiratoire permanente».

En attendant un compte rendu détaillé (le document est consultable au pied de ce billet), on peut sortir quelques images stupéfiantes de l’étude.

Les aides à la presse ont connu une augmentation significative entre 2008 et 2009, sous l’impulsion des Etats Généraux de la Presse Ecrite notamment. Le montant de ces aides s’est donc stabilisé en 2009 autour de un milliard d’euros par an.

Plus d’un milliard d’euros est consacré chaque année à l’aide de la seule presse écrite. C’est un calcul que nous avions déjà fait ici mais le rapport souligne que les aides directes représentent toujours les deux tiers de cette somme, laissant ainsi les journaux à la merci de la décision d’accorder ou non une subvention ciblée.

Prenant l’exemple de sept titres nationaux anonymisés, le rapport montre que pour certain titres, la rédaction ne représente qu’un cinquième du prix du journal, le reste provenant, pour plus de la moitié des coûts de production et de distribution.

Si ces chiffres sont restés semblables en 2010 (ce qui est probable puisque la structure des investissements n’a pas beaucoup évolué, cf. supra), son coût en termes de subventions est supérieur à son prix de vente ! Il faut également noter que les avantages fiscaux (TVA à taux “super-réduit”) ne sont pas inclus dans ce tableau.

La direction des médias a calculé ce que coûtait, en subvention, chaque exemplaire payé. Les journaux à faible diffusion (La Croix, L’Humanité) reviennent automatiquement plus cher, mais on peut noter que Libération coûte extraordinairement peu au budget public avec 8 centimes par exemplaire. A l’autre bout, France Soir coûte à l’Etat 52 centimes par numéro. Clément, on ne rappellera pas que ce journal est désormais vendu 50 centimes…

Les aides directes en sont venu, au fil du temps, à constituer une part croissante du chiffre d’affaire, en raison notamment d’aides ciblées. Le fonds d’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires est évidemment particulièrement visé par cette remarque puisqu’il peut constituer un tiers des ressources de certains quotidiens. Et l’ensemble des dispositifs a explosé à partir de 2005 pour représenter plus de 60% du chiffre d’affaire de France Soir, presque la moitié pour Playbac Presse (Le Petit Quotidien, Mon Quotidien, L’Actu…) et un tiers pour le journal d’extrême droite Présent (contre 12% du CA en moyenne).

L’excédent brut d’exploitation par exemplaire, c’est ce que rapporte un journal en publicité, vente et subvention une fois ôté les dépenses de personnel et les impôts de production. Une fois ceci posé, on constate donc que pour les sept quotidiens nationaux étudiés, et notamment pour les plus chers (c’est-à-dire ceux qui comportent un magazine de fin de semaine permettant une augmentation de prix), chaque exemplaire coûte de l’argent au lieu d’en rapporter.

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Billet initialement publié sur le blog de Vincent Truffy sur Mediapart. Illustrations de Marion Boucharlat

Nous avons réinterprété certaines données qui nous paraissaient extrêmement pertinentes, que vous pouvez retrouver dans leur intégralité dans un poster haute-définition.

>Retrouvez l’infographie (en haute définition Presse : les grosses étrennes de l’État de Marion Boucharlat

> Retrouvez l’intégralité de notre dossier du jour sur les aide à la presse .
> Consultez tous nos articles sur les subventions à la presse, notamment “Subventions à la presse : l’heure des fuites ?”.

Illustration FlickR CC : mammal

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http://owni.fr/2010/09/17/le-rapport-cardoso-en-5-visualisations/feed/ 2
Sécurité: un sondage 100% nul http://owni.fr/2010/08/15/securite-un-sondage-100-nul/ http://owni.fr/2010/08/15/securite-un-sondage-100-nul/#comments Sun, 15 Aug 2010 11:11:25 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=24831 Belle démonstration. Une semaine à peine après le discours de Grenoble, Le Figaro publie un sondage réalisé par l’IFOP, repris par l’AFP et Reuters, qui semble démontrer l’appui massif de la population aux annonces xénophobes de Sarkozy, sous le titre “Sécurité: Les Français plébiscitent les projets du gouvernement”. Selon l’UMP, «Ce sondage prouve, s’il en est encore besoin, que le Président de la République est à l’écoute des Français».

Devant ces scores soviétiques, qui paraissent a priori étranges, plusieurs organes chaussent leurs lunettes pour chercher l’erreur. Premiers à dégainer, Vincent Truffy, sur Mediapart, puis Martin Clavey, Nicolas Kayser-Bril et Martin Untersinger, sur Owni, critiquent la rédaction des questions et la méthodologie du sondage (réalisé par questionnaire auto-administré en ligne). Nombreux sont ceux qui leur emboîtent le pas.

Mal leur en prend. Mes camarades d’Owni se font immédiatement taper sur les doigts par Yves-Marie Cann, directeur d’études au département Opinions et Stratégies d’entreprise de l’Ifop, qui leur reproche de «s’en prendre au thermomètre», ou Guillaume Main, ancien salarié d’institut de sondage, qui les met dans le même sac que Bourdieu et autres contempteurs de la mesure d’opinion: de quoi je me mêle, ils n’y connaissent rien, les questions sont les questions, il n’y a pas de biais, le client est roi.

Pan sur le bec, comme on dit au Canard! Il n’aura pas fallu attendre plus d’une semaine pour qu’une nouvelle enquête, cette fois réalisée par CSA pour le compte de Marianne, donne raison à ceux qui doutaient de la crédibilité de l’approbation figaresque. Non seulement 69 % des sondés jugent “inefficace” l’action de Sarkozy sur les questions de sécurité, mais le lien entre insécurité et immigration apparaît minoritaire dans l’opinion.

La comparaison terme à terme de la question portant sur la fameuse déchéance de nationalité pour les immigrés tueurs de flics selon l’IFOP ou l’institut CSA est édifiante.

Version IFOP: «Question. Vous savez que le gouvernement a annoncé différentes mesures pour lutter contre l’insécurité. Pour chacune de ces mesures, vous me direz si vous y êtes très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé? (…) 5. Le retrait de la nationalité française pour les délinquants d’origine étrangère en cas d’atteinte à la vie d’un policier ou d’un gendarme: 70% favorables/30% opposés.»

Version CSA: «Question. A propos de la proposition de loi qui consisterait à retirer la nationalité française à une personne d’origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou toute autre personne dépositaire de l’autorité publique ou ayant commis d’autres crimes graves, de laquelle des propositions suivantes vous sentez-vous le plus proche?»

«1) Vous êtes plutôt favorable à cette proposition car l’acquisition de la nationalité doit être remise en cause en cas d’acte grave: 46%. 2) Vous êtes plutôt défavorable à cette proposition car tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine: 51% (NSP: 3%).»

46% contre 70% pour une question similaire – il y a de quoi désespérer des sondages d’opinion. Comment expliquer un tel écart? Mettons de côté les erreurs de calculette ou de pondération de l’échantillon, pour partir du principe que les sondeurs ont appliqué avec rigueur les règles élémentaires. On écartera de même les options de méthodologie. Même si le CSA a pris soin de recourir au bon vieux sondage par téléphone et de mentionner les “NSP” (ne se prononcent pas), il semble peu probable qu’une différence aussi importante puisse provenir de facteurs qui ne devraient jouer qu’à la marge.

