TEDX : 650 personnes, 90.000 liens, un Vinvin
Samedi 30 (il y a une semaine, un an, un siècle, une éternité…), au réveil. Comme souvent, je saisis avec angoisse mon iphone pour voir si je n’ai pas, pendant la nuit, raté l’une de ses nouvelles qui nourrissent le forçat (volontaire) du realtimeweb que je suis. Et là , drame : un mail de TEDx me [...]
Samedi 30 (il y a une semaine, un an, un siècle, une éternité…), au réveil. Comme souvent, je saisis avec angoisse mon iphone pour voir si je n’ai pas, pendant la nuit, raté l’une de ses nouvelles qui nourrissent le forçat (volontaire) du realtimeweb que je suis.
Et là , drame : un mail de TEDx me rappelle à mon devoir : c’est aujourd’hui.
Tedx, c’est quoi ?
Mikiane, organisateur de l’évènement, considère que c’est “un rêve”, et confirme ainsi mes soupçons. “Événement à la croisée des disciplines et des cultures. “Marathon intellectuel et émotionnel”, TED est une véritable institution pour les “gens d’Internet” du monde entier. Parti de San Francisco, TED consiste en de mini conférences qui ont pour unique objectif d’éveiller la curiosité du plus grand nombre sur un éventail très large de sujets.
C’est d’ailleurs grâce à certaines de ces mini conférences que j’ai pris connaissance des idées qui structurent aujourd’hui mon travail quotidien : Lessig sur les creative commons, Shirky sur les médias sociaux, Pranav Mistri sur des sujets vagues, mais excitants.
L’avantage de TED est de ne pas être uniquement focalisé sur des thématiques “geeks”, et d’ouvrir un peu nos perspectives à d’autres sujets, d’autres univers.
Le pari d’importer le concept en France était risqué, mais le défi a été relevé. Une édition test avait déjà eu lieu à la Cantine, où l’ambiance bon enfant et l’investissement de chacun ont permis à l’équipe organisatrice de se constituer.
C’est donc avec joie que l’équipe d’Owni a accepté d’être partenaire média de l’évènement. Apparemment, nous n’étions pas les seuls, puisque comme l’a relevé la CBwebletter, TEDX a généré un nombre ahurissant de Twitts durant l’évènement, et que le “balcon des blogueurs” était fort garni.
Je vous livre ici une sélection des interventions déjà disponibles en ligne, ainsi que quelques observations faites sur le vif.
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Arrivé à l’espace cardin, le “balcon des blogueurs” est bien sympathique. On surplombe la salle, on est jeunes, on est beaux, et on a le droit à nos ordinateurs, contrairement au commun des mortels.
Teintures rouges à la Lynch fermées, un peu comme le WIFI, et c’est parti. Ça démarre fort, un homme à tambour soutenu par une fanfare pour l’instant invisible appelle à lui le reste de la troupe : batucadaaaaaaaa time !
Je me réveille. A côté de moi, ça se bouche les oreilles ou applaudit mollement. La salle semble dubitative mais applaudit vaillamment à la fin.
On enchaîne avec une vidéo d’introduction du patron de TED, qui me rappelle furieusement les quelques minutes de la haine dans 1984 : sauf que là , c’est de l’amour et c’est TEDX.
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Soro Solo, né en côte d’Ivoire, anime “l’Afrique enchantée” sur France Inter, une émission qu’il fait bon écouter.
Il nous raconte une histoire, j’écoute.
L’une des présentations marquantes de la journée, qui resitue l’Histoire par rapport aux histoires, et qui apporte une vision moins binaire de l’identité nationale que celle que certains aimeraient nous faire avaler.
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Intervention du biologiste autour de l’éducation. Intro dans la joie : “mon fils pose trop de questions selon l’institutrice”.
Socrate : pour passer de l’info à a connaissance, il faut des interactions: serons nous capables d’inventer la maïeutique nécessaire au passage de la société de l’information à celle de la connaissance ?
“Si votre métier ressemble aux échecs, préparez vous à changer de métier” (The Economist, après la défaite de Kasparov face à Deep Blue).
Que nous reste-t-il ?
Quelles sont les vertus humaines qu’un ordi ou robot ne serait émuler ?
Lewis Carroll dépeint Alice. Il faut courrir aussi vite que l’on peut pour rester en place, si tu veux aller ailleurs, tu dois courir au moins deux fois plus vite (La reine à Alice)
Métaphore à base d’animaux : il faut maintenir les équilibres dans les écosystèmes informationels.
Photo de jeune macaque : lavage de la pomme de terre et renouvelle l’exploit avec du riz.
Innovation qui s’est propagée sur l’ensemble de l’île : les premiers quil l’ont adopté sont les plus jeunes, les derniers les mâles dominants.
Transformer le monde en un campus global. Nous devrions nous questionner et réfléchir pour donner des moyens à l’école.
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Admirateur du monsieur depuis un moment (notamment via son engagement pour RESF et quelques uns de ses écrits), j’étais agréablement surpris de voir son nom au programme.
Son intervention s’articule autour des thématiques qui lui sont chères : la nécessité d’une transgression dans la culture occidentale, fondée sur la distinction entre légitimité et légalité.
Il attaque également l’idée de tolérance zéro, cet affreux concept, et illustre ça par une anecdote sur Kant le moraliste pourfendeur du mensonge et Benjamin Constant.
L’ancien résistant en profite pour attaquer les écueils d’une société de “transparence”, dans laquelle la communication prend énormément d’importance. Une société qui veut être légale et transparente n’accepte pas les risques, et prône le risque zéro. Or, une société sécuritaire est une société dangereuse pour ses habitants.
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La conclusion, c’est Vinvin qui s’y colle, et qui s’en sort avec brio : tout le monde repart le sourire au lèvre, avec en prime une jolie leçon et quelques interrogations sur le sens de la vie. Rien que ça :-)
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