Reste la formulation des questions. Car contrairement à ce qu’affirment benoîtement Yves-Marie Cann ou Guillaume Main, une question dans un sondage n’est pas un simple énoncé interrogatif neutre devant lequel chacun est libre de se prononcer à sa guise. Plusieurs observateurs ont fait remarquer que dans le cas de l’IFOP, «les réponses étaient dans la question», sur le modèle: «Vaut-il mieux être riche et bien portant que pauvre et malade?». Cette perception est le résultat d’un ensemble de détails que la comparaison permet d’isoler.

Première différence: l’IFOP choisit de présenter comme un “paquet” l’ensemble des propositions répressives, en les ordonnant des plus “consensuelles” («Le contrôle par bracelet électronique des délinquants multirécidivistes pendant plusieurs années après la fin de leurs peines»), pour finir par les plus problématiques («La condamnation à deux ans de prison pour les parents de mineurs délinquants en cas de non respect par ces derniers des injonctions de la justice»; la question sur la déchéance de la nationalité intervient en cinquième position). Un ordre qui a visiblement son importance, puisqu’on constate que le taux de réponses favorables diminue au fur et à mesure (89%, 80%, 80%, 79%, 70%, 67%, 55%).

A l’inverse, le sondage CSA isole la question sur la déchéance de la nationalité. Du coup, pas d’effet “paquet” qui conduit à banaliser les énoncés les plus durs et qui, commençant par les plus acceptables, pousse mécaniquement à approuver les suivants.

La présentation des annonces est très différente. Pour l’IFOP, «le gouvernement a annoncé différentes mesures pour lutter contre l’insécurité». Pas d’hésitation: ces mesures qui émanent du sommet de l’Etat seront forcément mises en place. Leur objectif n’est pas une basse manœuvre politicienne, mais la juste cause de la lutte contre l’insécurité. Cela fait deux critères qui limitent d’emblée la marge d’appréciation, avant même que la question soit posée. Côté CSA, en revanche, on évoque au conditionnel «la proposition de loi qui consisterait…». Pas de label gouvernemental pour légitimer l’annonce, et une simple “proposition”, dont le contenu lui-même est hypothétique. On sent bien qu’ici, l’avis du sondé a plus de valeur, qu’il peut peser dans la balance d’un débat qui n’est pas fermé.

Enfin, alors que l’IFOP ne présente qu’un énoncé sans alternative, à prendre ou à laisser, CSA fournit un choix de réponses commentées, qui apportent des informations précieuses sur l’évaluation de la proposition. Le second commentaire («car tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine») est évidemment une précision qui pèse d’un poids décisif dans la balance, car elle rappelle la règle constitutionnelle fondatrice du contrat républicain, à laquelle une part majeure de la population doit théoriquement être sensible. Dans ces conditions, c’est logiquement la deuxième proposition qui l’emporte.

De 70 à 46%: pour une même question, ces petites différences de formulation sont les facteurs qui conduisent “l’opinion” à prendre deux visages très différents – radicalement xénophobe dans le premier cas, éclairée par la raison dans le second. Comme l’explique Eric Fassin: «Définir les questions, ce n’est pas un simple préalable méthodologique; c’est aussi un enjeu politique. Car les problèmes ne se posent jamais tout seuls; ce sont toujours des acteurs politiques qui les posent, et qui tentent d’en imposer les termes.»

Le deuxième sondage n’est pas moins partial que le premier. Alors que l’IFOP – respectant la demande de son client – épouse sans discussion la vision gouvernementale, qu’il présente comme un choix fermé, l’institut CSA pose un ensemble de questions contextuelles qui amènent le sondé à réfléchir aux fondements de la politique sécuritaire, ce qui modifie son approche des questions. Il y a donc bien deux choix d’influence opposés dans chacune des deux enquêtes. Toute la question est de savoir laquelle est la plus représentative de l’état de l’opinion.

On ne peut répondre à cette interrogation qu’à partir des autres éléments d’information à notre disposition. La France est-elle majoritairement xénophobe et sécuritaire? Si tel était le cas, ce n’aurait pas été Jacques Chirac, mais Jean-Marie le Pen qui aurait été élu en 2002, et le débat sur l’identité nationale aurait dû nécessairement conduire l’UMP à remporter les élections régionales. L’approbation plébiscitaire du sondage du Figaro ne cadre pas avec les autres données connues, comme le caractère désormais secondaire de la question sécuritaire ou encore cet autre sondage réalisé par le CSA pour L’Humanité, qui donne 57% (au lieu de 70%) pour le retrait de la nationalité pour meurtre de policier et 62% (contre 79 %) pour le démantèlement des camps illégaux de Roms.

Des observateurs éclairés ont conclu au caractère délibérément clivant des annonces présidentielles. Selon Marion Desreumaux, de l’institut CSA, «les annonces de Nicolas Sarkozy sur les Roms, les gens du voyage et la déchéance de nationalité ont atteint leur but et marchent auprès de ceux à qui elles étaient destinées». On notera que même la formulation réflexive de Marianne n’empêche pas près de la moitié des sondés d’enfreindre l’égalité postulée par la loi républicaine. Comme l’a observé le CERD, le sentiment xénophobe progresse, attisé par les manipulations gouvernementales. Mais à la question: «Les Français d’origine étrangère sont-ils des Français à part entière?», le CSA enregistre une proportion de 75% de réponses favorables (70% à droite).

En interrogeant ses sondés comme des poissons rouges enfermés dans un bocal, l’IFOP a biaisé les résultats de sa propre enquête. A en juger par les réactions de l’institut, c’est en toute bonne foi. On en a désormais la démonstration: faute d’avoir su construire avec intelligence un appareil de questions adapté, sur un sujet délicat, il n’a pas réussi à produire une image correcte du jugement de l’opinion. Le sondage publié par le Figaro n’est donc vraisemblablement ni truqué, ni bidonné. Simplement, comme une photo ratée, il est bon à jeter.

Références (ordre chronologique)

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Billet originellement publié sur Totem, un blog de Culture Visuelle.

Illustration CC FLickR par dullhunk

[Disclaimer] Culture visuelle est un site développé par 22mars, société éditrice d’OWNI.

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http://owni.fr/2010/08/15/securite-un-sondage-100-nul/feed/ 9
Yves-Marie Cann, Ifop: “Pourquoi s’en prendre au thermomètre ?” http://owni.fr/2010/08/09/yves-marie-cann-ifop-pourquoi-sen-prendre-systematiquement-au-thermometre/ http://owni.fr/2010/08/09/yves-marie-cann-ifop-pourquoi-sen-prendre-systematiquement-au-thermometre/#comments Mon, 09 Aug 2010 10:54:08 +0000 Admin http://owni.fr/?p=24184 Étonnée par les conclusions tirées du sondage Ifop/Le Figaro au sujet des nouvelles annonces sécuritaires de Nicolas Sarkoy, la rédaction d’OWNI a publié un article s’interrogeant sur les méthodes sondagières en général et les méthodes employées par l’IFOP dans ce cas particulier. Yves-Marie Cann, Directeur d’études au Département Opinion et Stratégies d’entreprise de l’Ifop, a souhaité nous répondre.

Comment se passe le processus pour de tels sondages commandés ? Quels sont la place et le rôle du commanditaire ? Ne peut-on pas envisager qu’ils soient utilisés pour appuyer la politique ou les annonces du gouvernement ? Qui rédige les items, par exemple ? et quelle interaction y a-t-il eu ici avec Le Figaro ?

L’initiative d’un sondage peut revenir soit à l’institut soit au commanditaire de l’étude. Dans les deux cas, le questionnaire est toujours le fruit d’un échange approfondi entre les deux parties. À charge ensuite pour l’institut de mettre ceci en question puis de soumettre à son client un projet de questionnaire. Plusieurs allers-retours peuvent avoir lieu avant d’aboutir à la version finale qui sera administrée à un échantillon représentatif.

L’Ifop, comme tous ses confrères, veille en effet a ce que les libellés des questions soient les plus clairs possibles pour les personnes interrogées et ne prêtent pas à confusion. Lorsqu’une question porte sur l’actualité récente, celle-ci doit s’en tenir aux seuls faits et ne contenir aucun jugement de valeur : nous ne commentons pas la politique, ce n’est pas notre rôle. Sur ce point nous avons toujours le dernier mot et ceci peut parfois engendrer quelques tensions ! Il nous arrive d’ailleurs de refuser certaines questions, notamment lorsqu’elles auraient pour effet de susciter ou d’entretenir des attaques personnelles. Nous sommes très vigilants sur ce point.

Que pensez-vous de l’effet de l’accumulation de questions sur la sécurité sur la pertinence des réponses des sondés ? La tonalité des questions ne vous paraît-elle pas biaiser les réponses ?

La formulation d’une question et le choix des items de réponse peuvent “influer” sur les résultats obtenus. Ceci explique notamment que pour deux sondages réalisés sur un même sujet les résultats ne soient pas exactement les mêmes. D’où les écarts existant notamment entre notre enquête pour Le Figaro et celle réalisée par CSA pour L’Humanité. La première portait sur l’approbation des mesures annoncées, la seconde sur la nécessité perçue de ces mesures. Ce n’est pas tout a fait la même chose !

En revanche, ces deux enquêtes indiquent clairement que ces mesures rencontrent un écho favorable au sein d’une proportion élevée de la population.

N’y a-t-il pas une forme d’opportunisme dans un tel sondage, réalisé à chaud sur la base de déclarations d’intentions de la part du pouvoir ?

Sur l’opportunisme, je vous laisse juge : l’actualité récente ne portait-elle pas sur ce sujet ? En quoi serait-il illégitime d’interroger les Français sur les propositions présidentielles ?

Comment avez vous utilisé la méthode CAWI ? Avez vous utilisé des vidéos, documents sonores, images pour illustrer le questionnaire ? Peut-on en avoir des copies d’écrans ?

Les études par Internet suscitent d’important débats depuis quelques années, j’en suis bien conscient. Certains nous opposent d’ailleurs parfois l’argument selon lequel certains instituts n’utiliseraient pas ce mode de recueil car ils ne le jugent pas suffisamment fiable pour des études d’opinion. Qu’on m’explique alors pourquoi ce qui n’est pas suffisamment fiable pour de tels sujets l’est tous les jours pour des enquêtes marketing réalisées pour de grand groupes de l’agro-alimentaire, des cosmétiques, etc.

D’un point de vue méthodologique, les études CAWI, c’est-a-dire les sondages réalisés par Internet, sont aussi fiables que ceux réalisés en face-à-face ou par téléphone -précision devant être faite que, de notre point de vue, il n’existe pas de mode de recueil idéal-. En fait, seule la façon dont est collectée l’information diffère. Pour le reste, nous avons recours à la méthode des quotas et utilisons un logiciel professionnel dédié à ce type d’enquête. Celui-ci permet notamment de gérer automatiquement les quotas d’enquête et d’empêcher les participations multiples. Et contrairement à une rumeur avancée par certains chercheurs en science sociales, nos échantillons ne sont pas reconstitués à posteriori, ce serait pure folie !

Les questions portant sur des sujets politiques sont systématiquement posées en début de questionnaire (après les questions de quota permettant de qualifier la personne interrogée et de constituer l’échantillon, comme pour les autres modes de recueil). Pour ces questions, les interviewés ne sont exposés à aucun visuel ou vidéo.

Enfin, nos  sondages (et ceux de nos confrères) ne sont pas réalisés en plaçant des bannières ou tout autre lien URL sur un ou plusieurs sites internet. Nous avons recours à des bases qualifiées et sollicitons par courrier électronique des individus qui en sont extraits aléatoirement.

Pour plus de précisions je ne peux que vous renvoyer à mon article sur le sujet, publié il y un près d’un an par la Revue politique et parlementaire.

Le sondage a eu lieu en plein mois d’août. N’y a-t-il pas un biais par rapport à la représentativité ?

Le débat sur la période de l’enquête n’a pas grand sens. Si pendant de nombreuses années les instituts ont banni les enquêtes du 15 juillet au 15 août, c’est davantage par commodité (la gestion des vacances de leurs collaborateurs et enquêteurs face-à-face et téléphone) que pour des raisons méthodologiques. Arrêtons l’hypocrisie : la France ne s’arrête pas en été ! S’il est effectivement un peu plus difficile qu’en plein hiver d’entrer en contact avec les personnes, ce problème reste très limité.

L’Internet est un média nomade, il n’est pas nécessaire d’être à domicile pour y avoir accès. De plus, tous les Français ne partent pas en vacances en même temps. Ce problème ne se pose plus non plus pour le téléphone puisque l’Ifop inclut systématiquement une proportion significative de téléphones cellulaires dans ses échantillons. Quelqu’un oserait-il avancer l’idée que les Français ne partent pas en congés avec leur téléphone mobile ? Les critiques sur la période d’enquête révèlent avant tout une méconnaissance de notre métier. Sans doute avons-nous notre part de responsabilité et devons faire preuve de davantage de pédagogie en la matière.

Quel est le nombre de personnes qui n’a pas répondu au questionnaire ? Ne pensez-vous pas que ne pas faire figurer les “NSPP” soit dangereux en terme d’interprétation ?

En matière de “sans opinion” il existe deux écoles : certains instituts offrent cette possibilité dans leurs enquêtes auto-administrées, d’autres non. Après réflexion, lIfop a fait le choix de ne pas proposer cet item de réponse pour les questions portant sur des opinions. Il s’agit en effet d’un item dit “refuge” utilisé par les personnes ne souhaitant pas répondre à une question. S’il était proposé par Internet, cet item pourrait enregistrer des scores de 10 voire 15%. Pour une même question posée par téléphone, nous aurions 1 à 2% maximum, et 5% environ pour une enquête en face-à-face car les enquêteurs ont pour consigne d’effectuer des relances auprès des personnes cherchant à ne pas répondre.

Notre principal mode de recueil étant le téléphone (à taux de NSPP faible voir nul) et compte-tenu de la nécessité de pouvoir comparer des résultats d’enquête indépendamment du mode de recueil, nous avons fait le choix de ne pas laisser la possibilité aux personnes interrogées de ne pas répondre aux questions d’opinion. Ceci signifie aussi que si les questions avaient été posées par téléphone, nous aurions eu pratiquement les mêmes résultats car il y aurait eu très peu voir pas de NSP.

Comment définiriez-vous le pouvoir qu’ont aujourd’hui les instituts de sondage pour faire ou défaire l’opinion publique ? Ne pensez-vous pas que les sondages occupent une place trop importante dans le débat public alors qu’on en connaît les faiblesse et les carences ?

Je suis très étonné par cet éternel débat sur l’influence supposée des sondages sur l’opinion publique. Car finalement, c’est faire bien peu de cas du libre-arbitre de chacun. En quoi l’exposition aux résultats d’un sondage influerait-il sur vos opinions ?

Étrange conception de la nature humaine et plus globalement de la démocratie ! En revanche nos données peuvent effectivement être utilisées comme argument dans le jeu politique comme le sont tout autant celles d’autres acteurs. Nous parlons alors de l’interprétation qui peut être faite de nos données, notamment pas les journalistes et les politiques.

Pourquoi s’en prendre systématiquement au thermomètre ? Apporter l’information selon laquelle des mesures annoncées par le gouvernement sont approuvées par une majorité ne signifie pas que ces mesures sont nécessairement de bonnes mesures. Nous ne sommes pas ici pour porter un jugement de valeur, encore moins défendre une politique mais montrer que celle-ci peut rencontrer effectivement un écho favorable. À charge ensuite pour les opposants de défendre leurs contre-propositions, d’argumenter et de faire œuvre de pédagogie. C’est notamment le rôle des politiques et des intellectuels.

Pourquoi considérer d’emblée les résultats d’un sondage comme un horizon indépassable ? Quelle perspective pessimiste pour le débat démocratique ! Je prendrais le meilleur contre-exemple qui soit sur la nécessaire capacité de chacun à dépasser les données d’enquête : la peine de mort a été abrogée alors qu’une majorité de Français la défendait. Aujourd’hui, les enquêtes menées par l’Ifop démontrent clairement qu’une majorité de la population s’opposerait à son rétablissement. Ce retournement de tendance est à porter au crédit d’un travail de fond mené sur le sujet par les principaux acteurs publics. Nos enquêtes ne font que le mettre en lumière.

Notre travail consiste à mesurer des tendances, à identifier les contradictions et les lignes de fracture qui constituent l’opinion publique. Celle-ci est complexe par nature et impose beaucoup d’humilité dans notre travail au quotidien. Les données que nous produisons, notamment via les sondages réalisés pour la presse, n’ont pour seule vocation que d’apporter un éclairage sur un enjeu donné sans prétendre à présenter toute la vérité sur un sujet donné.

Illustrations CC FlickR par Guillaume Brialon, Stuart`Dootson

Téléchargez l’affiche de Elliot Lepers

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http://owni.fr/2010/08/09/yves-marie-cann-ifop-pourquoi-sen-prendre-systematiquement-au-thermometre/feed/ 23
Des étudiants face à la presse http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/ http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/#comments Thu, 15 Apr 2010 10:16:34 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=12379 Un sondage réalisé auprès de 150 étudiants en communication permet de se faire une idée de leurs habitudes de lecture de la presse. Et d’en tirer une analyse et des conclusions utiles pour l’avenir …

Quand la question se pose d’analyser les comportements de lecture de la presse par les étudiants, on se retrouve souvent confronté à une série de lieux communs tendant à faire penser que la presse écrite souffre chez eux d’une totale désaffection. Un questionnaire adressé à des étudiants en communication âgés de 18 à 25 ans (Paris et province) tend à remettre en cause certaines idées reçues.

La presse traditionnelle, papier, souffre à leurs yeux de faiblesses structurelles. La montée en puissance de la presse magazine porte clairement atteinte à la PQN mais surtout à la PQR. Internet et l’avènement des gratuits mettent en général le coup de grâce à ces médias « old-fashion ».

État des lieux :

Tout d’abord, il convient de remarquer que la vente par tiers ou la mise à disposition est légion dans nombre de grandes écoles. Les titres représentés sont majoritairement Le Monde, Les Echos et Le Figaro, compte non tenu d’un ou deux titres gratuits. Il est donc normal que ces trois titres soient parmi les plus lus.

Cependant, la presse régionale est majoritairement laissée de côté. Ouest France, La NR et l’ensemble des autres titres régionaux y compris Le Parisien sont en perte de lectorat et ne sont lus que par 10,4 % des sondés. Serait-elle trop vieillissante, trop peu adaptée à la cible en dépit de ses nouveaux formats, de son nouveau traitement de l’info ? En format papier, elle n’est que fort peu lue face à la presse quotidienne nationale qui l’est par 57,1 % des étudiants.

La presse magazine, parfois people, parfois professionnelle, parfois économique, se lit à proportion égale de la presse gratuite. Le traitement de l’information et la gratuité des 20 minutes, Métro, Direct Soir emporte l’adhésion de la cible parfois au faible pouvoir d’achat et voulant avoir accès à des « brèves » (pour ce qui concerne les gratuits) ; le temps de la réflexion en synthèse hebdomadaire se pose avec la presse magazine. Deux usages de lecture différents pour des appréhensions contextuelles convergentes.

Cependant, la donnée économique est contrebalancée par les magazines, plus chers certes mais plus denses en informations et au contexte de consommation très différent. Si les étudiants en communication la privilégient, c’est avant tout pour avoir accès aux news de leur secteur professionnel, ou se détendre, reconnaissent-ils, avec l’info « sans intérêt » de la presse people. La détente s’avère donc essentielle lorsque cette même cible sondée met en avant la presse féminine ou masculine en privilégiant les titres récemment apparus sur le marché (Grazia, Be, GQ) ou la presse people, s’accordant ainsi aux plus gros lectorats de la presse écrite (Public, Closer…).

Toutes les personnes sondées lisent au moins un titre par semaine. Tout n’est pas perdu ! En revanche, la fréquence de lecture pose beaucoup plus de question : 39 % des étudiants, 39 % seulement… lisent la presse tous les jours… manque de temps ? d’argent ? d’envie ? 51,9 % la lise 2 à 3 fois par semaine et 11,7 % occasionnellement. Il reste des clients à conquérir… mais peut-être faudra-t-il à la presse écrite s’adapter à ces cibles zappant d’un support à l’autre avec autant d’aisance que d’un JT à l’autre !

Dans le même ordre d’idée, le nombre de supports de presse lus varie peu : seuls 23,7 % des étudiants lisent plus de quatre journaux ou magazines quand 17,1 % n’en lisent qu’un par semaine. Ces chiffres pourraient révéler des réalités disparates : manque de diversité dans le traitement de l’actu ? manque de connaissance des positionnements sociaux ou politiques des journaux ? L’info serait-elle finalement plus consommée que lue ? La réponse tient aussi en ceci que, encore une fois, la vente par tiers dans les écoles, les universités, « orientent » les choix de titres lus. Il faut aussi envisager le fait que, pour les plus jeunes des sondés, le modèle de la presse traditionnelle reste peu valorisant, nous allons y venir.

Quels titres « papier » sont lus ?

On pourrait s’attendre à ce que seule la presse gratuite soit lue, mais la réalité est en fait tout autre. Fort heureusement pour la PQN. Les titres les plus lus (la question était ouverte pour ne pas orienter les choix) sont finalement en accord avec les tirages nationaux : Le Figaro, Le Monde pour les payants. 20 minutes et Métro pour la PG. Derrière ces « têtes de gondole » de l’information suivent Libération et Les Echos. Des titres au final assez généralistes. En revanche, la presse satirique ne semble guère trouver grâce aux yeux estudiantins : Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo sont très peu cités. Quant à Siné Hebdo, qui disparaîtra des kiosques le 28 avril prochain, nul étudiant ne le cite. Aucun titre de PQR n’apparaît dans les 10 premiers choix des sondés.

La presse magazine est essentiellement représentée par les News : L’Express arrive en tête, suivi du Point et de Capital, Stratégies ou encore L’Expansion. Les magazines mode ou people sont évidemment très largement représentés sur un cible très consommatrice de loisirs.

Info en ligne :

Les comportements des étudiants sondés face à la presse en ligne sont également révélateurs d’un confort de lecture et de l’apparition des nouveaux supports dans leur espace d’information.

Les sites les plus consultés sont identiques aux supports traditionnels : ils savent quelle info ils vont y trouver. lemonde.fr et lefigaro.fr se disputent le nombre de pages vues bien que lemonde.fr domine largement (6 fois plus de connexions sur ce site que sur lefigaro.fr). Suivent en ordre : lequipe.fr, tempsreel.nouvelobs.com, 20minutes.fr, leparisien.fr (privilégié en ligne plutôt que sur papier).

En revanche, Rue 89 se place juste après lemonde.fr et juste avant…. Google Reader et Google Actu considérés par nombre d’étudiants comme un support d’information à part entière !

De fait, il apparait que cette cible sondée d’étudiants en communication associent leur sélection de médias à une time-line considérée comme un support d’information à part entière. Le web permet de se fabriquer son propre média. Le double suivi des sites d’information et de Google donne de l’info une potentielle double lecture : l’article en développé et le mode « brève » suffisant en consultation ponctuelle. Se faire son propre média semble pour 10 % des sondés une évolution majeure dans la consultation de l’actu on-line.

Cependant, sur Facebook, ces étudiants sont très peu adeptes de groupes de « fan » des supports de presse écrite ou on-line. Seuls 7,9 % d’entre-eux appartiennent à ces groupes revendiquant un suivi de tel ou tel titre. En dehors d’Owni cité par quelques étudiants, ce sont essentiellement des titres féminins (Grazia, Be) qui sont suivis. Les sites d’info (Le Figaro, Libé) sont très peu suivis. On tend à suivre sur FB les sites spécifiquement web : Owni, donc, ou minutebuzz … entre autres.

La presse papier et leurs déclinaisons web n’ont-ils pas encore réussi à séduire les 18 / 25 ans ? Il faut dire que le print pilote encore le web ! Pour ce qui concerne les étudiants interrogés, les titres identitaires sont très lus. CB news ou Stratégies, Capital ou Management emportent en général l’adhésion. Les titres affinitaires (mode, style, design, télé, etc.) le sont au moins autant voire plus, suivant les répondant. Un quart des étudiants ayant répondu à cette étude lisent tout autant la presse identitaire que l’affinitaire. La presse magazine confirme donc son embellie, d’autant plus avec le taux de reprise en main.

Presse écrite : les constats

Depuis la fin des années 1960, les quotidiens régionaux français subissent une érosion progressive mais continue de leur lectorat. La « crise » subie par la PQR se manifeste aussi par un vieillissement et une grande difficulté de renouvellement des lecteurs. Si en 2006, 26,8% des 15-34 ans lisaient un quotidien régional, (Lecteurs numéro moyen 2006. TNS Sofres, EPIQ – Etude de la presse d’information quotidienne, Audience 2006), les chiffres semblent à la baisse sur cette catégorie d’étudiants, nous l’avons vu.

L’état de grâce de la presse régionale semble pour cette cible de jeunes lecteurs définitivement passée. Outre le fait que 20 % ne reprochent strictement rien à la presse écrite, le concert des voix concordantes se fait entendre sur nombre de points parfois curieux mais très révélateurs de ce que les chiffres précédents révélaient.

Il est reproché à la presse écrite d’être trop partiale. Le parti-pris lui est souvent opposé alors que serait préférée l’impartialité. Cependant, les titres les plus lus, Le Monde et Le Figaro sont très clairement politisés. Cela tend à montrer que les étudiants souhaitent un traitement écrit de l’info différent de l’info vue à la télé, voire un traitement complémentaire. Cette complémentarité des supports paraît de plus en plus concrète.

Les articles sont parfois trop longs, évoquent-ils aussi, ce qui est confirmé par le fait que, parmi eux, 10 % se fabriquent leur média avec Google Reader où le format « brève » leur convient et l’accès à une info multi-canal leur permet, au final, de se faire leur point de vue. Pour aller dans le même sens, les étudiants interrogés trouvent la presse écrite ennuyeuse, manquant d’interaction (logique !), et surtout… on trouve cette presse trop formatée !

Parmi les autres reproches, le coût de la presse écrite est très majoritairement évoqué. L’augmentation constante du prix du papier contribue aussi à faire perdre des lecteurs à cette presse traditionnelle au profit de la lecture de l’info sur écran. Et enfin, reproche fréquent dans l’ensemble de la population mais cette fois mis en exergue par des étudiants en communication : la presse écrite contient trop de pub !

Presse on-line : Pourquoi ?

On sait cette génération hyper-connectée, cependant, cette hyper-connexion doit être relativisée. La consommation d’info sur papier reste très usuelle pour les magazines et les gratuits et grâce aux vente par tiers.

Tout d’abord, première évidence, la presse on-line est gratuite, essentiellement, en dehors des archives, et facile d’accès notamment via les applications I-Phone, ce qui emporte largement l’adhésion auprès de la cible du sondage. Mais ce qui trouve grâce à leurs yeux tient à l’actualisation en temps réel de l’actualité et au support vidéo.

La culture de l’image ne se dénie donc pas. Elle devient un support d’information essentiel. Dans la mesure où la lecture de l’image est pertinente… La possibilité d’interagir avec les autres internautes est aussi un point majeur relevé ; l’avis citoyen doit être donné, visiblement. D’autres privilégient le fait de rester en contact constant avec l’actu en axant la consultation des flux d’infos sur leur mobile : alertes SMS, applications I-Phone ou lecture des newsletters favorisent l’accès à l’info de n’importe où. Il leur faut donc une actu réactive, actualisée et non pas simplement une info.

Une génération hyper-connectée ne se contente pas de lire le journal. Elle veut que l’actualité vive, parfois aux dépens du temps d’analyse que peut se permettre la presse écrite ou les dossiers on-line… Mais cette actualisation en temps réel de la société dans laquelle ils vivent montre un réel intérêt pour la res-publica au sens noble de la chose. La chose publique ne les désintéresse pas, bien loin s’en faut. Contrairement à ce que les idées reçues pouvaient, dans le bon (mauvais ?) sens populaire, parfois laisser entendre.

Enfin, les consciences citoyennes ne sont pas oubliées… Nombre d’étudiants reconnaissent que la dématérialisation est essentielle, tout comme l’aspect écologique de cette presse on-line. Loin d’être anecdotique, cette dominante verte semble prendre un poids de plus en plus important dans leurs choix de consommation de l’info. La période des abonnements à plusieurs titres papier semble de plus en plus révolue. La presse on-line a également ceci d’avantageux qu’elle suppose la suppression des transports, qu’elle ne soulève plus la question du traitement des déchets, qu’elle permet des économies d’eau et d’énergie, etc.

Si la consommation de presse écrite est loin d’être démentie, ces chiffres sont donc à relativiser en fonction des vente par tiers dans les écoles mettant à dispositions des étudiants des titres « chers » qui peut-être ne seraient pas consommés sans cela. De plus, il est constaté que la cible tend à se fabriquer sa propre ligne d’actualité, son propre média en zappant d’une newsletter à l’autre, d’un flux RSS à l’autre ou via Google Reader, ce qui tend à montrer, une fois encore que le modèle économique de la presse on-line n’est pas encore trouvé, que la monétisation de l’info n’est pas encore gagné si l’on veut que les plus jeunes lecteurs ne s’excluent pas de la presse.

De plus, la nature du contrat de lecture semble elle aussi évoluer. Il ne se construit plus entre le lecteur et son journal en tant que support physique. La tradition n’est plus. Le journal doit en revanche trouver les moyens de fidéliser son lecteur, tant en terme d’émission que de réception de l’info, des commentaires. Chacun des internautes doit pouvoir se projeter dans son information, celle qu’il s’est fabriquée. L’information devient communautaire puisqu’elle se consulte et se diffuse dans les réseaux via Facebook ou Twitter. L’information, la presse, se doit de devenir un mélange d’info, d’événements, d’imprévisible et de prévisible. Dans la time-line informationnelle que se fabriquent nombre d’étudiants, le choix des RSS se portent assez naturellement vers ce avec quoi ils sont en affinité. Ce qui délimite là encore le champ de consultation naturelle de l’information. Ce qui cadre aussi avec leur recherche d’objectivité « subjective ». Plus d’objectivité dans le traitement de l’info leur ouvrirait probablement davantage de titres. Le contrat de lecture tient donc en ceci qu’on se fabrique le média qui doit nous surprendre en nous confortant.

Cependant, les nouveaux médias, Owni, Rue89, entre autres, semblent toujours plus tirer leur épingle du jeu en proposant un nouveau traitement de l’info, plus en accord avec la volonté de ces cibles cherchant une info précise, ciblée, actualisée et commentée, réactive.

Enfin, ces cibles étudiantes sont à la recherche d’une info rich-média. La mise en récit d’une info qui s’oriente vers le story-telling trouve grâce à leurs yeux, tout comme la mise en récit de l’image. La narration de l’information leur convient plus que la simple factualisation ou la description explicative.

Cela implique que texte, images (illustrative ou démonstrative), vidéo et contenus sonores soient envisagés globalement. Les registres classiques image et texte n’ont plus voix au chapitre sous leur forme traditionnelle. On focalise l’attention sur un détail, sur différents niveaux de lecture(s) interagissant, on personnalise toujours plus l’information. Elle devient donc de plus en plus émotionnelle et interactive. L’empathie entre le média et le lecteur doit être visible, et l’expérience doit être durable entre le lecteur et le support lu ou consulté.

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> Article initialement publié sur Com’Des Mots

> (Sondage on-line réalisé du 19 au 30 mars 2010 sur 150 étudiants en école de communication, de 18 à 25 ans, Paris et Province.)

> Illustrations: Flickr CC : Ol.v!er [H2vPk], HapH , somebaudy& Screenshots : lemonde.fr, rue89 (12 avril 2010)

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http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/feed/ 4
Médiamétrie, les docteurs Mabuse de l’audience dans le collimateur http://owni.fr/2010/03/01/mediametrie-les-docteurs-mabuse-de-l%e2%80%99audience-dans-le-collimateur/ http://owni.fr/2010/03/01/mediametrie-les-docteurs-mabuse-de-l%e2%80%99audience-dans-le-collimateur/#comments Mon, 01 Mar 2010 15:21:24 +0000 Emmanuel Torregano (électron libre) http://owni.fr/?p=9237 arton624

La mesure de l’internet est loin encore de faire l’unanimité. Médiamétrie a durci sa méthode dernièrement. L’institut prépare aussi une révolution avec des audiences de la radio mesurées par un enregistreur automatique en 2011.

La mesure d’audience, c’est le nerf de la guerre entre les médias. Ces derniers ne sont pas tous logés à la même enseigne, loin de là. Entre la télévision, la radio, la presse ou l’internet, rien n’est égal, et les mesures sont soit précises, soit fantaisistes, voir carrément mensongères. Depuis déjà longtemps les soupçons sur la méthodologie utilisée pour mesurer les chaînes de télévisions par Médiamétrie ont disparu, et la bataille se fait principalement sur le terrain des programmes. Il n’en est pas de même pour la radio, mais surtout de l’internet. Pour le premier, les audiences sont évaluées à partir de sondages téléphoniques, alors que l’internet requiert l’utilisation de mouchards.

Les raisons qui expliquent ces différences de traitement n’ont rien à voir entre elles. D’un côté, la radio ne s’est jamais entendu pour passer au niveau supérieur : l’utilisation d’un appareil portatif qui enregistrerait l’environnement sonore. Tandis que l’internet est un média jeune, et Médiamétrie continue d’améliorer chaque mois ses méthodes en association avec Nielsen. Ne parlons même pas de la presse, dont les seuls chiffres disponibles sont déclaratifs, et malgré la certification de l’OJD, ils n’ont qu’une fonction d’affichage, mais guère plus.

Cela dit, et en attendant une mesure unifiée des médias, sur des critères comparables, les prochaines évolutions planifiées par Médiamétrie vont très certainement représenter un virage important, et permettre d’améliorer sensiblement leur fiabilité. Ainsi l’étude Nielsen NetRatings sur l’internet a subi depuis juillet des modifications drastiques. Les résultats ne se sont pas faits attendre, et dès le mois de novembre certains des sites mesurés ont montré une fâcheuse tendance baissière, signe que pour eux, l’audience était aussi largement gonflée aux stéroïdes.

Ces dégringolades sont nuisibles à plus d’un titre pour l’ensemble du marché. Les envolées de TF1.fr, LeFigaro.fr ou NRJ.fr sont toxiques. Elles mettent le doute dans l’esprit des annonceurs, et perpétuent une vision mafieuse des mesures pratiquées par Médiamétrie. Avec comme conséquence plus inquiétante encore, une baisse des revenus publicitaires sur l’ensemble du marché. Un long travail est certainement nécessaire dès à présent pour regagner la confiance. Et comme toujours, cela passera par un consensus des éditeurs de sites pour travailler dans la même direction. C’est le sens du dernier message de Médiamétrie expliquant par le détail les dernières modifications introduites à partir de novembre dernier dans la méthodologie du Nielsen NetRating.

Atypique

En voici quelques extraits :

« En avril 2009, Médiamétrie a mis au point une méthode d’exclusion de ces panélistes. Si elle a permis d’améliorer la situation, elle restait perfectible, d’autant que son efficacité s’est dégradée au fil des mois »

- comprenez que les vilaines combines mises en place pour attirer de l’internaute n’avaient pas abdiqué, et que les digues bâties par Médiamétrie pour exclure les internautes au « comportement atypique » avaient été submergées, une fois de plus.

Il s’agit essentiellement d’internautes répondant massivement aux mailing de jeux concours, et qu’il devient très aisé d’attirer sur un site, pour en augmenter artificiellement l’audience. Le lien entre l’internaute captif et la matière traitée sur le site n’a alors plus aucun rapport, si ce n’est que le passage du premier est comptabilisé par Médiamétrie. Bref, il fallait sévir, et une fois le coup de balai passé, Médiamétrie affirme qu’« ainsi, d’un mois à l’autre, on compte une base d’exclusion commune de près de 70%, contre 35% avec l’ancienne méthode ».

La différence se ressent, puisque le site du Figaro, qui pédalait très largement devant ses concurrents, maillot à pois sur les épaules, a d’un coup perdu 20% de son audience pour finir par être rattrapé par le premier peloton.

Alors où se situe la véritable audience de ces sites ? Est ce que le Monde, le Figaro réunissent véritablement entre 5 et 6 millions d’internautes par mois – le Figaro a d’ailleurs communiqué sur une audience de 6 millions en janvier ? La vérité est certainement en-dessous. Comme on l’a vu, il suffit que Médiamétrie évince les internautes « atypiques » pour que les audiences baissent instantanément dans le NetRatings suivant. Il est aussi certain que cette lutte de l’épée contre le bouclier est loin d’être terminée. Comme cela se voit dans le sport de haut niveau, les docteurs Mabuse ont toujours quelques coups de Jarnac d’avance.

On peut donc estimer que l’audience actuelle de ces sites est encore gonflée de 20 à 30%, sans trop de crainte de se tromper. Cependant, les pratiques ne sont pas les mêmes selon les sites. Et si le Figaro est un Pantani reconnu du Web, Le Monde n’a pas usé des mêmes méthodes. Alors que les audiences d’un site comme NRJ, ou celui de TF1 par exemple montrent des profils assez variables. La Une affiche pour janvier 8,679 millions de visiteurs uniques – Overblog n’étant plus compté, plus question d’annoncer 15 millions de Vu comme par le passé. Pour le coup, TF1.fr est en passe de perdre sa place dans la sacro-saint Top 30 du Nielsen NetRatings. Une descente que les services concernés expliquent par la sortie du périmètre de mesure de plusieurs sites.

La mesure d’internet est encore convalescente, mais celle de la radio est aussi un cas particulier sur lequel il n’est jamais inutile de se pencher à nouveau. Les audiences sont obtenues par Médiamétrie après moulinage des chiffres bruts découlant d’une enquête téléphonique menée sur 126 000 personnes tout au long de l’année. Ce procédé relativement efficace pour ce qui est des grosses radios, celles qui drainent le plus d’audience n’est pas très précis dans les autres cas. Notamment parce que les personnes interrogées se souvient en premier des marques fortes, comme RTL, Europe 1 ou France Inter. Il est très difficile pour une station nouvelle de se faire une place. Ce phénomène se traduit par une prime d’audience aux médias installés de longue date dans les résultats communiqués par Médiamétrie. Cette méthode possède aussi d’autres défauts importants, mais elle a un vrai gros atout : elle prouve que l’auditeur a écouté la station, qu’il en a gardé un souvenir même si parfois, il se trompe de bonne foi sur le nom.

Agenda

Or depuis près de 15 ans, Médiamétrie et les membres du collège radio s’interrogent sur l’opportunité de passer à une mesure automatique de l’audience. En 1995 une première batterie de tests avaient été menée, mais rapidement arrêtée. En fait, l’utilisation d’un petit boitier qui enregistrait tous les sons posait des problèmes, car les cobayes ne le gardaient pas tout au long de la journée sur eux. Une société suisse proposait aussi une montre avec les mêmes capacités d’enregistrement, mais tout le monde ne porte pas de montre… Bref, les expériences ont été stoppées jusqu’en 2005. Sans que les nouveaux essais n’aient démontré un mieux.

Il fallait reprendre à zéro et c’est bien ce que compte faire Médiamétrie et les acteurs de la radio en France. Une série de réunions a eu lieu depuis quelques semaines, la prochaine étant prévue pour dans une quinzaine de jours. Aucune solution n’est écartée, ni même pour Médiamétrie de concevoir de A à Z un procédé de mesure automatique du champ sonore des auditeurs témoins. Un agenda a été décidé. L’année en cours permettra de définir le cahier des charges de cette nouvelle mesure. Tandis que les premiers essais sont prévus pour 2011 en région parisienne. Ensuite, seulement les radios décideront de valider ou non la méthodologie.

Les enjeux ne sont pas minces. D’après certaines études, une mesure de ce type, adossée à un enregistrement automatique des sons, comparés ensuite à une base de données pour identifier les programmes avec précisions, entrainerait des variations de plus ou moins 20% des audiences par rapport aux sondages téléphoniques. Les éditeurs radiophoniques préfèrent bien sûr ne pas se presser trop, et envisagent aussi de tout arrêter si cela tournait trop vinaigre. Europe 1 empile les études pour connaître les implications de ces mesures automatiques ; NRJ est plutôt favorable ; RTL n’est pas contre ; Skyrock se tâte mais se rangerait plutôt dans le camp des opposés, etc. Cela dit, il faudra pour Médiamétrie dégager un consensus, car au moment de payer pour mettre sur les rails le nouveau système de mesure, c’est aux éditeurs radiophoniques de mettre l’argent sur la table. C’est la règle…

» Article initialement publié sur Électron Libre

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Le journalisme à l’épreuve du réseau http://owni.fr/2009/10/12/le-journalisme-a-l%e2%80%99epreuve-du-reseau/ http://owni.fr/2009/10/12/le-journalisme-a-l%e2%80%99epreuve-du-reseau/#comments Mon, 12 Oct 2009 16:45:48 +0000 Emmanuel Torregano (électron libre) http://owni.fr/?p=4557 La multiplication des informations achèvera l’information ! Depuis que la presse écrite investit internet, le journalisme s’apparente à un puissant mutant on line qui propulse l’information en un clic aux quatre coins du web, donnant lieu à toutes les interprétations possibles.

Aux oubliettes l’époque où le journaliste papier réalisait, armé d’un carnet d’adresses béton et en contact avec « gorge profonde », le travail de recherche et de vérification d’une information brûlante et difficile d’accès. Place désormais au web et à son optique inversée : l’information déborde, il suffit d’aller faire un tour sur la toile pour s’en rendre compte.
Le boulot du journaliste s’adapte. Il lui revient maintenant la tâche de trouver les bonnes infos, au bon moment, de les vérifier et de les trier pour les servir à ses internautes. Il y a encore quelques exceptions évidemment, mais aujourd’hui n’importe qui peut dénicher la majeure partie des informations qu’un journaliste aura utilisées pour écrire un article rien qu’en surfant avec un peu de jugeote sur le web… Des quotidiens aux hebdos en passant par les sites spécialisés en sport, économie ou sujets de société, internet est le lieu d’une récolte régulière de l’information dans l’unique but de mettre à jour des sites, rechercher les infos et de créer de nouvelles rubriques.
Autant de contraintes technologiques face à un journalisme rentabilisant le « bâtonnage » de dépêches au dépend du reportage ou l’agrégation d’informations au détriment de l’enquête, faute de temps… et bien sûr d’argent ! Ces nouvelles « rédactions online », véritables machines de guerre du réseau, répondent à des délais de production et de publication souvent plus courts impliquant un travail de vérification des sources mais aussi une écriture concise dont l’efficacité tire parti du foisonnement d’informations diffusées sur le net. Les acteurs et les enjeux s’entrechoquent et voient pointer du côté des journalistes purs et durs une petite révolution systémique mettant en question les intérêts économiques de la presse web face aux valeurs du travail de journaliste.

Déclin

Le journalisme d’investigation est moribond, son déclin s’est amorcé dans les années 9O. Ce serait un raccourci de prétendre qu’un système de livraison de l’information tel que le web en serait l’unique déclencheur. Indépendamment du canal diffuseur de l’information, le journalisme d’enquête est d’ores et déjà sur le point de quitter le champ professionnel pour se replier vers le livre, comme avec « Notre métier a mal tourné. Deux journalistes s’énervent » où Philippe Cohen (rédacteur en chef de Marianne2.fr) et Elisabeth Lévy dénoncent une enquête journalistique ayant déserté la presse française depuis longtemps et se réfugiant dans l’édition. Un monde où le lecteur lirait plus volontiers Pierre Assouline plutôt que Le Monde, Philippe Cohen plutôt que Marianne2.fr… Les journalistes qui surnageront seront appelés à devenir leur propre marque, paraît-il. Ce journalisme appelé à faire cavalier seul ressemble alors beaucoup à l’écrivain enquêteur qui construit sa propre crédibilité à l’écart des rédactions.

Course à l’audience

Alexis Delcambre, rédacteur en chef du Monde.fr, défend néanmoins la qualité des reportages d’investigation présents sur son site : «  Le lectorat sera toujours friand d’articles de fond malgré la profonde mutation que connaît actuellement le journaliste. Le web n’est qu’un outil complémentaire qui permet d’étendre sa base de données, de rechercher des témoins en s’adressant aux bloggers, par exemple…L’investigation est atemporelle et n’entre pas en concurrence avec le raccourcissement du cycle de l’info ». A base de quatre à cinq web documentaires diffusés à l’année sur le “premier site d’information en ligne“, Le Monde.fr garde un discours policé sur le raccourcissement du cycle de l’info sur la toile. Si les dépêches de l’AFP sont incontournables sur le web et « sont offertes » aux internautes via les flux RSS défilant à la minute en rafale, elles ne remplaceront jamais un reportage d’investigation sérieux qui nécessitent des semaines d’enquête pour se rendre au coeur du sujet !
Et si la déontologie du journalisme d’investigation implique une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économique où la course à l’audimat est méprisée au profit de l’intégrité, c’est loin d’être la posture adoptée aujourd’hui par la presse web. Erwan Cario, rédacteur en chef du site Ecrans de Libération.fr, n’est pas plus optimiste sur le sujet. Selon lui, l’enquête aura sa place sur le net compte tenu de la demande des lecteurs. Mais « sa survie dépendra d’un paramètre sournois auquel est astreint la presse en ligne : les audiences. » Or, l’audience d’un site d’information comme lefigaro.fr par exemple, mesurée par Médiamétrie, peut prendre en compte une foule de sites adjacents commerciaux ou du même groupe ! Une entourloupe à l’audimat qui attirait jusqu’ici les annonceurs mais qui, à terme, ne doit pas compter sur la fidélité de son lecteur. Car si un internaute passe en moyenne 20 minutes de son temps sur un grand site d’information, les annexes et autres liens font uniquement figure de « lieux de passage à l’information ».

Journalisme de liens

Face à la surabondance d’informations mises à disposition sur le web, un nouvel outil fait son apparition pour opérer le filtrage : «  le journalisme de liens ». Suivant les traces des grands sites américains, cette «  agrégation éditorialisée » fait timidement son entrée en France, récemment sur le figaro.fr. Le principe : une page dédiée à une recommandation de liens attenants aux articles traités dans le même temps. Les journalistes se mettent enfin à placer des liens externes dans leurs propres articles, vers les sites concurrents, mais aussi vers toutes les autres ressources du web, et notamment les blogs. Ils proposent aussi, depuis peu, des « revues de web » sur les pages d’accueil de leurs sites, et des pages de liens sur un thème ou sur un sujet particulier.
L’enjeu est clairement économique : transformer les sites web en points de passage, bien placés sur le circuit de l’information en ligne, augmentera leur audience ainsi que leurs revenus publicitaires. C’est un grand pas pour les sites d’informations qui espèrent briser le monopole de Digg ou Google, jusqu’alors passage obligé du web. Ce nouveau pouvoir de recommandation de liens hypertextes par les grands sites d’information enclencherait à terme le contrôle de l’information de la part de ces médias. Mais la presse internet reste encore sous le joug d’une exigence web marketing et tout en donnant libre circulation à l’information, elle reste la clé de l’audience sur internet et de sa monétisation. Une mise à disposition de l’information qui favorise le flux à son contenu mais ne concerne finalement que 20% du journalisme web selon le rédacteur en chef du Monde.fr !
L’ambition de cet hybride sera d’en assurer un tri, une sélection et une hiérarchisation pour en permettre l’accès au plus grand nombre. Pour autant il devra respecter le processus déontologique « online » de ces nouveaux médias d’ information : informer les citoyens. Et sur ce sujet, le web réserve au journalisme un avenir risqué qui annonce la mise à mort de l’éthique d’une profession devenue produit marketing au centre d’une web économie gouvernée par la communication.

> Article initialement publié sur Electronlibre.info (bienvenue à eux!)

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